14 novembre 2010

ballotin du dimanche 14 novembre

 

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« Il est bon de désirer beaucoup, mais il faut mettre ordre aux désirs, et les faire sortir en effets, chacun selon sa saison et votre pouvoir.  Dieu désire plus que nous la fidélité aux petites choses qu’il met en notre pouvoir que l’ardeur aux grandes qui ne dépendent pas de nous. »  (Lettre à Mme de Soulfour  1603  n°181)

« Hé ! Ne connais-tu pas que tu es au chemin, et que le chemin n’est pas fait pour s’asseoir mais pour marcher ? »  (T.A.D. 3, XXXVIII)

« Je vois que votre cœur a toujours un grand désir de bien faire et une crainte de l’imprudence ; mais ne le tourmentez point, je vous prie, ce cœur bien-aimé, redressez-le doucement pour l’amour de Dieu à qui il est dédié, qui le bénira et favorisera en tout ce qui sera pour sa gloire. »  (Lettre à la Mère de Chastel  1619-1621  n°2044)

« Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce vous doit être suspect, car quiconque loue une marchandise qu’il ne peut acheter il est pour l’ordinaire grandement tenté de la dérober. »  (I.V.D. 3, XXXVIII)

« Il ne faut pas, ni rompre les cordes, ni quitter le luth quand on s’aperçoit du désaccord ; il faut prêter l’oreille pour voir d’où vient le détraquement et doucement, tendre la corde ou la relâcher, selon que l’art le requiert. »  (Lettre à la Présidente de Herse  1620  n°1675)

13 novembre 2010

L’ange du renoncement

 

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L’ange du renoncement n’a pas la tâche facile de nos jours. Bien des gens en effet associent le mot de renoncement à une morne ascèse. Et pourtant, Dieu veut que nous ayons la vie dans toute sa plénitude. Pourquoi donc renoncer ? Ne s’agit-il pas aujourd’hui de consommer le plus possible, de s’accorder le plus d’agréments et de jouissances possible ? Nous avons bien sûr quantités d’exemples de gens qui, à force de renoncements, sont devenus insupportables. Mais est-il absolument inévitable que le renoncement entraîne une attitude d’hostilité à la vie ?

Renoncer, cela veut dire, en fait, cesser de revendiquer quelque chose qui en principe me revient. Le but en est d’accéder à la liberté intérieure. Celui qui veut avoir tout ce qu’il aperçoit vit dans un état de dépendance totale, il est déterminé du dehors, privé de liberté.

Le renoncement, c’est l’expression de la liberté intérieure. Si je sais renoncer à quelque chose qui me fait normalement plaisir, je suis libre. Le renoncement peut être un entraînement à la liberté. Si par exemple je renonce pendant le carême à l’alcool et à la viande, je m’y entraîne. J’essaie, pour voir si j’arrive à passer six semaines sans boissons alcoolisées, sans viande, sans tabac, sans télévision, voire sans café.

Si je réussis, je me sens bien ; j’ai le sentiment  de n’être pas simplement l’esclave de mes habitudes, que je n’ai pas un besoin absolu de ces stimulants : je me sens libre. Or, notre dignité d’hommes implique la liberté. Si, étant fatigué, j’ai l’impression d’avoir besoin de café, maintenant, tout de suite, c’est que je tombe dans la dépendance, et, en fin de compte, cela m’irrite : je perds ma dignité d’être capable de disposer de lui-même, ce sont plutôt mes besoins subjectifs qui disposent de moi.

A l’occasion d’une émission télévisée sur le thème « Renoncer au plaisir, ou se l’accorder, ou les deux ? », j’ai été interrogé sur ce point, en ma qualité de moine, en même temps qu’un spécialiste de la question et qu’une sexologue. Tous les trois, nous nous sommes trouvés d’accord pour estimer qu’il n’y avait pas de plaisir sans renoncement. Celui qui veut seulement le plaisir ne l’obtiendra pas. Je peux déguster sans problème une part, deux parts de tarte ; mais à la quatrième au plus tard, il ne s’agit plus de plaisir, je ne fais plus que m’enfourner la tarte. Bien des gens aujourd’hui sont devenus incapables d’éprouver du plaisir parce qu’ils ne savent plus renoncer.

Autrefois, c’était plutôt l’inverse. Bien des chrétiens se sont systématiquement privés de plaisir en menant une vie ascétique à l’excès ; pour eux, le plaisir était en soi quelque chose de suspect. Ce point de vue était tout aussi étroit que celui qui consiste aujourd’hui à vouloir tout avoir. L’avidité empêche le plaisir.

Je te souhaite, ami lecteur, d’être conduit par l’ange du renoncement à la liberté intérieure ; qu’il te rende capable de goûter vraiment ce qu’il t’est donné de vivre, d’être tout entier à ce que tu es en train de faire, de sentir pleinement le goût de ce que tu manges, de ce que tu bois. Tu sentiras que cet ange est aussi celui du plaisir et de la joie, et qu’il te fera du bien.

En renonçant à ce qui te revient tout à fait normalement : manger, boire, regarder la télévision, par exemple, c’est toi-même que tu gagnes ; c’est ta vie que tu prends en main. Puisse cet ange t’initier à l’art de vivre par toi-même, de disposer librement de toi-même et prendre ainsi plaisir à la vie.

... un moine

12 novembre 2010

Esperer.

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Que de gens de par le monde,
N’ont plus d’espoir…
Parce que la maladie ronge le corps,
Parce que la solitude mine l’esprit,
Parce que des blessures meurtrissent le cœur.

