25 février 2009
Jeûner, au sens fort ...
Voici le message de Carême du cardinal Danneels. Il fait écho au message du pape Benoît XVI sur la pratique du jeûne solidaire : Jeûner, au sens fort...
source : catho.be
"Voici le retour du Carême, les quarante jours de préparation à Pâques, le temps d'entraînement que l'Église vit chaque année pour mieux célébrer le mystère pascal de son Seigneur. Il est frappant de voir que notre époque a presque complètement évacué le jeûne dans sa dimension physique. Qui jeûne encore 'littéralement' ? Certes, le Carême est plus qu'une abstinence corporelle. Il consiste aussi à prier et à donner aux pauvres. Le jeûne proprement dit a presque totalement disparu. Ou plutôt, il a glissé vers le monde du fitness et du bien-être : nous jeûnons pour rendre notre corps plus sain et plus beau. À cela, il n'y rien à redire. Mais jeûner, c'est plus que 'soigner sa ligne'. Tout au début de la Bible - dans le récit du paradis - Dieu dit : « Tu ne mangeras pas de cet arbre ». Il nous demande l'abstinence et la maîtrise de nous-mêmes.
Il s'agit sûrement de bien plus que d'une cure de santé. L'Adamà peine créé n'avait pas de problème de surpoids. Il avait plutôt besoin d'une cure de santé spirituelle. En effet, le fitness et le bien-être sont aussi nécessaires à l'âme. Le Carême revient chaque année comme un temps de maîtrise de soi, de discipline douce pour nous débarrasser de tout ce qui nous replie sur notre 'moi'. Il crée un espace pour une vie plus décentrée de nous-mêmes, davantage tournée vers Dieu et vers autrui. Qui jeûne devient plus 'léger' dans tous les sens du mot : le bien se fait plus facilement et le mal perd de son charme. L'esprit est plus clair : nous voyons et entendons mieux et notre perception s'affine.
Par contre, un estomac plein nous rend somnolents. Jeûner nous donne de mieux entendre Dieu qui nous parle, de trouver plus de fraîcheur dans l'Écriture, de percevoir en profondeur comment sa Parole s'adresse à nous, à moi personnellement. Nous devenons plus souples pour accomplir la volonté de Dieu. Jeûner nous unifie intérieurement ; nous comprenons mieux et notre volonté s'affermit pour 'faire le bien et rejeter le mal'. Nous devenons plus libres. Les liens qui nous entravent - le désir de posséder, de jouir et de dominer - se desserrent.
Jeûner nous fait toujours mourir un peu à nous-mêmes et nous apporte une sorte de joie pascale. Pratiquer le jeûne ne nous donne pas seulement de nous tourner davantage vers Dieu, mais aussi vers nos frères et soeurs en détresse.
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C'est pour cela qu'Entraide et Fraternité lance chaque année sa campagne de Carême. Nous nous rapprochons les uns des autres et en particulier des plus démunis. Il y a en outre un strict devoir de justice : ce que nous n'utilisons pas appartient aux pauvres, disait déjà Ambroise au IVe siècle. Tout ce qui pend dans nos armoires et que nous n'utilisons pas, n'est pas à nous. Les biens de ce monde appartiennent à tous. Ils ne nous sont prêtés qu'en fonction de nos nécessités. Le superflu ne nous appartient pas. Jésus dit : « Lorsque vous jeûnez, ne vous faites pas remarquer ». Cela reste bien sûr toujours d'actualité. Mais commençons par jeûner. Que les autres ne le remarquent pas est secondaire. Bon Carême !" (Pastoralia)
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