20 juin 2008

lettre à un ami

coquelicot2[1]


 
Et un des jeunes gens dit: Parle-nous de l'Amitié. Et il répondit, disant:
 
Avec vos amis vos vœux trouveront leur accomplissement.  Ils sont le champ que vous ensemencez avec amour et moissonnez avec gratitude.  Et ils sont votre table et votre feu.  Car vous ne craignez pas de vous présenter devant eux avec votre faim et cherchez l'apaisement en leur compagnie.
 
Lorsqu'un ami révèle le fond de sa pensée, vous ne craignez pas de l'écouter ouvertement, sans craindre de vous fermer à ce qu'il vous dit, et vous n'avez pas peur d'aller vers lui avec le " oui " de l'assentiment.  Et lorsqu'il est silencieux, votre cœur est encore à l'écoute de son cœur;  Car en amitié, les pensées, les désirs et les attentes sont donnés et partagés sans paroles, avec une joie discrète.
 
Quand vous devez vous séparer de votre ami, ne soyez pas affligés; car ce que vous aimez le plus en lui pourrait vous être révélé encore plus clairement en son absence, comme la montagne que l'on escalade apparaîtra plus clairement depuis la plaine.
 
Et ne cherchez pas à retirer de l'amitié autre chose que l'approfondissement de l'esprit. Car l'amour qui ne vise pas exclusivement la découverte de son propre mystère n'est pas de l'amour, mais un filet que vous auriez tendu: vous ne saurez qu'y prendre des tourments. Que le meilleur de vous-mêmes soit pour vos amis.
Si vous leur faites connaître vos revers de fortune, faites-leur connaître aussi vos succès.
 
Que faites-vous de l'amitié, si vous ne recherchez vos amis que pour tuer le temps?
Recherchez plutôt leur compagnie pour faire vivre les heures.  Car il leur incombe de combler vos besoins, mais non pas votre vacuité. Et dans la douceur de l'amitié réservez une place pour le rire et une place pour le partage des plaisirs.
 
Car c'est par la rosée des petites gentillesses que le cœur redevient matinal et se rafraîchit
 

texte de Kahlil Gibran

14 juin 2008

Faites ce qu’il vous dira…

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Voilà les derniers mots de Marie
Que rapporte l'Evangile.
C'est son testament spirituel:
"Faites ce que Jésus vous dira".
Ne ferme pas ton cœur à l'Esprit de Dieu.
Aie du cœur pour les hommes autour de toi.
Car Dieu ne vient jamais seul,
Mais ses amis l'accompagnent:
Les pauvres, ceux qui n'en peuvent plus,
Ceux qui sont seuls....
Ton cœur est-il assez grand
Pour les accueillir?
Tes mains sont-elles ouvertes pour les aider?
Si Dieu a son mot à dire,
Tu pourras faire ce qui serait impossible sans lui.
Et Marie, qui fut la mère de Jésus, Fils de Dieu,
N'aurait-elle pas aussi son mot à dire?

Jean Thibaut - Banneux 1988

12 juin 2008

Aimer, c'est le talent de notre humanité !

 transparence[1]

 
Aimer et libérer !
 
On parle beaucoup d'amour, on ne parle pas assez d'aimer.  Nous devons aimer pour vivre en aimant.  Cela paraît évident, mais trop nombreux sont nos refus d'aimer, d'être aimé, de nous aimer nous-mêmes. 
 
Nous devons rechercher à recevoir "simplement" les temps de notre vie comme des champs d'amour que nous devons travailler pour y semer la vie.  Dieu a besoin de nous, tel que nous sommes.  Il compte sur notre transparence pour "devenir" au monde.  Cette dimension de l'incarnation est la plus belle preuve de son amour.  C'est aussi la plus grande de nos responsabilités.  Travaillons donc cette transparence pour qu'Il puisse ainsi, à travers nous, toucher le monde.  Laissons-nous faire et pour nous abandonner à Lui, sachons-nous abandonner à nous-mêmes.  Nous avons trop besoin de vérité pour exister vraiment. 
 
Moi et moi-même, moi et Dieu, moi et les autres, tout nous parle de ce constant besoin d'être des êtres en relation, ce constant besoin de nous relier pour vivre. 
 
Dieu, les autres et moi, voilà le chemin trinitaire de notre vie où nous devons garder le juste équilibre.   Un juste équilibre, qu'il n'est jamais facile de tenir.  Souvent, on est tenté de garder le milieu, de faire comme si tout était bien et pourtant, c'est là, dans ces lieux stériles, que la vie cesse de se renouveler.  Tout se fige.  Il faut sans cesse avancer, pas forcément à grand pas mais en nourrissant notre volonté d'aller plus loin. 
 
Choisir les extrêmes est tout aussi dangereux.  Garder l'équilibre, c'est éviter l'aveuglement des certitudes, c'est oser la possibilité de l'opposé, du différent, de l'étranger.  C'est garder notre capacité d'étonnement, de changement.  C'est vivre la différence de la nouveauté.
 
Grande est notre capacité d'aimer.  Elle est le talent de notre humanité.  A nous de redécouvrir ce don, cette force.  A nous de devenir des ouvriers d'Amour.
 
Mais nous ne saurons partager ce présent que dans la liberté.  Elle est la chaleur du verbe aimer, elle en est le fruit et la volonté.  Aimer, c'est libérer.  C'est permettre à l'autre de naître, c'est lui donner la vie.
 
