04 janvier 2008

prier, c'est respirer Dieu

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 Père Denis Huerre, 
Moine bénédictin à l'abbaye de la Pierre-qui-Vire

Il existe une prière contemplative, et elle n'est pas réservée aux moines. C'est la prière de Jésus pendant toute sa vie sur la terre, c'est la sienne maintenant qu'il est à la droite de Dieu, c'est la prière de l'Église, ce doit être celle de tout chrétien. Depuis toujours les hommes ont levé les yeux pour rejoindre l'Invisible. Partout, dans l'histoire des hommes, on constate cette passion pour les hauts lieux, les espaces aux larges horizons permettant de voir loin. Le mot « temple » ne signifiait pas, comme aujourd'hui, un bâtiment mais, avant toute construction, une esplanade - les chrétiens aimeront dire un parvis - donnant au regard le plus grand champ possible. Et le mot « contemplation » vient du mot « temple », avec la particule cum indiquant la capacité d'unification du regard.  Sur ces hauts lieux, on regarde mieux parce qu'on respire mieux. L'air pénètre plus à fond et revigore le corps, l'âme. Nous voici en pleine prière chrétienne. Respirer à fond, là est la question, la vraie ! Respirer l'air et, au-delà du « bon de l'air » qui nous réveille toujours, respirer cet air qui, dans la Bible, s'appelle le souffle de Dieu, son spiritus, l'Esprit saint.  
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Alors la prière contemplative a cette dimension du grand regard, du regard profond que procure la respiration de l'Esprit de Dieu. Prier, c'est respirer Dieu. Et, comme toute respiration, cette prière se fait en deux temps, une aspiration, une expiration, et les deux mouvements sont continuels.   
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Vivre dans la profondeur
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Si vous allez en Bretagne, dans les Côtes d'Armor, en bord de mer, vous voyez, à marée haute, les vagues continuellement couvrir puis découvrir les rochers. La prière est un va-et-vient semblable. Et différent, évidemment. Mais la comparaison n'est pas fausse. La prière a ces deux temps qui lui permettent de se prolonger et, comme la respiration humaine, de devenir la vie dans sa durée. Prier, c'est respirer longuement et c'est vivre dans la profondeur sans demeurer superficiel.  
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Le Christ nous détaille ces deux temps, il les condense dans les mots qui constituent le Notre Père. Mais avant même de donner cette formule, il a précisé pour les croyants qui veulent le suivre et donc prier-respirer comme lui, les deux conditions absolument nécessaires pour y réussir : que la prière vienne du fond du cœur. Et qu'elle soit toujours une prière plurielle, la prière qui tient compte des autres, disons qui s'intègre dans le plan de Dieu. C'est le fond du cœur que Dieu regarde. Il faut donc habiter son propre cœur, vivre dans ce lieu secret réservé au seul regard de Dieu, là où nul public ne nous admire, où nous aurons prié, non parce que c'est la mode ou l'habitude sociale, mais dans la liberté de l'amour. D'ailleurs, qu'on le veuille ou non, ce lieu est tellement personnel que personne sauf Dieu ne peut y habiter. Là se fait la prière en esprit et en vérité que le Christ apporte aux hommes. C'est là que se fait la respiration à fond permettant une longue marche, un effort vigoureux, un regard apaisé sur l'horizon. 
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Une fois respiré jusqu'à l'intime du cœur ce souffle de Dieu qu'est l'Esprit saint, il faut l'expirer, le rendre, car là est la condition de la vie. Jésus le signale : inutile de prier si le cœur est volontairement plein d'hostilité pour tout autre, c'est-à-dire buté, fermé. Mais une fois le cœur purifié par le pardon donné ou demandé, il faut respirer, souffler, diffuser l'amour sur tout être, sur toute chose, comme fit le Christ durant sa vie terrestre. Cela se fait spontanément quand la prière du cœur conserve les dimensions les plus larges, quand le cœur dilaté se découvre aimant Dieu et tout ce qu'il a fait. C'est cela l'expiration paisible de l'air qu'on a respiré, et qui est l'Esprit de Dieu.
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Prier sans se lasser
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Ce double mouvement de la prière secrète qui va se traduire en service des autres, est parfaitement exprimé dans les mots du Notre Père. On a remarqué que les formules de prières sont rares dans les Actes des Apôtres : deux s'adressent à Dieu, deux au Seigneur Jésus. Avec le Notre Père, en effet, tout est dit. C'est d'abord le regard silencieux sur Dieu, avec ces trois noms qui disent sa totale Présence : Ton Nom, Ton Règne, Ta volonté. Comme une inspiration venant combler le cœur. Puis, dans la seconde partie, vient l'expiration, l'expression des désirs humains essentiels, prière plurielle où tout homme se retrouve sans se lasser de la répéter. Dans les grands moments de troubles, les plus démunis font des cortèges et brandissent des banderoles où s'inscrit cet essentiel : le pain, la paix, la liberté. C'est exactement ce que la prière plurielle enseignée par Jésus fait demander à notre Père : le pain quotidien ; la paix, par le pardon mutuel ; la liberté par la libération du Mal (ou du Malin). Prière contemplative, vie contemplative, quand rien ne peut nous séparer de celui qui voit briller dans le secret du cœur de chacun ce que lui-même y a déposé. 
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La prière ne devient que lentement contemplative au sens plein. Mais le Christ le sait et, pour cela, nous a soigneusement prévenus : il faut prier sans se lasser. Tu parviendras, dit saint Benoît au moine. Cela est vrai pour tout priant.  

