26 mars 2008

« Je suis la Voie, la Vérité et la Vie »

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l'ÉgliseItinéraire spirituel vers Dieu, VII, 1-2,4,6 (trad. Orval)


 2006-10-22-10-00-08-pelerins-sur-le-Chemin[1]
 
       Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion,    admiration, exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Pâque avec lui, c'est-à-dire qu'il se met en route pour traverser la Mer Rouge grâce au bâton de la croix (cf Ex 14,16). Quittant l'Égypte, il entre au désert pour y goûter la « manne cachée » (Ap 2,17) et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant -- dans la mesure où ses progrès le permettent -- ce qui a été dit sur la croix au   larron compagnon du Christ : « Aujourd'hui tu seras avec moi au paradis » (Lc 23,43)...
 
      En cette traversée, si l'on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que « personne ne connaît sauf celui qui le reçoit » (Ap 2,17)… Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture

25 mars 2008

Pâques : Le chant du silence

rosee[1]

 
La pierre qui fermait le tombeau
A été enlevée; plus rien n'obscurcira notre foi.
 
Le tombeau est vide;
Une absence pour dire une infinie présence,
Le Seigneur est ressuscité.
 
Le Christ a souffert
Pour habiter nos souffrances.
 
Il est mort
Pour nous accompagner
Jusque dans nos tombeaux
Et nous en libérer.
 
Il est ressuscité
Pour que sèchent nos larmes;
Pour que le poids de nos croix de deuil,
De souffrance, de péché,
Soit allégé;
Pour que s'ouvrent
Les portes de l'Espérance.
 
Les bouleversants alléluia
Nous conduisent aux franges de l'indicible,
Là où toute forme d'écriture
Le cède à jamais à la musique silencieuse.
 
Un texte de  Marie-Hélène Renaut

24 mars 2008

des chemins d'espérance

CM4-croix-cret-midi[1]

 


Le Christ ressuscité montre des chemins d'espérance,
Pour que nous y avancions ensemble
Vers un monde plus juste et plus solidaire,
Où l'égoïsme aveugle de quelques-uns
Ne l'emporte pas sur le cri de douleur d'un grand nombre,
Réduisant des populations entières
À des conditions de misère avilissante.
 
Que le message de vie, dont l'ange
Près de la pierre roulée du sépulcre se fait l'écho,
L'emporte sur la dureté des cœurs,
Conduise au dépassement des barrières injustifiées
Et favorise une rencontre féconde
Entre les peuples et entre les cultures.
 
Que l'image de l'homme nouveau,
Qui resplendit sur le visage du Christ,
Pousse tous les hommes à reconnaître
La valeur intangible de la vie humaine;
Qu'elle suscite des réponses appropriées
À l'exigence toujours plus profonde
De justice et de chances égales
Dans les différents domaines de la vie sociale;
Qu'elle engage les individus et les États
Au plein respect des droits essentiels et authentiques,
Fondés sur la nature même de l'être humain.
 

Jean-Paul II

23 mars 2008

SE LEVER AVEC LUI

resurrection640[1]
 


Il faut se lever avec Lui, c'est le troisième jour,
et rouler de côté les lourdes pierres qui empêchent la vie de hisser ses voûtes vers le ciel:
l'abandon des affamés, la mise à l'écart de ceux qui ne servent plus à rien,
la misère acceptée comme conséquence obligée des pays riches,
l'indifférence et le soleil noir de la solitude.
 
Il faut se lever avec Lui, c'est le troisième jour,
détacher la vie du repli sur soi
car elle n'a de sens que dans le dépassement extrême de l'amour
et ne se bâtit que dans l'offrande absolue de soi,
arracher la vie aux maladies qui lézardent les murs
qu'on appelle haine, intolérance, fanatisme
ou quel que soit le nom du péché,
soulager le poids insupportable des croix
si largement distribuées qui maintiennent la vie à terre.
 
Il faut se lever avec Lui, c'est le troisième jour
et se mettre à l'Évangile pour construire la vie
de toutes les manières et sous toutes les formes.
Alors le jour viendra où le bois de toutes les croix
et les pierres roulées de tous les tombeaux
seront assemblés pour construire la demeure de vie pour l'éternité.
 
Il faut se lever:
avec Lui commence le travail de Résurrection.
 

Charles Singer "Terres" - Edts du Signe

21 mars 2008

Rejoindre Jésus sur son chemin de croix

oeuvre7[1]
 

 
La souffrance est un des plus grands mystères auquel notre vie d'homme est confronté. Elle est la pierre d'achoppement qui nous fait tomber sur notre chemin de foi et parfois même, elle détourne les hommes à tel point qu'ils renoncent à croire en un Dieu qui semble rester sourd au malheur de ses créatures.
 
