17 avril 2012

Un regard sur les jeunes français d’aujourd’hui

 

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RMG – Projet Europe: la jeunesse en France

Aujourd'hui, on parle de crise. Mais voilà quarante ans qu'on en parle. Une crise qui dure, ce n'est pas une crise, mais une mutation. Jean-Marie Petitclerc nous offre un cadre qui réclame des interventions immédiates.

Tous les auteurs, qu’ils soient sociologues ou journalistes, en conviennent. La Jeunesse, avec un grand J, n’existe pas. « La jeunesse n’est qu’un mot », comme l’affirmait Pierre Bourdieu dans « ses questions de sociologie ». Et ce mot est piégé : il fonctionne comme un fourre-tout, commode mais trompeur.

Les jeunes sont très diversifiés, et le risque est grand de parler de la Jeunesse à partir des jeunes que nous rencontrons. C’est aujourd’hui un risque majeur pour l’Eglise de France. Elle a tendance à parler de la jeunesse à partir des jeunes qui ont participé aux JMJ de Madrid. Mais une enquête sociologique, réalisée par l’hebdomadaire La Vie, montre qu’il s’agit essentiellement de jeunes issus de milieux favorisés, et dont la grande majorité compte parmi la petite minorité qui va à la messe de manière régulière ! Ces jeunes sont loin d’être représentatifs de la jeunesse de France !

Les jeunes sont bien différents entre eux … mais ils ont en commun de vivre le passage de l’âge de l’enfance à l’âge adulte, dans le contexte de notre société actuelle. On parle aujourd’hui de crise. Mais voici plus de quarante ans qu’on parle de crise. Une crise qui dure, ce n’est pas une crise, c’est une mutation. Vivre sa jeunesse dans un tel contexte n’est pas chose facile. Ce ne sont pas les jeunes qui brusquement ont changé, c’est le contexte dans lequel ils vivent et la manière dont les adultes les accompagnent.

Le primat de l’affectif sur l’institutionnel

Ce qui fonctionne aujourd’hui, ce sont soient les petits groupes de 4 ou 5 - parce que dans de tels petits groupes, on camoufle ce qui est différent, et on conforte son « moi je » - soient les groupes de 1 000, 2 000, 10 000… Alors là, il suffit de placer au centre une bonne vedette, et se diffuse une grande chaleur fusionnelle de 10 000 « moi je » qui vibrent ensemble. Par contre, le groupe de 15-30, où l’on est obligé de se confronter à la différence de l’autre, de se répartir des rôles, constitue une expérience plus difficile à vivre.

Ce primat de l’affectif génère une difficulté pour le jeune d’aujourd’hui de reconnaître le rôle positif des diverses institutions.

De plus, le rapport à l’autorité est de moins en moins statutaire ; l’autorité liée à une fonction institutionnelle est aujourd’hui contestée par bon nombre de jeunes ; elle est de plus en plus relationnelle, liée à la qualité de la relation adulte/jeune.

Le primat de la culture de l’entre-jeunes sur l’intergénérationnel

Une grande difficulté des jeunes d’aujourd’hui réside dans le fait que tous les jeunes circulent dans trois lieux : la famille, l’école et la cité. Chacun de ces lieux est marqué par une culture : la culture familiale, imprégnée des traditions d’origine, la culture scolaire, imprégnée de la tradition républicaine et la culture de la cité, qui est fondamentalement devenue une culture de l’entre-pairs, autrement dit de l’entre-jeunes, les adultes ayant un peu déserté l’espace public.

Une grande évolution réside, aujourd’hui, dans le fait que cette culture de l’entre-pairs a tendance à devenir de plus en plus prégnante. Elle  a tendance à envahir l’école, (surtout lorsque celle-ci est située au cœur du quartier), et à renvoyer la famille à la marge. Les parents arrivent tant bien que mal à gérer l’espace familial, mais sont de moins en moins à l’aise pour intervenir dans les autres champs de vie de leur enfant, tant ils se sentent décalés face aux codes de communication utilisés, si différents des leurs.

Le développement de l’Internet favorise un tel primat. Des jeunes qui, physiquement sont dans la sphère familiale, mais qui, mentalement, peuvent rester dans la sphère de l’entre-pairs, avec lesquels ils ne cessent de communiquer via les réseaux sociaux (twitter, facebook).