 Cet article a été publié dans la revue Panorama de décembre 1997.

02 janvier 2008

Celui qui entrave la famille rend la paix fragile

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ROME, Mardi 1er janvier 2008 (ZENIT.org) 

 -La famille est « la principale ‘agence’ de paix », déclare Benoît XVI Celui qui entrave la famille rend la paix fragile, souligne-t-il
…/…
« L'amour même qui construit la famille, cellule vitale de la société, et la garde unie, favorise l'instauration entre les peuples de la terre de ces relations de solidarité et de collaboration qui conviennent à des membres de l'unique famille humaine », a expliqué l'évêque de Rome. 
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« Celui qui, même inconsciemment, entrave l'institution familiale », a-t-il dit, citant son Message pour la Journée mondiale de la paix, « rend fragile la paix dans la communauté tout entière, nationale et internationale, parce qu'il affaiblit ce qui, de fait, est la principale ‘agence' de paix »
.… / …
« De la conscience de cela naît un engagement à faire de l'humanité une véritable communauté de paix, basée sur une loi commune, qui permette à la liberté d'être vraiment elle-même, et non pas un arbitraire aveugle, et qui protège le faible des abus du plus fort », a-t-il déclaré.
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En ce début 2008 qui coïncide avec le « 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme », le pape a invité la communauté internationale « à parcourir un chemin de solidarité authentique et de paix stable ».  
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Lire l'article complet sur le site ZENIT.ORG

un autre article à lire également :

ROME, Mardi 1er janvier 2008 (ZENIT.org)

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Ne manquons pas d’audace ! La paix n’a pas de prix

Entretien avec Sébastien de Fooz, un « pèlerin de paix » au long cours

 - « La paix n'a pas de prix. Si nous n'essayons pas de l'atteindre, même par des projets absolus, autant refuser de croire qu'elle existe », estime Sébastien de Fooz, journaliste belge.  ...

 

27 décembre 2007

« Une réalité toute simple »

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 source image : http://www.azurs.net/


Ouvrant l’Évangile, chacun peut se dire : ces paroles de Jésus sont un peu comme une lettre très ancienne qui me serait écrite dans une langue inconnue ; comme elle m’est adressée par quelqu’un qui m’aime, j’essaie d’en comprendre le sens, et je vais aussitôt mettre dans la pratique de ma vie le peu que j’en saisis… 
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Ce ne sont pas les vastes connaissances qui importent au début. Elles auront leur grande valeur. Mais c’est par le cœur, dans les profondeurs de soi-même, que l’être humain commence à saisir le Mystère de la Foi.
Les connaissances viendront. Tout n’est pas donné d’un seul coup. Une vie intérieure s’élabore pas à pas. Aujourd’hui plus qu’hier, nous pénétrons dans la foi en avançant par étapes.
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 Au tréfonds de la condition humaine repose l’attente d’une présence, le silencieux désir d’une communion. Ne l’oublions jamais, ce simple désir de Dieu est déjà le commencement de la foi. 
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De plus, personne ne parvient à comprendre tout l’Évangile à lui seul. Chacun peut se dire : dans cette communion unique qu’est l’Église, ce que je ne comprends pas de la foi, d’autres comprennent et en vivent. Je ne m’appuie pas sur ma foi seulement mais sur la foi des chrétiens de tous les temps, ceux qui nous ont précédés, depuis la Vierge Marie et les apôtres jusqu’à ceux d’aujourd’hui.
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Et jour après jour je me dispose intérieurement à faire confiance au Mystère de la Foi. Alors il apparaît que la foi, la confiance en Dieu, est une réalité toute simple, si simple que tous pourraient l’accueillir. Elle est comme un sursaut mille fois repris tout au long de l’existence et jusqu’au dernier souffle. 

