06 juin 2008

Amour des hommes, amour de Dieu

un texte de : Youssef Bousnaya (vers 869-979), moine syrien

Vie et doctrine de Rabban Youssef Bousnaya par Jean Bar Kaldoum

(trad. Chabot in Deseille, Evangile au désert, Cerf 1999, p. 326)           

 

source :  L’EVANGILE AU QUODITIEN 


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Mon fils, applique-toi de toute ton âme à acquérir l'amour des
hommes, dans lequel et par lequel tu t'élèveras à l'amour de Dieu qui est
la fin de toutes les fins. Vains sont tous tes labeurs qui ne sont pas
accomplis dans la charité. Toutes les bonnes oeuvres et tous les labeurs
conduisent l'homme jusqu'à la porte du palais royal ; mais c'est l'amour
qui nous y fait demeurer et nous fait reposer sur le sein du Christ (Jn
13,25).
 
      Mon fils, que ton amour ne soit pas partagé, divisé, intéressé, mais
répandu partout en vue de Dieu, désintéressé. Le Christ te donnera la
connaissance pour comprendre le mystère de cette parole. Aime tous les
hommes comme toi-même ; bien mieux, aime ton frère plus que toi-même ; ne recherche pas seulement ce qui te convient, toi, mais ce qui est utile à ton frère. Méprise-toi toi-même pour l'amour de ton prochain, afin que le Christ soit miséricordieux et fasse de toi un cohéritier de son amour.
Prends bien garde de mépriser cela.
Car Dieu nous a aimés le premier, et il a livré son Fils à la mort pour nous. « Dieu a tellement aimé le monde qu'il a livré pour lui son Fils unique », dit l'apôtre Jean, témoin de la vérité (Jn 3,16). Celui qui marche dans ce sentier de l'amour, grâce à son labeur, arrivera promptement à la demeure qui est le but de ses efforts. Ne pense donc pas, mon fils, que l'homme puisse acquérir l'amour de Dieu, qui nous est donné par sa grâce, avant d'aimer ses frères en humanité.

04 juin 2008

Figure et visage

 visage[1]


Ma figure, c’est mon apparence extérieure:
Charmante, banale, agréable selon les critères variables édictés par la vogue de la mode.
Ma figure m’est imposée par la nature ou par hérédité.
Aucun grimage esthétique ne pourra réellement changer ma figure.
Ma figure, je n’y peux rien : elle ne vient pas de moi, je ne l’ai pas créée !
 
Mon visage, c’est différent, complètement !
C’est moi tout entier avec l’intérieur et avec l’extérieur !
Mon visage, c’est moi avec tout ce que je porte en moi d’infini, de changement,
De conversions possibles et que je tente de traduire en paroles et en comportements.
Mon visage, c’est le désir en moi de vivre toujours en plus grand, d’élever l’amour en perpétuel jaillissement par-delà toute usure, c’est la volonté d’aller jusqu’au bout de l’appel que je discerne en moi, c’est l’obstination à mener mon existence à la hauteur de mon humanité et sous le feu de l’Evangile !
 
Mon visage, c’est moi insufflé d’Evangile !
Mon visage, c’est ma vie en train de se convertir en amour, en don,
En réconciliation, en travail pour mes frères.
Mon visage, c’est ma vie engagée dans une lente transfiguration
En reflétant, peu à peu, la beauté que Dieu a imprimée en moi,
C’est ma vie en train de se transformer en Visage de Dieu !
 
Or, il y a péché !
Le péché est un masque que j’accepte de plaquer sur mon visage, sur ma vie.
Ce qui est destiné à être beau, d’un coup est voilé et devient grotesque.
Le péché n’est rien d’autre qu’un masque de laideur collé sur mon visage, sur ma vie.
Il déforme ce que je suis. Le péché fait grimacer ma vie, mon visage.
Il encrasse, il brise, il détourne la lumière qui était sur le point de s’y poser.
 
Me voici, Seigneur, pour te dire:
« Vois mon visage et non les masques de péché qui me déforment.