En cette semaine sainte, nous nous remémorons le chemin  de croix de Jésus. Je vois alors mon Dieu, au visage si proche et si profondément humain. Mon Dieu soumis à l'insoutenable torture de la croix, à la solitude de l'abandon, à l'humiliation de la dérision, frappé, dénudé, rejeté, martyrisé, jugé à tort, repoussé par tout un peuple qu'il a tant aimé et surtout trahi par ses plus proches amis. Ceux des beaux jours au bord du lac, des jours de succès fou, lorsqu'il fallait éloigner la foule, des jours glorieux sur la montagne de la transfiguration, des heures d'angoisse dans le jardin des oliviers. Ceux avec qui il avait partagé son dernier repas et qu'il avait servis comme l'esclave en leur lavant les pieds …
 
Où sont-ils à l'heure du jugement ? Cachés dans la foule, apeurés et silencieux ! Aucune voix ne s'est élevé pour clamer : "Arrêtez ! Celui-là est innocent, nous en sommes témoins !
 
Mais si mon Dieu n'avait pas traversé ce chemin de croix  ? S'il ne s'était abaissé jusqu'à toucher le plus profond moment de désespoir d'un être humain ? Alors, peut-être pourrions-nous penser : " notre Dieu ne sait pas, il ne connaît pas notre souffrance, il ne peut nous comprendre ni entendre nos cris !
Mais voilà, il est passé par là, il a traversé tout çà !
 
Je regarde mon Dieu si petit, si grand sur son chemin de croix et je le sens alors si proche de mon chemin ! Nul homme souffrant ne peut se sentir loin du "Fils de l'Homme" accablé par le poids de ce bois. Il est bien lourd ce bois, même trop lourd, car Jésus tombe trois fois et il faudra réquisitionner Simon de Cyrène sur le chemin pour l'aider à porter le bois sur lequel on le clouera.
-
C'est vrai que ce n'est pas facile d'avancer sur un chemin de souffrance, tout à fait normal que notre humanité tombe, épuisée sous l'intensité de la douleur …mais comme Jésus se relève pour continuer jusqu'au bout, nous aussi, nous pouvons nous relever et avancer. Il est rare que nous ne trouvions personne : un voisin, une infirmière, un ami, un membre de notre famille … qui ne nous aide à porter notre croix !
 
Jésus savait que son chemin se terminait au Golgotha, qu'il aboutirait au point culminant de la souffrance. Pourtant, pas à pas, humble et vacillant, peinant, pleurant, tombant, il est allé jusqu'au bout de ce chemin-là !
 
Ce Dieu si humble, si profondément humain, si admirablement résolu à marcher sur son chemin de douleur comme il a marché sur les chemins de la vie … comment ne pas se sentir proche de lui ?
 
Aucun homme souffrant ne peut se sentir loin de ce Dieu-là ! Et si on prend la peine de regarder son visage souillé par le sang de ses blessures et la marque des crachats, … aucun visage défiguré par la souffrance ne nous deviendra impossible à regarder.
 
Souvent, les crucifix qui ornent nos églises et nos maisons sont esthétiquement très beaux. La souffrance de Jésus semble presque virtuelle, aceptisée. Je ne veux pas tomber dans le travers du film de Neil Gibson dont on parle tant pour le moment. Mais je me souviens d'un vendredi saint, il y a 5 ans, alors que ma jeune sœur venait de mourir après quatre mois de  ce qu'on appelle pudiquement " une mauvaise maladie". Son chemin de croix me hantait, mille questions bouleversaient mon esprit et le doute empoisonnait mon cœur.
 
J'étais à Taizé et on avait posé la grande croix sur le sol pour que chacun puisse y déposer la tête. C'est alors, que posant mon front sur ce bois, j'ai vu pour la première fois, mon Dieu fait homme, si proche de moi, de ma sœur, de tous les souffrants.
 
Je n'oublierai jamais cette émotion qui a lavé mon cœur jusqu'à ce que la joie de Pâques puisse y trouver une place.
 
Ce fut alors le moment de la résurrection. Mon chemin de douleur est devenu chemin de vie. C'est avec Jésus, par lui, que j'ai pu vivre ce passage.
 
Je dis merci à mon Dieu de s'être fait tellement proche dans son humanité, d'être devenu pour nous "le Fils de l'Homme" afin que tout homme puisse se reconnaître en lui et marcher résolument sur ses chemins de joie ou de souffrance … C'est lui qui nous fait passer vers la vraie vie !
 
Alléluia, il est ressuscité
oui, il est vraiment ressuscité
   et nous ressusciterons avec lui !
                               Alléluia !
Adela