Ne t’inquiète pas de la valeur de ta vie,
de ses anomalies, de ses déceptions,
de son avenir plus ou moins obscur.
Tu fais ce que Dieu veut.
Tu lui offres au milieu de tes inquiétudes
et de tes insatisfactions,
le sacrifice d’une âme humiliée
qui s’incline malgré tout devant une providence austère…
Peu importe que, dans l’intime de toi-même tu sentes,
comme un poids naturel,
la tendance à te replier sur tes tristesses et tes défauts…
Peu importe que humainement, tu te trouves « raté »,
si Dieu, lui, te trouve réussi à son goût.
Petit à petit Notre Seigneur te conquiert
et te prend pour Lui…
Je t’en prie quand tu te sentiras triste, paralysé,
adore et confie-toi.
Adore en offrant à Dieu ton existence
qui te paraît abîmée par les circonstances :
quel hommage plus beau
que ce renoncement amoureux à ce qu’on aurait pu être !
Confie toi.
Perds-toi aveuglement dans la confiance de notre Seigneur
qui veut te rendre digne de Lui et y arrivera,
même si tu restes dans le noir jusqu’au bout,
pourvu que tu tiennes sa main toujours,
d’autant plus serrée que tu es plus déçu, plus attristé.
Sois heureux fondamentalement, je te le dis.
Sois inlassablement doux.
Ne t’étonne de rien
ni de ta fatigue physique,
ni de tes faiblesses morales.
Fais naître et garde toujours sur ton visage le sourire,
reflet de celui de notre Seigneur qui veut agir par toi,
et, pour cela, se substituer toujours plus à toi.
Au fond de ton âme, place avant tout, immuable,
comme base de toute activité,
comme critère de la valeur
et de la vérité des pensées qui t’envahissent,
la paix de Dieu.
Tout ce qui te rétrécit et t’agite est faux,
au nom des lois de la vie,
au nom des promesses de Dieu…
Parce que ton action doit porter loin,
elle doit émaner d’un cœur qui a souffert,
c’est la loi douce en somme…
Quand tu te sentiras triste…
adore et confie-toi.
Pierre Teilhard de Chardin
(Extrait de « Être plus »)