01 juin 2008

En chaque coeur humain...

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“En chaque cœur humain vit un insatiable désir d’aimer et d’être aimé, une faim de compréhension et de tendresse.  Mais nous sommes blindés d’habitudes, coincés dans le filet du travail.  Nous ne voyons pas le Dieu mendiant de douceur dans le cœur de ceux qui nous sont proches. 
 
Un mot, un seul mot peut-être, simplement prononcé ou doucement murmuré à l’oreille, peut contenir la plénitude de l’amour. 
 
Un cadeau, si mince, si insignifiant qu’il soit, se revêt d’importance aux yeux de qui le reçoit en raison de la personne qui l’offre.
 
La tendresse s’exprime par des actes. 

      

P.Boudens,OMI  

31 mai 2008

aux sources de la Foi

frère Roger, de Taizé


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Ouvrant l’Evangile, chacun peut se dire: ces paroles de Jésus sont un peu comme une lettre très ancienne qui me serait écrite dans une langue inconnue; comme elle m’est adressée par quelqu’un qui m’aime, j’essaie d’en comprendre le sens, et je vais aussitôt mettre dans la pratique de ma vie le peu que j’en saisis…
 
Ce ne sont pas les vastes connaissances qui importent au début. Elles auront leur grande valeur. Mais c’est par le coeur, dans les profondeurs de soi-même, que l’être humain commence à saisir le Mystère de la Foi. Les connaissances viendront. Tout n’est pas donné d’un seul coup. Une vie intérieure s’élabore pas à pas. Aujourd’hui plus qu’hier, nous pénétrons dans la foi en avançant par étapes.
 
Au tréfonds de la condition humaine repose l’attente d’une présence, le silencieux désir d’une communion. Ne l’oublions jamais, ce simple désir de Dieu est déjà le commencement de la foi.
 
De plus, personne ne parvient à comprendre tout l’Evangile à lui seul. Chacun peut se dire: dans cette communion unique qu’est l’Eglise, ce que je ne comprends pas de la foi, d’autres comprennent et en vivent. Je ne m’appuie pas sur ma foi seulement mais sur la foi des chrétiens de tous les temps, ceux qui nous ont précédés, depuis la Vierge Marie et les apôtres jusqu’à ceux d’aujourd’hui. Et jour après jour je me dispose intérieurement à faire confiance au Mystère de la Foi.
 
Alors il apparaît que la foi, la confiance en Dieu, est une réalité toute simple, si simple que tous pourraient l’accueillir. Elle est comme un sursaut mille fois repris tout au long de l’existence et jusqu’au dernier souffle.

29 mai 2008

« L’Esprit Saint vous enseignera tout ; il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit »

Saint Grégoire le Grand (vers 540-604), pape, docteur de l'ÉgliseHomélie 30, 1-10


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C'est l'Esprit qui vous enseignera tout. Car si l'Esprit ne touche pas le cœur de ceux qui écoutent, vaine est la parole de ceux qui les enseignent. Que personne n'attribue donc à un maître humain l'intelligence qu'il a de son enseignement. Si le Maître intérieur n'est pas là, la langue du maître         extérieur qui parle travaille dans le vide.
 
      Tous ici, vous entendez ma voix de la même manière ; et cependant vous ne saisissez pas également ce que vous entendez. La parole du       prédicateur est inutile si elle n'est pas capable d'allumer le feu de l'amour dans les coeurs. Ils avaient reçu ce Feu, de la bouche même de la Vérité, ceux qui disaient : « Notre coeur n'était-il pas brûlant tandis qu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24,32) Lorsqu'on entend une homélie, le coeur s'échauffe et l'esprit se prend à désirer les biens du Royaume de Dieu. L'amour authentique qui le remplit lui arrache des larmes, mais cette ardeur le remplit aussi de joie. Comme il est heureux d'entendre cet enseignement qui vient d'en haut et devient en nous comme une torche qui brûle, qui nous inspire des paroles enflammées ! C'est l'Esprit Saint qui est le grand artisan de ces transformations en nous