L'amour que l'on partage, l'amour que l'on ressent, ne l'est vraiment que dans le respect et la liberté.  Ne forçons pas l'amour.  Ne l'imposons pas.  L'amour ne sera jamais un combat mais un don qui ne peut se partager que dans la mesure où il se reçoit.  L'amour est un choix qui détermine la vie et qui impose qu'on lui abandonne tout le reste.  C'est dans cet abandon qui libère que nous pouvons prendre conscience de sa "toute puissance".
 
Choisir d'aimer, c'est vouloir vivre libre.
 
Non pas hors de toute contrainte, mais au contraire, plongé dans nos réalités, l'amour donne la juste mesure des évènements et nous oblige sans cesse à renouveler les "oui" de nos engagements. 
 
Aimer c'est libérer.  Libérer, c'est aimer.  Voilà les verbes que je vous confie en vous invitant à les articuler à votre quotidien.  Au travers de vos actions, au fil de vos engagements, soyez généreux et patients. 
 
Confiez la vie et bénissez-la.  Toujours et partout.

Franz Defaut

11 juin 2008

Éclats d’éternité

Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Lc 10, 29) Parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. (1 Jn, 3, 14)


 nature36[1]

Le savant a un sacré problème. Il s'emberlificote dans des questions de principe. Il voudrait mettre au point l'orthodoxie, bétonner sa théologie. Belle prise de tête ! Espère-t-il calmer ainsi ses états d'âme ? Faire le tri entre ceux qui méritent un détour et ceux à côté de qui on peut passer sans remords ? Economiser son altruisme ? Il est comme paralysé.
Jésus, Bon Samaritain, vient à son aide. Il ne répond pas exactement à la question du professeur : « Qui est mon prochain ? », mais il lui fait comprendre quel est son problème. 
 
Il lui raconte une histoire. Une histoire comme nous les aimons bien, celle d'un homme libre qui agit sans chercher de raisons. Il agit parce que c'est bien, parce que c'est humain. Il n'y a pas besoin de principes. Il ne va pas raisonner et se dire que dans le blessé on peut voir un enfant de Dieu ou le visage du Christ. Non ! Quand quelqu'un est là sur le bord de la route, attendant de l'aide, on ne se pose plus de questions, on laisse parler son cœur ! 
 
Et quand le cœur parle, il y a du prochain partout. Or, ils sont nombreux autour de nous ceux qui se font proches et qui rendent des services sans arrière-pensée, sans l'aiguillon d'un commandement, sans justification théorique. Ils seraient étonnés de s'entendre dire qu'ils sont des bons Samaritains, et même, ils n'aimeraient pas ça. Or, ils nous autorisent à faire quand même un peu de théologie en vérité. Ils permettent de dire que, quand on est profondément humain, on est aussi profondément le cœur et les mains de Dieu. Que, s'ils n'étaient pas là, Dieu ne serait pas si proche de chacun de nous, Il nous manquerait cruellement ! 
 
Ils ne savent pas qu'en donnant des minutes de leur temps, ils reçoivent des moments d'éternité, ils n'y pensent même pas. Ils seront bien surpris lorsque Dieu leur dira : « c'est à moi que vous l'avez fait ». 
 
Ils sont libres comme l'air, ils sont en voyage. Ils arrivent au bon moment, ils sont une chance pour ceux dont ils croisent le chemin. Et puis, ils repartent, ils ne s'appesantissent pas. Ils ne réclament pas de la gratitude. Mais ils laissent ces deux pièces d'argent qui nous permettront de passer les trois jours qui nous séparent de la résurrection.
Seigneur, je ferai de mon mieux pour faire fructifier les deux pièces que tu me donnes à travers eux. Mais ne t'éloigne pas de trop. Merci pour ceux qui se font proches et me font ressusciter au jour le jour.
 Jean-François Meurs  -  DBA °944

07 juin 2008

Non pas par violence mais par persuasion

Fénelon (1651-1715), archevêque de CambraiDiscours prononcé au sacre de l'Électeur de Cologne, second point ; in Oeuvres (1823), t 17, p. 161-163


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Nulle puissance humaine ne peut forcer le retranchement impénétrable de la liberté d'un cœur.
 
      Pour Jésus Christ, son règne est au-dedans de l'homme, parce qu'il veut l'amour. Aussi « n'a-t-il rien fait par violence, mais tout par persuasion », comme dit saint Augustin. L'amour n'entre point dans le cœur par contrainte : chacun n'aime qu'autant qu'il lui plaît d'aimer. Il est plus facile de reprendre que de persuader ; il est plus court de menacer que d'instruire ; il est plus commode à l'impatience et à la hauteur humaine de frapper sur ceux qui résistent, que de les édifier, que de s'humilier, que de prier, que de mourir à soi, pour leur apprendre à mourir à eux-mêmes. Dès qu'on trouve quelque mécompte dans les cœurs, chacun est tenté de dire à Jésus Christ : « Voulez-vous que nous disions au feu de descendre du ciel pour consumer ces pécheurs indociles » ? Mais Jésus Christ… réprime ce zèle indiscret.
 
      ... Toute indignation, toute impatience, toute hauteur contraire à cette douceur du Dieu de patience et de consolation est une rigueur de pharisien. Ne craignez point de tomber dans le relâchement en imitant Dieu-même, en qui « la miséricorde s'élève au-dessus du jugement »