Enfermés dans ces codes de l’entre-pairs, les jeunes ont alors de plus en plus de mal à intégrer le monde du travail. Et le plus grand obstacle que rencontrent aujourd’hui les jeunes dans l’insertion dans le monde de l’entreprise réside parfois moins dans leur absence de qualification, que dans l’écart de comportement entre celui véhiculé dans la cité et celui attendu dans l’entreprise.

Le primat de l’instant sur la durée

La raison principale du mal-être de la jeunesse française réside dans le regard négatif que les adultes portent sur demain. Un tel climat engendre chez les jeunes français une crise de confiance en l’avenir, qui possède de grandes incidences sur leurs comportements dans le présent. Nous assistons chez eux à un développement des conduites de l’instant, de ce « tout, tout de suite » qui caractérise tant de discours et de comportements adolescents et qui est si générateur de violence.

Une société qui ne permet pas à une frange importante de sa jeunesse de se projeter dans l’avenir est une société qui, en quelque sorte, fabrique de la délinquance !

Cette perte de confiance dans l’avenir est également synonyme d’une montée de la déprime, qui est la pathologie la plus fréquemment rencontrée chez les adolescents d’aujourd’hui. Nous savons combien le problème du suicide est devenu préoccupant en France qui compte parmi les cinq pays occidentaux où le taux est le plus élevé chez les jeunes.

Le problème du suicide des jeunes devient crucial. D’autant que bon nombre d’adolescents, même s’ils ne passent pas à l’acte, sont habités par des idées suicidaires. Une enquête de l’INSERM, menée auprès d’une population âgée de 15 à 19 ans, montrait que plus de 10% des adolescents interrogés étaient habités par des idées suicidaires.

Tel est l’état moral de notre jeunesse. Il est grand temps aujourd’hui en France de prendre la mesure du problème.

Jean-Marie PETITCLERC, sdb
source: ANS (Agence Info Salésienne - 03042012)


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15 avril 2012

Vivre ensemble et seul dans l’intimité du Christ ressuscité

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Jésus ressuscité entre dans la gloire de son Père. Il remonte vers le Père, comme il le dit à Marie-Madeleine. Il remonte vers le Père pour nous communiquer cette gloire qu'il avait avant que le monde fût.

Et quelle est cette gloire qui va transfigurer notre vie et lui donner une valeur incomparable? Cette gloire, c'est l'Esprit Saint qu'il va répandre dans nos cœurs. Cette gloire, c'est la présence de Dieu, son habitation au plus intime de nous. Voilà que le ciel vient en nous, et que Dieu nous habite, que notre vie est identifiée avec la sienne : « Le ciel, dit le pape saint Grégoire, c'est l'âme du juste. »

II nous arrive souvent de nous demander quelle est la valeur de notre vie. Nous voulons tous être uniques et donner un sens à notre vie. Et au terme de notre existence, nous ne voulons pas avoir vécu en vain. Mais comment notre vie pourrait-elle être unique sans faire tort aux autres ? Sans nous retrancher de la communion humaine ?

Et voilà le miracle et le mystère: en Dieu, le secret de chacun, son unicité et son universalité se confondent parce que toute grâce est une mission, parce que celui qui reçoit Dieu voit son cœur s'ouvrir à l'infini et devient une présence à tous les hommes. Voilà le mystère merveilleux que l'Église réalise d'une manière unique: la possibilité de relier les deux pôles de la vie commune et de la vie sociale : «ensemble et seul». On ne peut pas former une communauté sans vivre ensemble, mais on ne peut pas former une communauté véritablement humaine sans que sa propre solitude soit reconnue et respectée, car la communauté vaut ce que vaut la solitude de chacun.

Voyez le communisme, qui a envahi une partie du monde et qui n'a pas cessé d'offrir ses pièges en promettant un paradis à brève échéance. Le communisme se trompe, non pas parce qu'il préconise la communauté de biens — qui peut être acceptable et même admirable, qui est du reste le régime de la vie monastique —, mais parce qu'il ignore ou méconnaît la solitude. Il perd de vue que le bien suprême, c'est le bien qui s'accomplit au plus intime de chacun et que, si chacun est vraiment présent à la Lumière et totalement offert à la présence divine, chacun devient alors un bien commun, universel. C'est là le véritable universel, que l'on confond toujours avec le général. L'universel, c'est ce trésor confié à chaque conscience, c'est ce bien divin, le seul bien véritablement commun.