Frère Roger, de Taizé

20 décembre 2007

Découvrir sa vocation et repartir par un autre chemin

Souvenez-vous des Mages en Palestine.  Venus des quatre coins du monde, bien qu'ils n'étaient que trois, ils se sont approchés de Jésus, l'ont rencontré et sont repartis par un autre chemin …  Ce changement de cap, c'est le nôtre encore aujourd'hui.  Trouver son chemin, changer sa vie, repartir, aller, avancer dans la vie … c'est vivre au quotidien la rencontre avec Dieu. 
 
Dieu n'est pas un aboutissement, c'est un commencement et je dirais même, qu'Il est "recommencement" continuel.   Dieu ne s'impose pas à nous, Il appelle notre liberté, Il se laisse reconnaître …  C'est dans cette reconnaissance libre et personnelle que s'enracine notre foi et c'est dans les bouleversements qu'elle entraîne que s'ébauche notre mission.  Comme pour les Mages, le chemin est long et difficile et surtout, il est "interactif".  Il faut être à l'affût, attentif aux signes du et dans le monde, il faut se mettre en route, se bouger, aller au devant.  Comme eux, il faut s'instruire, se renseigner, consulter (Ils s'arrêtent à Jérusalem pour vérifier dans les Ecritures si le dieu qui les as mis en route est bien le Dieu présent à l'histoire des hommes.)  Comme eux, nous devons nous approcher et adorer; comme eux, nous devons inventer un autre chemin pour repartir … Toutes ces étapes, nous devons les parcourir pour que notre foi rejoigne notre vie, car c'est dans cette unité que nous pouvons entendre en vérité Dieu qui nous parle et découvrir ainsi notre vocation.
 
Vivre sa vocation dans le monde, n'est-ce pas un défi?  Pensons à Pierre ?  Combien de fois, n'entendons-nous pas le coq nous aussi?  Peut-on parler de différentes vocations?  Religieuse?  Laïque?   Professionnelle?
 
En tant que Chrétien, je ne crois pas qu’il y ait une grande différence entre ces 3 aspects. En effet, il s’agit avant tout d’une réponse constructive à un appel perçu. Cette réponse est en fait la redécouverte active du sens profond de notre baptême. Don de Dieu, don de vie, il est signe de notre liberté et par la-même, nous en sommes responsables … Un peu comme le Petit Prince se sent responsable de sa rose, notre responsabilité est d'apprivoiser notre Baptême, d'identifier la source de vie qu'il représente et vivre cette vie nouvelle au cœur de notre quotidien.   La vocation est un credo qui doit résonner jusqu'aux "limites de nos terres", c'est-à-dire à travers tout ce qui fait notre vie, nos activités, nos engagements. 
 
Elle se traduira donc avec plus ou moins de force tant sur le plan religieux que professionnel, que social ou politique. Le oui à Dieu n’est jamais sélectif, mais il tend à devenir "toujours plus effectif".  La vocation est donc un devenir ...
 
La réponse n’est pas unique car les appels sont aussi différents que nombreux. De plus, chacun de nous possède ses “propres talents” qu’il doit faire fructifier. Il convient donc de pouvoir harmoniser au mieux ses capacités personnelles aux "promesses" et "engagements" que nous pouvons prendre en réponse à cet appel. Il faut, pour cela, bien se connaître. La vocation est donc une découverte, la découverte d’une âme ...
 
C’est avant tout une réponse personnelle qui ne peut surgir que de l’intimité d’une rencontre. La vocation est un oui sans réserve à Dieu.
 
Cette expérience personnelle devra s’affiner chaque jour. Mais c’est au contact des autres qu’en vérité elle se construira un avenir. Ce oui qui “devient” est aussi un oui “répété”, “toujours recommencé”. Et lorsque de la notion de “travail” naît celle de “service”, ce oui “de tous les jours” devient alors un cri, comme le cri d'un nouveau-né: par nous, Dieu vient au monde. La vocation est une libération ...
A+

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19 décembre 2007

"Viens, suis-moi"

Jésus ne s'adresse pas à notre intelligence et s'il a pu apparaître pour certains comme un chef de bande, il n'a jamais fait appel à des mercenaires. 
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Il parle à notre cœur et cette capacité d'aimer ne fait l'objet d'aucune comptabilité. 
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Jésus ne demande rien, il donne tout!  Il ne désire pas un engagement à la carte, Il nous propose un menu, celui du service. 
Mais comme pour le jeune homme riche, Il s'adresse avant tout à notre liberté: viens, suis-moi…
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Ce oui, c'est celui de notre vie, de notre vocation, de la "mission" et dans les limites de notre humanité, notre devoir est d'en partager la responsabilité. 
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C'est dans ce oui libre et entier que réside la vraie richesse de l'engagement et non dans la capacité de le réussir.
A+

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