22 avril 2011

La désespérance.

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Là aussi, c’est une réaction fréquemment décrite dans la Bible. Le prophète Jérémie finit par maudire le jour où sa mère l’a mis au monde. « Si j’avais pu ne pas naître », quelle désespérance que de dire cela ! Combien de fois avons-nous entendu cela : « J’aurais mieux fait de ne pas exister, j’en veux à mes parents de m’avoir conçu ». Une des réactions devant la souffrance, c’est le sentiment d’abandon, de solitude, de gâchis : « tout fiche le camp », tout casse, tout lâche !

Alors, que faire ? Ici, on est très démuni tant l’amour ne semble plus exister. En premier lieu, il faut du bon sens de la part de ceux qui essaient d’aider ces personnes. Et tout d’abord savoir reconnaître que l’on est quelquefois devant un problème physique de dépression. Il faut avant tout autre chose recourir aux médicaments qui sont une béquille provisoire, mais nécessaire pour retrouver pied. Quand on est devant la vraie dépression, inutile de se bagarrer seulement à coups de spiritualité. Mais quand bien même, j’aurais dépassé la phase purement dépressive, que je me serais aidé de médicaments ou d’une psychothérapie, il reste encore le problème de l’angoisse humaine que jamais une solution médicale ne fera disparaître. L’angoisse de se dire : « Mais pourquoi suis-je ainsi atteint ? »

Dans ces moments-là, christianiser la souffrance, c’est se faire suppliant envers Dieu. Relisons ces psaumes qui disent : « Du fond de l’abîme ». Ce mot abîme est très fort. Dans ces moments de désespérance, il faut avoir le courage, l’ascèse d’exercer sa mémoire sur ce que  Dieu a fait pour moi, car enfin, c’est vrai, je souffre, j’éprouve un sentiment d’abandon, mais rares sont les personnes qui peuvent dire : « Tout n’a été qu’échec dans ma vie ».Il y a eu aussi des moments de joie, de réussite. Et il faut savoir les regarder. Mais il est vrai que pour un grand nombre de personnes, quand la désespérance est forte, même ce regard n’est plus possible. Il arrive même que le fait de regarder ce qu’il y a de positif dans sa vie enfonce encore un peu plus. C’est pour cela que c’est si difficile. En tous cas, il faut contempler la figure de Jésus qui mène le combat de l’espérance au cœur du sentiment d’abandon. Jésus ne fait pas le malin, il ne dit pas à ceux qui sont au pied de la Croix : « Regardez comme je souffre bien ».Il ose dire la vérité et la parole de Paul s’applique tout à fait à Jésus : « C’est quand je suis faible qu’alors je suis fort ».

Dans les moments de désespérance, il faut avoir le courage du premier pas. C’est vrai que lorsqu’on désespère, on a rarement ce courage. Il faut donc demander à Dieu d’avoir la force d’aller au-devant de l’autre pour lui dire : « Tu sais, je touche le fond »C’est très important car il y a une seule façon de croire encore à l’amour quand on désespère, c’est d’expérimenter la présence de quelqu’un qui auprès de vous, humblement, est là en train de vous respecter. Quand je désespère, quand l’amour semble loin, c’est d’expérimenter qu’il y a une petite source d’amour pour moi ici et maintenant : la présence d’un ami. Alors, s’il y a une petite source d’amour, c’est peut-être qu’il y a une grande nappe d’amour qui l’alimente.

Comment ne pas souhaiter que chacun d’entre nous puisse, lorsqu’il souffre, prononcer ces merveilleuses paroles de saint Paul (Romains VIII) :

« Seigneur, si tu es pour nous, qui sera contre nous, qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, les périls ? Non, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort, ni,vie, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus ».

Puisse le Seigneur nous donner le courage pour le combat victorieux de l’espérance !


Xavier THEVENOT.

 

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