26 février 2016

Eloge de la fatigue

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Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?

Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...

Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.

Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.

La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.

Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.

Et vous me conseillez d'aller me reposer !
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.

Robert Lamoureux

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25 février 2016

Le temps que tu me donnes

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Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes
pour travailler à bien l’employer sans rien perdre.

Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur,
la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.

Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis faible.

Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention.

Et surtout comble toi-même les vides de mon œuvre.

Seigneur, dans tout labeur de mes mains,
Laisse une grâce de toi pour parler aux autres,
Et un défaut de moi pour me parler à moi-même

Garde en moi l’espérance de la perfection,
Sans quoi je perdrai cœur.

Garde-moi dans l’impuissance de la perfection,
Sans quoi je me perdrais d’orgueil.

Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains
Mes bras et toutes mes forces.

Rappelle-moi que l’ouvrage des mes mains
T’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant.

VIIème Siècle

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24 février 2016

Un endroit à vivre

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Il n’y a pas d’endroit plus propice que le désert pour susciter la soif de Dieu, ou à l’inverse pour éprouver pour son silence qui est souvent pris pour son absence. L’exode fut pour les Hébreux le temps de leur naissance comme peuple de Dieu, comme peuple témoin aux yeux du monde du projet de libération et de l’alliance que Dieu offrira un jour à toute l’humanité. Ce fut le temps de l’apprivoisement de la liberté, le temps de la croissance dans la foi avec ses moments intenses de communion et ses moments d’infidélité à l’alliance.

Ne pourrait-on pas comparer l’ensemble de notre vie à un exode, à une longe marche où nous avons à nous maintenir fidèlement dans une relation vivante avec Dieu, à faire entrer en dialogue les divers événements de notre vie avec le dessein de salut que Dieu nous a révélé ? Le carême nous est offert comme un temps de désert, d’approfondissement de notre foi et de purification de notre relation avec Dieu.

Yves Guillemette, prêtre.
Montréal.

 

Une méditation :  Aller au désert...

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23 février 2016

Ma force, c'est la prière.

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Je ne suis pas un homme de lettres ou de sciences, mais je prétends humblement être un homme de prière.

C'est la prière qui a sauvé ma vie ; sans la prière j'aurais depuis longtemps perdu la raison.

Si je n'ai pas perdu la paix de l'âme, malgré toutes les épreuves, c'est que cette paix vient de la prière.

On peut vivre quelques jours sans manger, mais non sans prier.

La prière est la clé du matin et le verrou du soir.

La prière, c'est cette alliance sacrée entre Dieu et l'homme pour obtenir d'être délivré des griffes du prince des ténèbres.

Nous devons choisir : nous allier aux forces du mal ou, au contraire, aux forces du bien.

Voilà mon témoignage personnel : que chacun tente l'expérience et il trouvera que la prière quotidienne ajoute quelque chose de neuf à sa vie, quelque chose qui n'a d'équivalent nulle part ailleurs.

Mahatma K. Gandhi

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22 février 2016

Creuse ton désir

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Viens, viens
Ne meurs pas de soif
Au bord des Eaux vives.

Creuse en la terre de ton cœur
Le lieu de ta soif,
Creuse et creuse encore,
Fore profond, 
Fore profond,
Ne t’arrête pas aux scories,
À l’épaisseur du non-désir,
Ne cède pas au désenchantement,
Aux impatiences de la route.

Imprime à ta vie un rythme de silence.

C’est au-dedans qu’il faut aller,
N’entends-tu pas bruire les eaux
De ton baptême ?
Déjà elles sont grosses
Et montent pour irriguer tes rives.
Ne sens-tu pas venir cette crue de printemps
Qui te fera ruisselant de fraîcheur ?

Ranime ton âme, ô vivant,
Pour qu’elle n’entre pas dans la tombe.
Parle à ton cœur
Et dis-lui : viens.

Sœur Myriam
(revue Prier) 

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