10 novembre 2010

Prier

Par le Cardinal Lustiger    

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Il faut prier chaque jour. Je dis bien : chaque jour. Vous me demandez pourquoi chaque jour ? Parce que c'est ainsi que l'homme est fait. Nous sommes des êtres pétris du sol de notre terre.

Nous sommes solidaires de cette terre et des êtres vivants qui nous entourent. Il y a des jours et des nuits, des soirs et des matins, comme le dit le premier chapitre de la Genèse.

Notre vie se déroule dans le temps. Notre liberté est la liberté d'un être de chair et de sang qui doit vivre dès à présent dans l'éternité de Dieu, mais au jour le jour.

Quand on veut ainsi remettre à Dieu sa vie, il faut la lui remettre chaque jour. Vous connaissez bien la demande du Notre Père : "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour." Quelles qu'en soient la traduction et l'interprétation, elle porte sur "l'aujourd'hui".

Prendre sa vie pour l'offrir à Dieu, c'est accepter chacun des jours comme un don que Dieu fait et le lui rendre, dans une prière d'action de grâce, de bénédiction, de demande, de supplication.

Prier dans le secret. Je dirai plus : prier au moins matin et soir.

Je vais m'endormir et me livrer à la nuit. Par l'abandon au sommeil, je me dispose au repos dont mon corps, mon esprit, mon psychisme ont besoin, le repos qui va refaire mes forces.

L'Église met sur nos lèvres la prière du Christ qui, sur la croix, avant de mourir, prononce (Lc 23, 46) cette phrase du psaume 30, 6 : "Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit." Nous sommes donc associés à l'abandon du Christ entre les mains de son Père, non seulement à l'heure de notre mort, mais chaque soir, dans cette remise de nous-mêmes à la souveraine liberté de Dieu.

Ainsi, l'endormissement devient un acte de confiance en la bonté de Dieu ; il nous dénoue des tensions de la journée, des duretés de la vie. Prier le soir, c'est s'endormir avec le Christ ; c'est, avec le Christ, s'abandonner entre les mains de Dieu.

La prière du matin. Quand je me réveille, au lieu de sortir péniblement du sommeil en secouant ma fatigue comme une bête et en me dépêchant pour ne pas être en retard, avant les premières occupations, prendre un moment, si court soit-il, pour magnifier le jour qui vient, ce réveil qui m'est donné comme un événement de la création et du monde et de notre vie, comme un instant où je peux à neuf recevoir l'existence jaillissant gratuitement de la main de Dieu, comme une résurrection, un surgissement avec le Christ.

Chaque jour de notre vie est un événement ! Un événement qu'il faut prendre comme un cadeau que Dieu nous fait, comme un espace où nous sera donnée la liberté de l'aimer et d'aimer nos frères ; de l'adorer et de faire connaître sa splendeur aux hommes créés à sa ressemblance et à l'image de son Fils bien-aimé ; de vivre et d'accomplir notre tâche d'homme et de femme, la mission que Dieu nous confie, lui qui nous fait exister et qui nous donne la vie. Chaque jour doit être reçu comme le présent qui nous est fait en cet instant par Dieu, notre Créateur et Père.

Chrétiens, par la grâce qui nous est donnée, nous pouvons de tout le jour - et non seulement "sept fois par jour" - faire la matière d'une offrande et d'une louange adressées à Dieu notre Père.

08 novembre 2010

SOLIDARITE

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La solidarité consiste à partager, sans restriction, aucune la condition de ceux qui appellent au secours, qu'on veut rejoindre et soutenir.

Quand la solidarité va  jusqu'au bout, elle aboutit au partage intégral de la condition car c'est le seul moyen de sauver de l'intérieur ceux qu'on aime.

Afin d'être solidaire avec les hommes, Dieu prend le chemin de tout être humain: il naît d'une femme et il est mis dans les langes!

Dans cet enfant, dans ce Jésus à peine né de sa Mère Marie, dans ce bébé, dans ce Christ dérisoire en son impuissance, on contemple la solidarité accomplie de Dieu avec l'humanité.

Dans ce petit humain sur la paille, Dieu se lie à tout ce qui fait la condition humaine: l'amour, la fragilité, la mort, la grandeur, la souffrance, le don, le désir éperdu de beauté.

C'est fait pour l'éternité: Dieu est lié à l'humanité!  À tout moment, en tout endroit, en tout événement de la vie humaine, désormais Dieu avance avec nous, supporte tout avec nous, travaille avec nous au bonheur des vivants et par son Esprit renouvelle avec nous la face humaine.

C'est fait pour l'éternité: désormais quand nous disons: «Nous», Dieu est de la partie!

Pour ceux qui s'inspirent de l'Évangile du Christ Emmanuel, la  solidarité entre les hommes est  l'enchaînement logique à l'incarnation de Dieu.  Car si Dieu est solidaire, il est naturel, il est humain, il est divin qu'en tout endroit, en tout temps et sur toute la terre, les hommes soient solidaires les uns avec les autres.

Le temps de l'Avent est le temps donné aux croyants pour suivre Dieu dans la solidarité.

Il nous faut Dieu, au moins, pour nous entraîner dans la  pratique de la solidarité.  Il nous faut le Fils de Dieu, au moins, pour nous enseigner avec son Évangile des attitudes et des comportements de solidarité.

Il nous faut l'Esprit de Dieu, au moins, pour imaginer les moyens de déblayer le chemin sur lequel les hommes pourront marcher enfin ensemble et solidaires!

