03 juillet 2008

UN ROI SANS PUISSANCE

nature110[1]

Il dit qu’il est la vérité.
 
C’est la parole la plus humble qui soit. L’orgueil, ce serait de dire: la vérité, je l’ai. Je la détiens, je l’ai mise dans l’écrin d’une formule. La vérité n’est pas une idée mais une présence. Rien n’est présent que l’amour. La vérité, il l’est par son souffle, par sa voix, par sa manière amoureuse de contredire les lois de pesanteur, sans y prendre garde.
 
Que des millions d’hommes se soient nourris de son nom, qu’ils aient peint son visage avec de l’or, fait retentir sa parole sous des coupoles de marbre, cela ne prouve rien quant à la vérité de cet homme. On ne peut accorder crédit à sa parole en raison de la puissance historique qui en est sor­tie: sa parole n’est vraie que d’être désarmée.
 
Sa puissance à lui, c’est d’être sans puissance, nu, faible, pauvre, mis à nu par son amour, affaibli par son amour, appauvri par son amour.
 
Telle est la figure du plus grand roi d’humanité, du seul souverain qui ait jamais appelé ses sujets un à un, à voix basse de nourrice. Le monde ne pouvait pas l’entendre. Le monde n’entend que là ou il y a un peu de bruit ou de puis­sance. L’amour est un roi sans puissance, Dieu est un homme qui marche bien au-delà de la tombée du jour.
 Christian  BOBIN, écrivain.

Extrait de « l’homme qui marche », éd. Le temps qu’il fait

02 juillet 2008

la méditation...

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C’est un temps de silence,
Un temps intérieur
Habité d’une indéfinissable présence.
 
Est-ce Lui ?  Est-ce moi ?
Fruit d’un instant qui se découvre un besoin,
Au delà des « absences », il se veut naissance.
 
C’est dans le retrait
Et dans l’humilité qu’il naît.
Au plus profond de l’être, il crée ...
C’est ainsi que le temps devient présent,
Cadeau que l’on se fait.
 
Cet instant ne se prend pas
Mais simplement, se reçoit.

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01 juillet 2008

une mère

à mémère Maria ... notre "belle" maman.
jprintemps2005_oeillet_de_poete[1]

Une mère,
Ça travaille à temps plein, ça dort un œil ouvert 
C’est d’garde comme un chien 
Ça court au moindre petit bruit, ça s’lève au petit jour 
Ça fait des petites nuits. 
C’est vrai, ça crève de fatigue 
Ça danse à tout jamais une éternelle gigue 
Ça reste auprès de sa couvée 
Au prix de sa jeunesse, au prix de sa beauté. 
Une mère, 
Ça fait ce que ça peut, ça ne peut pas tout faire, 
Mais ça fait de son mieux. 
Une mère, 
Ça calme des chamailles 
Ça peigne d’autres cheveux que sa propre broussaille 
 
Une mère, 
C'est plus com' les autres filles 
Ça oublie d'être fière 
Ça vit pour sa famille 
Une mère, 
Ça se confine au bercail 
C'est pris comme un noyau 
Dans le fruit de ses entrailles 
 
Une mère, 
C’est là qu’ça nous protège 
Avec les yeux pleins d’eau, les cheveux pleins de neige 
Une mère, 
A un moment, ça s’courbe, ça grince quand ça s’penche 
Ça n’en peut plus d’être lourde 
Ça tombe, ça se brise une hanche 
Puis rapidement, ça sombre 
C’est son dernier dimanche 
Ça pleure et ça fond à vue d'oeil 
Ça atteint la maigreur des plus petits cercueils 
O bien sûr, ça veut revoir ensemble 
Toute sa progéniture entassée dans sa chambre 
Et ça fait semblant d’être encore forte 
Jusqu’à c’que son cadet ait bien r'fermé la porte 
 
Et lorsque, tout’ seule ça se retrouve 
Ça attend dignement que l'firmament s’entr’ouvre 
Et puis là, ça se donne le droit 
De fermer pour une fois les deux yeux à la fois
 
Une mère,
Ça n’devrait pas partir
Mais on n’y peut rien faire, mais on n’y peut rien dire
  

Linda Lemay - un titre de son album "Ma signature"

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30 juin 2008

UNE PRIERE DE VACANCES

ocean[1]


 Dormir les pieds dans l'herbe, le front dans les étoiles.Courir après les papillons dans la bruyère.Partir au gré du vent et au gré des voiles.Rire comme un enfant dans les bras de la terre. Ecouter le silence et le chant de la mer.Respirer le parfum des arbres et des fleurs.Rencontrer l'étranger, y découvrir un frère.Briser les lois du temps, vivre au rythme du cœur. Boire l'eau fraîche des sources et le bleu du ciel.Vouloir prendre du bon temps, goûter l'imprévu.Vouloir habiter son corps, danser au soleil.Savoir à nouveau que l'homme n'est pas l'absolu. Attendre un inconnu sur le pas de la porte.Surprendre son ombre au détour d'un sous-bois.Entendre l'écho de sa voix que le vent apporte.Réapprendre le Bonheur si proche de moi.
 

 (Michel Hubaut)

dans "Aube Nouvelle" - juin 2008

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29 juin 2008

"J'aime le repos"

repos_merite[1]


"j'aime le repos, dit dieu.
Vous vous faites mourir à travailler.
Vous faites du sur-temps pour prendre des vacances,
Vous vous agitez, vous ruinez vos santés.
Vous vous surmenez à travailler trente-cinq heures par semaine
Quand vos pères tenaient mieux le coup à soixante heures.
Vous vous dépensez tant pour un surplus d'argent et de confort.
Vous vous tuez pour des babioles.
Dites-moi donc ce qui vous prend !
Moi, j'aime le repos, dit dieu.
Je n'aime pas le paresseux.
Je le trouve simplement égoïste car il vit aux dépens des autres.
Moi, j'aime le repos
Quand il vient après un grand effort
Et une tension forte de tout l'être.
J'aime les soirs tranquilles après les journées dures.
J'aime les dimanches épanouis après les six jours fébriles.
J'aime les vacances après les saisons d'ouvrage.
J'aime la retraite quand la carrière est terminée.
J'aime le sommeil de l'enfant épuisé par ses courses folles.
J'aime le repos, dit dieu.
C'est ça qui refait les hommes.
Le travail, c'est leur devoir, leur défi.
Leur effort pour donner du pain et vaincre les obstacles.
Je bénis le travail.
Mais à vous voir si nerveux, si tendus,
Je ne comprends pas toujours
Quelle mouche vous a piqués.
Vous oubliez de rire, d'aimer, de chanter.
Vous ne vous entendez plus à force de crier.
Arrêtez donc un peu. Prenez le temps de perdre votre temps.
Prenez le temps de prier. Changer de rythme, changez de cœur.
J'aime le repos, dit dieu.
Et au seuil du bel été, je vous le dis à l'oreille
Quand vous vous détendez dans la paix du monde,
Je suis là près de vous et je me repose avec vous   
  

                                                                                                             

(andré beauchamp)

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