12 novembre 2017

La dernière clef

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Le principal but de la vie, c'est aimer.
Le reste est silence.

Nous avons besoin d'aimer.
Même si cela nous mène au pays où les lacs sont faits de larme. ...
Notre seul et vrai choix, c'est de nous livrer au mystère de cette force incontrôlable. ...
parce que la nature est la manifestation de l'Amour de Dieu.
Malgré tout ce que nous faisons, elle nous aime encore.
Aussi, respectons et comprenons ce que la nature nous enseigne.

Nous aimons parce que l'Amour nous libère.
Et nous nous mettons à dire les mots
que nous n'avions même pas le courage de nous murmurer. ...
Nous prenons la décision que nous laissions pour plus tard.
Nous apprenons à dire "non" sans considérer ce mot comme maudit.
Nous apprenons à dire "oui" sans en redouter les conséquences.
Nous oublions tout ce qu'on nous a appris sur l'Amour,
parce que chaque rencontre est différente et porte en elle ses angoisses et ses extases.

Nous chantons plus fort quand la personne aimée est loin
et nous murmurons des poèmes quand elle est près de nous.
Même si elle n'écoute pas ou n'accorde pas d'importance à nos cris et à nos murmures.

Nous ne fermons pas les yeux sur l'Univers
pour nous plaindre de le trouver sombre.

Nous gardons les yeux bien ouverts, en sachant que sa lumière
peut nous pousser à faire des choses insensées.
Cela fait partie de l'Amour.

Notre cœur est ouvert à l'Amour et nous l'offrons sans crainte,
parce que nous n'avons plus rien à perdre.
Alors nous découvrons, en rentrant chez nous,
que quelqu'un était là à nous attendre,

cherchant la même chose que nous
et souffrant des mêmes angoisses et des mêmes inquiétudes.

Parce que l'Amour est comme l'eau qui se transforme en nuage :
il est haut dans le ciel et voit tout de loin,
conscient qu'il devra un jour regagner la terre.

Parce que l'Amour est comme le nuage qui se transforme en pluie :
il est attiré par la terre et fertilise le champ.

Amour n'est qu'un mot,
jusqu'au moment où nous décidons

de le laisser nous posséder de toute sa force.
Amour n'est qu'un mot,
jusqu'à ce que quelqu'un vienne lui donner un sens.


Ne renonce pas.

En général, c'est la dernière clé du trousseau qui ouvre la porte.

Paulo Coelho
"Le manuscrit retrouvé" (extrait)

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Commentaires

Merci pour ce beau texte !

Voici un texte de Maurice Bellet :La Voie, c'est la tendresse

"La tendresse est amour de tout ce qui est, jubilation de toute naissance, désir encore et encore que tout vivant vive et donne son fruit.

Elle est joie de tout visage et de toute voix et parole humaine, homme ou femme. Elle a faim de donner, à qui manque, tout ce qui peut nourrir sa faim. Elle ne juge pas. Elle ne prend pas. Elle ignore la cruauté.

Elle donne. Non parce que ceci ou pour que cela, mais parce que telle est sa nature. Elle ne donne pas pour reprendre.
Ainsi la détresse fond et l'horreur même peut être reprise et repétrie.

Qui goûte la tendresse, même mort, peut naître. La tendresse enveloppe tout l'être de tout être. Elle enveloppe l'injustifié, la misère, la faute, la détresse. Quiconque est en elle se trouve justifié d'être et ce qui le condamnait tombe hors de lui.

La tendresse est le labeur incessant pour que tout enfant d'humain, homme ou femme, ait sa mesure et sa grâce. A chacun selon ses besoins ! A chacun selon le don qui est en lui — qu'il déploie gaiement toute sa puissance ! La tendresse est grâce : elle ne force rien, elle ne se raidit pas par devoir et volonté, elle ne s'impose pas, elle n'envahit pas la vie des autres, elle ne larmoie pas, elle ne disserte pas, elle n'explique pas. Elle est simplement là, ferme et agissante, bon espace libre où respirer, nourriture première du cœur des vivants.

La tendresse n'agit pas comme agissent les pouvoirs. Elle se tient avec distance et réserve, elle laisse à qui a faim de vivre tout son espace de vie, à qui a faim d'être entendu tout son espace de parole, elle laisse être, enfin, sans réserve et sans mesure.
Elle est douceur, plaisir d'être ensemble, travail pour le bien, franchise et gaieté.

La tendresse est le réel, c'est les choses et les gens, c'est le visage du monde, la mémoire, le rêve et le poids des jours.
C'est la table servie, le vin versé, les convives, la parole entre eux, la paix.

C'est la lumière entre les arbres, au commencement du matin.
C'est le souffle profond, quand vient l'heure du soulagement et de la vérité.

C'est le corps aimant, c'est la marche au bord de la mer, c'est la veillée à la maison, c'est le premier jour et la cent millième fois.

C'est la foule et le solitaire, c'est le travail, c'est la douleur, c'est la détresse elle-même : car la tendresse sauve tout.

De quel amour aime donc la tendresse ?
Cet amour est le pur laisser-être qui coïncide avec la volonté et la poussée la plus pressante du désir que l'autre soit et sorte du piège de tristesse et avance gaiement sur sa voie ; mais c'est désir sans hâte et comme sans désir, poussée qui ne pèse rien, appel qui sait demeurer en silence.

C'est l'espace offert et le temps libre, afin qu'il y ait place et temps pour la Voie.
C'est préférer que l'autre soit plutôt que non. C'est l'émerveillement qu'il soit, tel qu'il est. C'est croire en lui plus qu'il n'y croit lui-même. C'est espérer avec foi que sa voie s'ouvre devant lui et qu'il y sera bon et puissant.

C'est l'aimer ni de tête, ni de coeur, ni de vouloir — mais avant ! Puisque si quelqu'un aime ainsi, son amour est lui-même, tout entier là.
Et c'est lui-même tout entier là s'effaçant, pour que demeure seulement, à qui la désire, la Voie.


Maurice BELLET, La Voie, Seuil, Paris, 1982, pp. 35-36; 44; 50

Très bon dimanche !

Écrit par : Myriam de Terwangne | 12 novembre 2017

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