Que de gens de par le monde
Ne voient pas d’issue à leur misère,
Ne croient plus l’amour possible,
Ne savent plus comment s’en sortir…

Des gens qui capitulent et désespèrent.

Pourtant, vivre c’est espérer,
C’est croire qu’au fond du pire des humains
Bat un cœur de chair capable d’aimer.

Espérer c’est souffler sur la braise
Jusqu’au jaillissement de la flamme.

Espérer c’est croire que derrière le nuage le plus sombre
Un rayon de soleil attend l’effet d’une brise légère
Pour égayer le passant.

Espérer c’est mettre sa confiance
En un Dieu vivant et agissant
Au cœur des réalités humaines,
Un Dieu toujours présent
Et ouvrant à chacun un avenir.


Bernard HUBLER

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11 novembre 2010

MON DIEU , JE SAIS QUE TU PEUX TOUT

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MON DIEU , JE SAIS QUE TU PEUX TOUT ...  SAUF NOUS ÔTER LA LIBERTE !


Merci mon Dieu, pour cette belle et effrayante liberté cadeau suprême de ton amour infini.
Nous sommes libres !
Libres !

Libres de conquérir peu à peu la nature pour la mettre au service de nos frères,
Ou libres de la dénaturer en l’exploitant à notre seul profit.

Libres de défendre et développer la vie,
De combattre toutes souffrances et toutes maladies.

Ou libres de gaspiller intelligence, énergie, argent, pour fabriquer des armes,
Et tous nous entre-tuer.

Libres de te donner des fils ou de te les refuser,
Libres de nous organiser pour partager nos richesses,
Ou de laisser des millions d’hommes mourir de faim sur la terre fertile.

Libres d’aimer ou de haïr,
Libres de te suivre
Ou libres de te refuser.

Mais nous sommes libres… mais aimés INFINIMENT ;

Mon Dieu, je crois alors,
Que parce que tu nous aimes et que tu es notre Père,
Depuis toujours tu rêves pour nous d’un bonheur éternel,
Que sans  cesse tu nous proposes
Mais jamais nous imposes.

 

(extrait de Chemins de Prières de Michel Quoist)

10 novembre 2010

Prier

Par le Cardinal Lustiger    

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Il faut prier chaque jour. Je dis bien : chaque jour. Vous me demandez pourquoi chaque jour ? Parce que c'est ainsi que l'homme est fait. Nous sommes des êtres pétris du sol de notre terre.

Nous sommes solidaires de cette terre et des êtres vivants qui nous entourent. Il y a des jours et des nuits, des soirs et des matins, comme le dit le premier chapitre de la Genèse.

Notre vie se déroule dans le temps. Notre liberté est la liberté d'un être de chair et de sang qui doit vivre dès à présent dans l'éternité de Dieu, mais au jour le jour.

Quand on veut ainsi remettre à Dieu sa vie, il faut la lui remettre chaque jour. Vous connaissez bien la demande du Notre Père : "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour." Quelles qu'en soient la traduction et l'interprétation, elle porte sur "l'aujourd'hui".

Prendre sa vie pour l'offrir à Dieu, c'est accepter chacun des jours comme un don que Dieu fait et le lui rendre, dans une prière d'action de grâce, de bénédiction, de demande, de supplication.

Prier dans le secret. Je dirai plus : prier au moins matin et soir.

Je vais m'endormir et me livrer à la nuit. Par l'abandon au sommeil, je me dispose au repos dont mon corps, mon esprit, mon psychisme ont besoin, le repos qui va refaire mes forces.

L'Église met sur nos lèvres la prière du Christ qui, sur la croix, avant de mourir, prononce (Lc 23, 46) cette phrase du psaume 30, 6 : "Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit." Nous sommes donc associés à l'abandon du Christ entre les mains de son Père, non seulement à l'heure de notre mort, mais chaque soir, dans cette remise de nous-mêmes à la souveraine liberté de Dieu.

Ainsi, l'endormissement devient un acte de confiance en la bonté de Dieu ; il nous dénoue des tensions de la journée, des duretés de la vie. Prier le soir, c'est s'endormir avec le Christ ; c'est, avec le Christ, s'abandonner entre les mains de Dieu.

La prière du matin. Quand je me réveille, au lieu de sortir péniblement du sommeil en secouant ma fatigue comme une bête et en me dépêchant pour ne pas être en retard, avant les premières occupations, prendre un moment, si court soit-il, pour magnifier le jour qui vient, ce réveil qui m'est donné comme un événement de la création et du monde et de notre vie, comme un instant où je peux à neuf recevoir l'existence jaillissant gratuitement de la main de Dieu, comme une résurrection, un surgissement avec le Christ.

Chaque jour de notre vie est un événement ! Un événement qu'il faut prendre comme un cadeau que Dieu nous fait, comme un espace où nous sera donnée la liberté de l'aimer et d'aimer nos frères ; de l'adorer et de faire connaître sa splendeur aux hommes créés à sa ressemblance et à l'image de son Fils bien-aimé ; de vivre et d'accomplir notre tâche d'homme et de femme, la mission que Dieu nous confie, lui qui nous fait exister et qui nous donne la vie. Chaque jour doit être reçu comme le présent qui nous est fait en cet instant par Dieu, notre Créateur et Père.

Chrétiens, par la grâce qui nous est donnée, nous pouvons de tout le jour - et non seulement "sept fois par jour" - faire la matière d'une offrande et d'une louange adressées à Dieu notre Père.