29 mars 2010

Méditations pascales

de Jean Vanier

Sans titre 5
 

Jésus meurt parce qu'il aime. Il aime ses disciples mais aussi ceux qui sont en train de le tuer. Il aime follement l'humanité toute entière. Il sait qu'en allant jusqu'au bout du don de lui-même, il va donner la vie.

La mort de Jésus est paradoxalement féconde. Jésus n'a pas choisi de mourir, il a choisi d'aimer et c'est cet amour total, absolu, sans retour, qui l'a mené à la mort.

Je crois que nous ne pouvons pas regarder le vendredi Saint en oubliant le jeudi Saint. Le jeudi, lors de la Cène, Jésus prend du pain et  dit : « Ceci est mon corps, mangez-en tous. » Déjà s'exprime le désir d'habiter à l'intérieur de nous, de rejoindre notre vulnérabilité. Puis il se met à genoux et lave les pieds de ses disciples. Ce n'est qu'à la lumière de ces deux gestes de don que nous pouvons comprendre la mort en croix du vendredi. Le don de l'amour précède la mort.

Et finalement, l'amour est plus fort que la mort. C'est le mystère du matin de Pâques. Jésus ne ressuscite pas pour lui-même mais pour nous. Il veut nous entraîner dans la résurrection. Et pas seulement la résurrection des corps à la fin des temps, mais une résurrection progressive, comme une lente et patiente maturation dans notre vie quotidienne.

Nous avons à comprendre que Jésus nous invite à être des hommes et des femmes transformés. Nous avons à laisser la semence de la grâce pousser en nous pour que notre regard, notre intelligence, notre imagination, notre corps, notre affectivité soient transformés. Nous avons, peu à peu, à apprendre à regarder les autres comme Dieu les regarde.

C'est cela la foi. La plupart du temps nous regardons les autres à partir de nos blessures, de nos fragilités, de nos peurs. Notre résurrection est une transformation très lente où l'Esprit saint, progressivement, transforme notre intelligence, notre cœur pour que nous devenions pleinement des filles et des fils de Dieu

10 février 2010

Pour quoi vivre ?

Sans titre 1

 

 

On me demande souvent : quel est le but de ta vie ?
 
Malgré toute cette absurdité, j'ai pourtant une certitude qui me tient au corps depuis ma rencontre avec Dieu dans l'adoration,
Alors que j'étais jeune moine capucin. Alors, en tremblant, l'intelligence scandalisée, mais avec la conviction du cœur et de la foi, je réponds : le but c'est d'apprendre à aimer.
 
Aimer, c'est quand toi, l'autre, tu es heureux, alors je suis heureux aussi. Et quand toi, l'autre,  tu es malheureux, tu souffres, alors j'ai mal aussi.
 
C'est aussi simple que cela. Alors je dis : la vie, c'est un peu de temps donné à des libertés, pour, si tu veux, apprendre à aimer, avec la certitude de devoir lutter contre le mal.
 
Sens de la création : que l'amour réponde à l'amour. S' il n'y avait pas ce point culminant où tout d'un coup deux libertés peuvent se donner et s'aimer, toute la création serait absurde.

                        

(Abbé PIERRE, tiré du livre : Mon Dieu pourquoi ?)

09 février 2010

Regard.

Sans titre 2

 

 

Il y a des personnes qui sont comme des lumières.  Des clartés : elles font lever les yeux !

Quand on les regarde, c'est comme une invitation à se redresser, à quitter les positions assises de l'habitude.  A grimper sur la montagne avec elles. A devenir un autre. A suivre leurs traces pour devenir soi-même dans le total épanouissement des beautés cachées en nous.

Dans la vie, beaucoup dépend des personnes que l'on choisit de regarder ? Puisque d'une certaine façon on décide de les suivre. Puisque d'avance on sait qu'elles vont nous entraîner. Puisque d'une certaine façon, on se prépare à leur ressembler.

Pas à les imiter ! Jamais ! Mais à inventer soi-même sa vie en se laissant éclairer.

Si on regarde celui qui ne craint pas de parler avec courage pour dévoiler les injustices et les méchancetés, celle qui agit pour que chacun soit respecté...

