11 mars 2008

De l’air

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Dans le reflet blafard de la lune,
De curieux personnages de nuages
Voguent au gré du vent.
Les champs de blé ondoient
Sous ses douces caresses.
Hurlant de colère sur son passage,
L'ouragan fait de gros ravages.
                              
Le vent donne consistance
À l'air que respire tout être vivant.
Air pollué de la ville, hélas.
Air pur de la montagne, heureusement.
Chacun a besoin d'une bouffée d'oxygène.
 
L'homme de la bible qui cherchait dieu
Ne l'a pas trouvé dans l’ouragan,
Mais dans la brise légère.                          
Dieu n’est pas dans l’événement fracassant,
Mais dans la respiration silencieuse
D’une rencontre féconde.
 
Il suffit parfois d'un souffle léger
Sur la braise pour en faire jaillir une flamme.
 
Esprit de Dieu, souffle de vie,
Réveille en nos cœurs l'amour endormi.
 

Bernard Hubler

10 mars 2008

Voici la terre !

moisson[1]


Elle n'est pas toujours très fière.
Depuis la nuit des temps, sans doute,
Les hommes l’ont labourée pour semer le grain,
En faire du pain,
Et donner à manger à ceux qui ont faim.
               
Mais ils l’ont labourée aussi,
Avec les chenilles de leurs chars,
Et arrosée du sang de leurs morts.
Aujourd'hui, ils la saccagent encore
Et la polluent de toutes leurs ordures.
Pauvre terre ! Quelle misère !
                              
Mais la terre, c’est aussi le terreau
Dans lequel les plantes, les fleurs et les arbres
Plongent leurs racines et puisent la vie.
L'homme a besoin d'une terre aussi.
Et, quand il est déraciné,
Sa vie, souvent, s'étiole et se fane.       
               
Dieu a confié la terre aux hommes
Pour y semer l'amour et la vie,
Pour y faire pousser un peuple de frères.
Alors tu seras fière, ma terre !
 

Bernard HUBLER

09 mars 2008

SAUVER

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Sauver,
c'est relever celui qui est tombé, qui s'est blessé,
le hisser vers la lumière et le laver de ses souillures.
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Sauver,
c'est veiller avec soin malgré la fatigue et l'incertitude pour que la guérison arrive, c'est se tenir prêt à intervenir au moindre souffle, au plus fragile des appels, c'est arracher aux ronces qui déchirent les vêtements et le cœur.
Sauver,
c'est donner la tendresse même quand tout espoir s'en est allé
car la tendresse a le pouvoir de traverser les vallées de la crainte et de la mort et de faire se lever, maintenant, l'aurore définitive,
c'est prendre tout contre sa joue comme un enfant qui a peur.
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Sauver,
c'est accourir pour retenir celui qui s'approche avec imprudence de tous les ravins de la vie, c'est libérer celui qui s'est enchaîné dans des situations inextricables et qui s'est soumis aux pouvoirs mauvais.
Sauver,
c'est indiquer la lumière qui permet de se faufiler à travers les taillis de la vie et de monter sur la montagne où tous les visages sont transfigurés,
c'est se lier avec de douces attaches car alors on avance ensemble
et on soutient celui qui est faible, c'est offrir son appui, à jamais, à celui qui ne sait rien d'autre que s'éloigner et se perdre.
-
Sauver,
c'est tracer une croix sur le péché et dire: «Viens, je t'aime !»
Sauver,
c'est donner du pain à celui qui crie à la faim,
c'est se donner à celui qui crie à l'amour, c'est venir chaque jour et dire:
«Me voici! Que dois-je faire pour ton bonheur ?»
-
Mon Seigneur et mon Dieu qui vient sauver les habitants de la terre!
 

Charles Singer

"Terres" - Edts du Signe

05 mars 2008

Espérer !

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Quand il n'y a plus de chemin
Pour aller nulle part;
Quand le dernier bateau a quitté le rivage
Où nous accule le destin
Quand toutes nos illusions ont fait naufrage...
Alors, allumer un phare, planter un arbre
Ou construire une barque,
C'est croire que tout reste possible, c'est ESPERER.
 
Quand la joie est trop forte
En ces matins où l'infini se palpe
Dans la poussière du soleil...
Quand le bonheur semble harmonie
Avec l'essence de l'Univers;
Quand le cœur va éclater
Comme une source nouvelle...
Alors, croire que l'instant peut devenir durée,
Croire que la joie sera plénitude
Et que la vie vivra "toujours": c'est ESPERER.
 
