04 novembre 2017

Se laisser aimer

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Être aimé est plus fondamental qu'aimer. Il est curieux d'affirmer cela alors qu'on insiste tellement sur la grandeur de l'amour et sur la nécessité de le semer autour de nous. Jésus n'a-t-il pas fait du grand commandement de l'amour le premier de ses commandements ? Et n'est-ce pas l'évangéliste saint Jean qui dit que Dieu est Amour ; il est d'abord cela et toute son action est dirigée par l'amour.

Pourtant, par quoi sont baignés les premiers instants de notre vie sinon par des témoignages d'amour. La mère qui reçoit son bébé naissant dans ses bras lui prodigue déjà un premier message d'amour. L'enfant ne peut lui répondre. Il n'est pas encore assez conscient pour le faire. Mais s'il ne recevait pas ces marques d'amour, ces baisers frénétiques, ces élans chaleureux qui caractérisent tout premier contact avec un nouveau-né, il s'en ressentirait toute sa vie. Les psychologues nous expliquent comment quelqu'un qui n'a pas reçu sa portion d'amour au matin de son arrivée peut mener une existence froide, distante, sans amour.

Avant de donner de l'amour, nous devons en recevoir et se savoir aimé est une aspiration foncière du cœur humain. On sait à quelles hauteurs peuvent atteindre des personnes qui se savent aimées dans leur milieu. On connaît les prouesses de dépassement auxquelles se livrent des enfants qui sentent la chaleur de l'amour de leurs parents. Et que dire de ces vieillards qui incarnent la sérénité et le calme du soir autour d'eux parce qu'ils se sentent véritablement aimés. Ils n'ont pas l'impression que leur existence est inutile : leur solitude est richement meublée.

Se laisser aimer: voilà une conséquence de tout cela. Il y a des êtres rébarbatifs à l'amour. Ils se font une carapace difficile à percer. Généreux, actifs, donnés même, ils ne se laissent pas infiltrer facilement par un amour qui les poursuit. Il faut bien le dire : se laisser aimer est peut-être plus difficile que d'aimer. Pourquoi ? Sans doute parce qu'on ne veut pas être redevable aux autres du bonheur qu'ils nous prodiguent.

Si l'on veut que l'amour fleurisse autour de soi, pourquoi ne pas faire comme l'enfant, se laisser aimer sans fausse honte et avec joie : d'abord et avant tout par Dieu lui-même.

Mgr Jean-Guy Hamelin, 10 mars 1999

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Commentaires

Merci !

C' est l' évocation de la naissance qui me rejoint dans ce texte .
En écho - et dans la perspective de Noël qui approche - ,je pense à trois naissances : naître à soi- même , aux autres et à Dieu !

Bonne lecture de ces textes :


Le voyageur sur la trace des rois mages ( extraits du texte de Julos Beaucarne )

Ainsi me disais- je, j' apporterais de l' encens à un enfant lointain, né sous une étoile bonne à coup sûr, et mes compagnons seraient rois, ils traîneraient derrière eux des tombereaux de myrrhe et d' or, ils viendraient de tout partout et même du bout du monde. On accrocherait au ciel une ribambelle d' étoiles non encore identifiées, elles seraient les gardiennes d' un mystère qu'on est loin d' avoir éclairci . Il est dit qu' à cause de la rime, ce serait Melchior qui apporterait l' or, Balthazar le hasard et Gaspard l' or noir et nous serions les artisans de la lumière qui vient d' en haut ou au- delà de l' en haut ; d' épiscopaux prélats marcheraient majestueux, coiffés de hautes tiares de bazar, s' appuyant sur des crosses qui capteraient toute l' énergie du monde et vous qui lisez à voix haute ce livre, où seriez- vous dans ce décor, mes princes de la bourlingue, mes chercheurs d'or ? ....

.... Nous sommes des chercheurs opiniâtres d' une parole outre- parole, mais peut- être bien que nous la cherchons trop loin , car les rois mages marchent en nous depuis le commencement du monde, l' étoile même qu' ils cherchaient brille au fond de nous, elle nous conduit peut- être au lieu où nous allons naître vertigineusement à nous- mêmes, allez savoir, elle irradie au zénith de notre firmament interne. Nous n' avions répertorié sur notre mappemonde intérieure que les déserts, nous ignorions qu' en nous, il y avait une vallée fertile où coulaient en abondance et lait et miel . Ce sont donc trois rois qui sommeillent en nous ....
- JULOS BEAUCARNE _

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Voici un texte d’ Adolphe Geshé qui relie notre naissance à la nativité de Dieu .A l’ approche de Noël, nous pouvons retirer de ce texte toute sa saveur !

“  Tous  nous avons une date de naissance, notre date de naissance; qui traîne dans les dérisoires fichiers d’ un état civil et sur une pauvre carte d’ identité . Or cette date  prend
son calcul, à chacun unique et personnel, d’ un Jour d’ éternité où Dieu prit demeure dans un jour de notre temps. Nos maisons communales, mêlées à tout un fatras administratif et contingent, conservent une date dont le chiffre se réfère à un geste qui s’ est décidé dans le ciel. On ne peut rien contre cela. Notre naissance se nombre sur la Nativité de Dieu.

Notre être naît, repose et meurt auprès de cet Enfant. Et les anges vêtus de blanc  ou d’ or qui ont “ chanté l’ hymne dans les cieux”, sont ceux- là même qui ont été préposés à notre naissance et s’ appuieront un jour au bord de notre tombe de la nouvelle naissance, au nombre de trois, - car il faut être trois pour attester et prouver ( voir 1 Jn 5, 7 )

Quelle est notre grandeur! Quelle connivence avec Dieu! Quel discours sur notre transcendance, et qui en dit plus que ceux dont nous pouvons déjà nous flatter en nous comparant aux êtres qui ont précédé notre genèse !

Peut- être est- on grand davantage par l’ horizon que par l’ aurore . Surtout quand cet horizon n’ est pas seulement celui de notre devoir, de notre vertu, de notre besogne. Mais celui de notre participation au propre dessein de Dieu ( “ Adveniat regnum tuum” ), à l’ oeuvre qui est la sienne propre ( Dei enim sumus adiutores - 1 Cor 3, 9; voir 2 Cor 6, 1 ) . Quelle preuve plus grande pouvons -nous souhaiter ?                    
                                                          - Adolphe Geshé , L’ Homme, 
, p.127

Très belle journée !

Écrit par : Myriam de Terwangne | 04 novembre 2017

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