Si on regarde celui ou celle qui est toujours prêt à rendre service, à faire passer l'autre avant lui, qui donne sans compter, qui partage et lutte contre la pauvreté...

Si on regarde celui ou celle qui met le sourire sur les lèvres, qui n'utilise pas le coup de griffes, qui place la bonté et la tolérance dans son regard et ses paroles, qui ne juge pas...

Si on regarde Jésus de Nazareth et son Evangile qui est une Bonne Nouvelle...

Si on regarde toujours la lumière, elle finit par se poser sur le visage, elle y reste et le transfigure.

 

Charles SINGER

06 février 2010

Qui est cet homme ?

 Sans titre 1

 

Qui est cet homme, venu de loin, qui enjambe nos montagnes et nos vallées, nos plaines et nos forêts, notre présent et notre passé ? 

Qui est cet homme, venu de loin, dont le pas est lent comme celui d'un berger et qui tient une houlette en forme de croix ? 

Qui est cet homme, venu de loin, qui cherche à rassembler son troupeau dispersé et dont le visage s'illumine de joie quand il porte sur ses épaules ou dans ses bras, un bout de l'humanité qu'un pillard lui avait volé ? 

Qui est cet homme, venu de loin, dont le cœur est une porte ouverte en plein vent, mais si étroite, que pour y passer il faut être un enfant ? 

Qui est cet homme, venu de loin, dont les pieds et les mains sont usés jusqu'au sang et qui, au carrefour des chemins, de l'espace et du temps, dresse des croix afin que son troupeau en le suivant ne se perde pas ? 

Qui est cet homme, venu de loin, qui appelle, en passant, une poignée de pêcheurs et de paysans, pour les initier au même métier que lui : au choix de bons pâturages et au soin des brebis, celles qui sont malades ou blessées, et transmettre à chaque nouveau berger cette même houlette en forme de croix ? 

Qui est cet homme, venu de loin, qui rassemble ses brebis dispersées, aux quatre coins de leurs rêves, perdues dans les brouillards et les ténèbres, pour les conduire sur des verts pâturages, sur une montagne inondée de lumière ? 

Qui est cet homme, venu de loin, qui m'a fasciné sur le chemin ?

 

 (Prier les paraboles)

02 février 2010

Est-il vrai, Seigneur, que tu crois encore en moi ?

Sans titre 1
 

 

Est-il vrai, Seigneur, que ton cœur bondit de joie quand je décide de remonter la pente, de tourner le dos à mes impasses, de repartir sur une autre route, de reprendre le chemin de la vérité ?

Est-il vrai, Seigneur que tu crois encore en moi quand moi-même, désabusé, je n'ose plus me regarder ?

Est-il vrai, Seigneur, que tu ne te lasses jamais d'aimer, que tu n'as aucune envie de me condamner, mais que tu désires, infiniment, passionnément, me voir heureux, heureux d'être un homme, heureux d'être ton fils ?...

Seigneur, tu le sais, j'ai tout essayé pour t'oublier. Je voulais être moi-même ! Sans avoir de compte à rendre à personne. Je voulais tout, sans contrainte, être libre, libre, libre... 

Mais, à quoi bon tricher ! Je n'ai pas trouvé le bonheur que je cherchais.

Pourquoi étais-je si malheureux, dégoûté de moi-même, des autres et du monde ? J'avais soif d'autre chose, mais de quoi ? Etait-ce de toi, mon Dieu et mon Père ?

Mon enfant, il te manquait mon amour. Mais ce soir, oublions le passé ; tu es revenu à la maison, prends un bain, mets une chemise propre, détends-toi, apaise-toi, viens la soupe fume sur la table.

Si tu savais mon enfant, combien de fois je suis venu frapper sur les volets clos de ton cœur, combien de fois, je t'ai attendu au bout de tes impasses, guettant le moindre signe de ton retour ? Si tu savais, mon enfant, combien je suis heureux, ce soir, de te revoir, là, près de moi, vivant !

                                                     

(Prier les paraboles de Michel HUBAUT)