Car l'espérance vit par-delà les élans,
Les désirs, les espoirs.
L'espérance croit en l'avenir de l'homme,
Au sens de l'histoire qui grandit au rythme de Dieu.
L'espérance :
Éternels jaillissements,
Perpétuelles naissances,
Qui font surgir le visage de Jésus ressuscité
dans l'attente des hommes.

Gaston LECLEIR

"Rythmes et spirales vers Dieu" - Edts du Moustier

04 mars 2008

Ecouter Dieu qui nous parle dans le silence

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La Bible, une fois encore, nous montre un Dieu à la recherche de l’homme, un Dieu qui appelle l’homme. C’est Lui qui a l’initiative de cette relation. Dieu ne cesse d’appeler chacun à cette vie d’alliance. Nous nous émerveillons de la présence de Dieu qui nous devance « Seigneur, tu étais là, et je ne le savais pas » (Gn 28, 16). Dieu nous attend, Il nous appelle, Il nous invite à L’écouter et à L’accueillir.
 
Sa parole nous précède. A nous de désirer l’écouter. Salomon, sages parmi les sages, demandera à Yahvé « un cœur qui écoute » (1R 3, 5-9).L’écoute, c’est la condition de tout croyant.
 
Cette écoute est un silence habité, à l’opposé du mutisme. Un état paisible, disponible à la parole de l’autre.
 
Le silence est une manière d’exprimer le vide que nous désirons voir rempli par Dieu. Creuser en nous ce vide immense que le silence exprime et qui est attente de la venue de Dieu.
Le silence, le chrétien le goûte en effet à une double profondeur. D’abord le silence nous permet de nous retrouver nous-même. « Ce silence est l’expression du besoin que l’on a de se taire, de se taire sans plus, pour retrouver le calme et la paix. Dans ce silence, l’homme se concentre sur son cœur intime. Il sera ensuite plus capable de supporter les tracas de la vie. L’homme aspire au silence, comme il aspire au repos, au sommeil » ( Revue « Christus », n°176, octobre 1997). Au-delà, le silence permet une attention très simple au mystère de Dieu.
 
Dans la foi, nous pratiquons plusieurs niveaux d’écoute. Intellectuelle d’abord, par la méditation des Ecritures. Le Maître illumine la parole reçue, nous la fait goûter intérieurement. Elle peut pénétrer notre cœur « Il donne à la parole de prendre possession de notre cœur » (Christus).
 
La parole oriente nos cœurs vers l’amour de Dieu. Elle est source d’unité retrouvée face à la multiplicité de nos désirs. « O Maître, mon désir est devant Toi » (Ps 37, 20).
 
Au niveau le plus profond de la personne, nous découvrons une parole agissante et vivante qui nous re-crée. « Nous devons apprendre à écouter avec tout notre être, à accepter de comprendre tout ce qui nous est dit, à vaincre toutes nos résistances et toutes nos peurs, à aimer tout ce qui nous est demandé. Se laisser porter par l’amour de Dieu et l’abandon à sa volonté, et permettre ainsi à l’œuvre de Dieu de se faire [en nous, par nous]. Là où nos propres forces ne suffisent pas. Accueillir la parole telle qu’elle est et la laisser agir sans lui opposer de résistance » ( Christus)
 
Nous entrons dans la prière de Jésus « Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Abandon de notre vouloir pour accueillir le dessein bienveillant de Dieu qui désire notre salut et le bonheur de tous.
 
Faire silence, se rendre disponible à la parole, suppose un apprentissage. La communication entre deux personnes demande du temps. Comme Samuel, le croyant prête l’oreille, attentif aux motions intérieures, aux aspirations profondes qui l’animent. Dieu nous parle ainsi par la médiation de notre humanité.
 
Pour appréhender ce qui se joue, un travail de discernement est nécessaire : de ce qui monte de notre cœur et de notre esprit, pouvoir repérer les élans qui viennent de Dieu.
Notre conscience individuelle a ses limites et nos motions profondes demandent à être « vérifiées » par l’Eglise. L’accompagnement spirituel est une balise essentielle pour suivre le Christ. C’est son maître Elie qui comprend « que Yahvé … appelait l’enfant Samuel » et lui indique le chemin de sa rencontre personnelle avec Dieu.
 
L’écoute de la présence et de la voix de Dieu dans notre quotidien nous conduit à choisir notre vie avec Lui, à discerner la route qu’Il nous montre.