04 avril 2008

Pourrais-tu ?

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Pourrais-tu t'arrêter soudain,
cueilli par un morceau de paysage
ou par l'expression d'un visage ?
Pourrais-tu laisser le temps couler,
se perdre sous ton regard ?
Et pourrais-tu contempler longtemps,
assez longtemps pour apaiser
les frondeurs de ton être ?
Accepterais-tu de demeurer
les mains vides, encore et encore,
le coeur ouvert ?
Garderais-tu ton sourire d'enfant
si le brouillard ou le froid, ou la tempête,
un jour t'envahissaient ?
 
Chanterais-tu sur la route
une parole, ou un mot,
toujours sans te lasser?
 
Oserais-tu enfin donner, donner sans mesure,
sûr de ne jamais atteindre le fond de ta coupe ?
 
Alors...
que ta patience enfante
la Paix
et que ta paix fleurisse
en Joie...

Isabelle de Menten  

03 avril 2008

ETRE TEMOINS DE LA LIBERTE DU CHRIST

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La résurrection de Jésus n'est pas un prodige évident.
 
Si elle l'était, où serait la liberté de la foi ?
 
Pourrions-nous croire encore en l'humilité d'un Dieu qui   contraindrait notre raison ? Ou faudrait-il déclarer incultes, ignorants ou de mauvaise foi, ceux qui prétendent échapper à cette contrainte ?
 
Au vrai, l'Évangile post pascal ne nous propose que des signes modestes qui sollicitent la foi. Nul n'a vu Jésus sortir du tombeau. Il ne s'est pas montré ressuscitant. Il apprend simplement aux siens à le reconnaître ressuscité.
 
On est ici à l'extrême opposé des mythologies. Rien qui évoque l'idée d'un dieu mort qui prend sa revanche éblouissant par une victoire éclatante ceux qui l'ont fait périr. Si, au mépris des textes, nous glissons vers une représentation de ce type, nous faisons Dieu à notre image transposant en lui notre agressivité et notre rêve malsain d'une histoire dont à l'aide de merveilles supraterrestres il serait possible de s'évader.
 
Jésus ressuscité confie aux apôtres la mission d'être les témoins de sa liberté. Il a vécu en homme libre. C'est parce qu'il est demeuré libre qu'il est mort. Ressuscité, il devient clair aux yeux de la foi que la liberté même de Dieu était la source de sa liberté d'homme, et qu'il n'a jamais opposé le moindre obstacle à son jaillissement dans le tréfonds de son être. Aucun risque qu'il veuille capter la nôtre, après être allé jusqu'au bout de l'amour pour la sauver ! Il ne change donc pas notre vie dans son multiforme conditionnement, car une liberté créée ne peut être créatrice de soi qu'en traversant des chemins de nuit de déterminisme et de violence. Mais il promet l'Esprit et le donne, pour que  l'Énergie d'amour qui le fit libre nous fasse libre à sa ressemblance, et qu'ainsi nous soyons ses frères en liberté.
 
Jésus ressuscité n'exhibe pas l'incandescence de sa Gloire.
 
Comment le pourrait-il si le point le plus incandescent de l'Incandescence divine est la puissance de l'amour qui, loin de s'exhiber, s'efface ? Lorsque, radicalement transformés, nous   serons nous-mêmes au cœur du Feu, l'identité enfin comprise de l'humilité et de la fulguration splendide sera notre joie adorante.
 
Ce n'est pas possible dans l'ici-bas. C'est pourquoi Jésus apparaît aux siens selon les lois de la condition humaine, dans la réalité d'une Gloire dont l'essentiel a pour eux forme d'ombre.
 
François Varillon sj

"L'humilité de Dieu", Le Centurion, Paris, 1994, p. 157-159.

31 mars 2008

l'aventure intérieure ...

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C’est dans une communion personnelle avec le Dieu vivant que nous puisons les forces pour lutter avec un coeur réconcilié.

Sans une vie intérieure, nous ne pourrions aller jusqu’au bout de nos
résolutions.  En Dieu nous trouvons la joie, l’espérance d’une plénitude de vie.  Cet échange avec Dieu se réalise pour nous dans la prière : par son Esprit Saint, Dieu vient habiter en nous.
 
Le feu de la réconciliation, nous ne pouvons le contenir.  Il éclaire un chemin qui nous conduit à être artisans de paix au près et au loin. Si nous comprenons ce que Dieu réalise pour nous, nos relations mutuelles en seront transformées. Nous serons capables d’une communion authentique avec les autres, d’un échange de vie dans lequel nous donnons et recevons.
 