Ch SINGER

06 novembre 2010

Faire l'unité de ma vie

Par le Père François Bousquet  

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Le monde qui m'entoure est plein de sollicitations, kaléidoscope de paroles, d'images, de musiques. Le monde entier m'arrive en fragments successifs, rapides, tous sur le même plan. La vie comme un clip, mais en plus dramatique et avec la possibilité de zapper... Des lieux différents, qui peuvent être autant d'univers cloisonnés : celui où j'habite, un autre où je travaille, encore ailleurs où je me distrais, où je milite... Tout peut me disperser.

Face à cela

Vais-je vivre des "moi" successifs sans beaucoup de rapports entre eux ? Souvent, c'est la superficialité, une expérience tout en surface, qui me conduit à une vie en quelque sorte hors de moi-même : je me projette sur tout ce qui se passe, comme une "éponge relationnelle". Tout et son contraire tout de suite !

Mais alors qui suis-je vraiment ? Vais-je demeurer un peu en moi, où Dieu m'attend, en essayant de m'aimer comme il m'aime, sans fuir ma vie ?

Vais-je rester moi-même, avec la distance nécessaire pour dire oui ou non ? Rester attentif, informé, mais garder le cap et "méditer toutes ces choses en mon cœur "?

Il me faut reconnaître la contradiction ou la confusion de mes désirs. Je veux à la fois des relations et être tranquille, je veux être aimé et ne veux pas aimer, j'aime et je déteste à la fois mon travail, ma famille, mes amis, mon prochain. Mes désirs sont parfois ambigus ou mélangés. Il reste que la vie est faite d'une série de choix quotidiens, de "oui" et de "non" qui finissent par définir une trajectoire. Un sens peut alors commencer à se dessiner : le vent contraire peut aussi nous faire avancer !

Pour autant, ne pas tomber dans l'excès de vouloir tout maîtriser. C'est un art que la gestion de son temps, qui permet d'intégrer imprévus et contraintes ou, à l'inverse, malgré les contraintes et les agendas, prendre le temps de m'arrêter pour réfléchir, pour hiérarchiser les urgences. Il me faut en conséquence adopter une certaine discipline de vie, comme le jardinier qui doit débroussailler le jardin pour qu'il respire.

C'est toujours un amour qui unifie la vie.

La vie, l'activité de ceux qui s'aiment et qui aiment (les amoureux, les parents, tous ceux qui "donnent" leur vie), est polarisée par leur amour : tout ce qu'ils font, quand bien même c'est une multitude de choses, grandes et petites, s'unifie et prend sens.

L'intériorité est aussi un facteur d'unification de ma vie : la prière, l'examen de conscience, une retraite offrent les moyens de relire sa vie.

Être vigilant et lucide sur mes choix : pourquoi est-ce que je fais ce que je fais ? Qu'est-ce que j'aime dans ce que j'aime ?  Faire communiquer sans cesse tout ce qui remplit ma vie (études, travail, relations, foi, ...).

Ainsi, peu à peu, se construit mon expérience, à partir de deux éléments : bien me connaître moi-même, sans illusion ni défaitisme, et tenter de discerner où m'attendent Dieu et les hommes. Rien en effet ne polarise une vie autant qu'un appel qui lui est adressé. La diversité de la vie, à tous ses instants, peut alors devenir un plaisir. J'arrête de faire le caméléon sur la jupe écossaise. Parce que je me suis construit une mémoire et que j'adopte un horizon, tout en restant libre par rapport à eux : Dieu est plus grand. Mais je puis m'appuyer sur la mémoire de ma foi en lui. Ce qu'il me demandera correspond à ce dont je suis capable, quand bien même je ne l'imagine pas encore... Simplement, il me faut me tenir là où Il se trouve : d'abord en moi.

05 novembre 2010

Sans sa mère, le Christ se réduirait à une idée abstraite

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La piété mariale serait inacceptable, si elle n'avait le Christ pour centre. Le Christ tient la place du soleil, et Marie n'en est que le halo, le cercle lumineux qui l'entoure. Mais il est vrai que pour comprendre en vérité qui est le Christ, on ne peut se passer de contempler Marie.

Sans sa mère, le Christ se réduirait à une idée abstraite. Les abstractions et les idées n'ont, en effet, pas de mère, comme le disait Karl Rahner, mais Jésus, le Fils de Dieu fait homme, ne peut se passer de Marie, sa mère.

Cardinal Godfried Danneels

Rejouis-Toi Marie  -  Paroles de Vie, Noël 1985

 

source : site MDN

04 novembre 2010

ECOUTER L’AUTRE.

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« Puis-je vous parler ?... »

« Vous avez un peu de temps ?... »

Parler, se dire est vital pour chacun. On ne se trouve vraiment qu’en parlant à un autre. Parler suppose donc d’être accueilli par quelqu’un qui se rend compte de ce qu’écouter veut dire. Ecouter, c’est se taire, ne pas juger, c’est accepter l’autre tel qu’il est, différent de soi, sans pourtant se renier soi-même. C’est permettre à l’autre d’aller aussi loin qu’il veut, qu’il peut dans l’expression de ce qu’il vit.

Pour parler vraiment, il faut trouver quelqu’un qui s’intéresse à ce que je voudrais dire, qui s’efforce de me rejoindre dans ce que je vis, qui tente de me comprendre à travers mes mots. Et ce quelqu’un ne se rencontre pas tous les jours…