L’Evangile nous invite à faire le premier pas vers l’autre sans être assuré à l’avance d’une réciprocité. Dans certaines situations, en particulier lors de ruptures affectives, la réconciliation peut sembler inatteignable. Sachons alors que le désir de réconciliation en est déjà le commencement.
 
Le Christ prend sur lui ce qui paraît sans issue, et nous pouvons lui confier ce qui demande une guérison.  La réconciliation peut transformer en profondeur nos sociétés.  L’Esprit du Christ Ressuscité renouvelle la face de la terre. 
 
Laissons-nous entraîner par cette dynamique de la résurrection !  Ne soyons pas découragés par la complexité des problèmes.  N’oublions pas que nous pouvons commencer avec peu. 
 
Dans les situations de conflits, saurons-nous écouter l’autre ?  Tant de séparations en seraient moins douloureuses.  Efforçons-nous de nous mettre à la place de l’autre.
 
Saurons-nous veiller à une répartition plus équitable des biens ?  Osons réviser notre style de vie en vue d’une plus grande simplicité, une solidarité avec les démunis et une attention  accrue pour la Création.
 
Serons-nous proches de ceux qui sont plus pauvres que nous ?  En partageant avec eux, un échange de vie se réalise : ils nous entraînent à une générosité qui nous sort de nous-mêmes. Plus encore, par
leur manque, ils nous aident à accepter notre propre vulnérabilité. Par un tel engagement, nous contribuerons au respect de la dignité de chaque être humain.
 
Irons-nous jusqu’au pardon ?  Y a-t-il un autre moyen pour interrompre la chaîne qui fait perdurer les humiliations ?  Il ne s’agit pas d’oublier un passé douloureux, ni d’être aveugle face aux situations actuelles d’injustices.  Mais l’Evangile nous appelle à dépasser la mémoire des blessures par le pardon, et même à aller au-delà de notre attente d’un geste d’amour.
 
Là, nous trouverons la liberté des enfants de Dieu.
 -

Frère Aloïs, de Taïzé.


(une méditation proposée par Yolande Gisèle OSSAVOU - Gabon)

30 mars 2008

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous »

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la CharitéNo Greater Joy (Il n'y a pas de plus grand amour, Lattès, 1997, p. 44) 


 
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« Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Co 9,7). Le meilleur moyen de  manifester notre gratitude à l'égard de Dieu, ainsi qu'aux autres, est de tout accepter avec joie. Un cœur joyeux s'accorde naturellement avec un cœur embrasé par l'amour. Les pauvres se sentaient attirés par Jésus parce qu'il était habité par quelque chose de plus grand que lui ; il rayonnait de cette force dans ses yeux, ses mains, dans tout son corps. Tout son être manifestait le don qu'il faisait de lui-même à Dieu et aux hommes.
 
 
Que rien ne puisse nous faire du souci au point de nous remplir de tristesse et de découragement et de nous laisser enlever la joie de la résurrection. La joie n'est pas une simple question de tempérament lorsqu'il s'agit de servir Dieu et les âmes ; elle est toujours à accueillir. Et c'est là une raison de plus pour tâcher de l'acquérir et la faire    grandir dans nos cœurs. Même si nous avons peu à donner, il nous restera néanmoins la joie qui jaillit d'un cœur amoureux de Dieu.
 
 
Partout dans le monde les gens sont affamés et assoiffés de l'amour de Dieu. Nous répondons à ce manque lorsque nous semons la joie. Elle est aussi l'un des meilleurs remparts contre la tentation. Jésus ne peut prendre pleine possession d'une âme que si elle s'abandonne à lui joyeusement.

28 mars 2008

« En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire »

Saint Silouane (1866-1938), moine orthodoxe(Sophrony, Starets Silouane, p. 445) 
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Les apôtres virent le Seigneur dans sa gloire lorsqu'il fut transfiguré sur le Mont Thabor ; mais, plus tard, à l'heure de sa passion, avec crainte ils  prirent la fuite. Telle est la fragilité de l'homme. En vérité, nous sommes bien de cette terre ; même plus : de cette terre pécheresse. C'est pourquoi le  Seigneur a dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Et il en est ainsi.
 
      Quand la grâce est en nous, nous sommes vraiment humbles ; alors  notre intelligence est plus vive, et nous sommes obéissants, doux, agréables à Dieu et aux hommes. Mais quand nous perdons la grâce, nous nous    desséchons comme un sarment retranché de la vigne. Si quelqu'un n'aime pas son frère pour lequel le Seigneur est mort au milieu de grandes       souffrances, c'est qu'il s'est retranché de la Vigne. Mais celui qui lutte avec le péché sera porté par le Seigneur, comme le cep porte le sarment..