Lors d'un concert, si les artistes sont dignes de la musique qu'ils présentent, si toute la salle est unanime à écouter, si elle est une seule respiration, une seule aspiration vers la beauté, chacun éprouve alors cette beauté d'autant plus profondément que le silence est total. Cette beauté, chacun l'éprouvera comme le secret le plus intime de son cœur.

C'est là l'image d'une société parfaite et véritablement humaine: ensemble et seul. On communie ensemble à un bien suprême, un bien qui est intérieur à chacun et qui est le secret le plus intime de sa personne. Et c'est cette gloire que Jésus veut nous communiquer quand il répand son Esprit dans nos cœurs, cette gloire en laquelle nous nous enracinons dans la mesure où nous vivons le mystère de l’Église. Car l'Église a ses assises dans la conscience de chacun, et chacun de nous doit devenir toute l'Église. Sans doute n'avons-nous pas tous la même fonction dans cette Église, mais nous avons tous la même mission d'être les porteurs de Dieu, les porteurs du Christ. Par notre vie même, nous avons à témoigner de sa présence en le communiquant.

C'est cela qui nous remplit de joie en voyant le Christ ressuscité et remonté vers son Père devenir le dispensateur de la gloire divine qui est répandue dans nos cœurs par l'Esprit qu'il nous donne. Car, dès cet instant, chacun d'entre nous peut alors entrer dans une grandeur infinie et recevoir une mission universelle. Dès lors, même la vie la plus humble, la plus cachée, peut rayonner sur le monde entier et lui apporter la vie éternelle,

II faut retenir ce message, il faut garder avec le plus grand amour ce trésor confié à chacun de nous. Il faut que chacun de nous prenne conscience que l'Église, c'est notre affaire. Le salut du monde, chacun de nous en a la charge, et le sens même de chacune de nos vies, c'est de porter tout l'univers pour en faire à Dieu une offrande de lumière et d'amour.

Quel honneur si chacun de nous peut découvrir dans le silence de son cœur cette présence du Seigneur ressuscité, et si chacun de nous se sent promu, élevé et magnifié par ce don de Dieu, si chacun de nous acquiert par là un plus grand respect de sa vie et prend cette admirable résolution d'être digne de cette mission et d'apporter partout où il va ce merveilleux secret — sans le dire, mais dans l'amour même du Dieu qu'il porte en lui-même — en traitant l'autre avec un respect tel qu'il puisse découvrir au fond de son âme ce Christ qui est le Christ de tous, ce Christ qui est aussi le Christ de chacun, ce Christ qui nous appelle chacun par notre nom, ce Christ qui nous fait à la fois uniques et universels.

Oui, ce bien commun, c'est vous ; le bien commun de toute l'humanité, c'est chacune de nos âmes dans la mesure où nous laissons Dieu vivre en nous et susciter en nous cet espace illimité où toute la création puisse se sentir accueillie.

Avec quel bonheur nous allons rendre grâce au Seigneur qui nous appelle à une telle dignité et qui nous envoie dans le monde pour être un Évangile vivant, pour porter la paix et la joie, afin que chacun se sente infiniment aimé par le Christ, notre frère et notre Dieu !


Maurice Zundel,
Beyrouth, le 2 avril 1972

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14 avril 2012

Ecouter

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Le premier service
dont nous sommes redevables aux autres,
c'est de les écouter.
De même que le commencement
de notre amour pour Dieu
consiste à écouter sa Parole,
de même le commencement
de l'amour du prochain
consiste à apprendre à l'écouter.
Celui qui estime son temps trop précieux
pour pouvoir le perdre à écouter les autres
n'aura en fait jamais de temps
pour écouter Dieu et le prochain;
il n'aura plus de temps que pour lui-même.…

Dietrich Bonhoeffer, pasteur


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13 avril 2012

Justice et solidarité

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Le Christ ressuscité montre des chemins d'espérance,
pour que nous y avancions ensemble
vers un monde plus juste et plus solidaire,
où l'égoïsme aveugle de quelques-uns
ne l'emporte pas sur le cri de douleur d'un grand nombre,
réduisant des populations entières
à des conditions de misère avilissante.

Que le message de vie, dont l'ange
près de la pierre roulée du sépulcre se fait l'écho,
l'emporte sur la dureté des cœurs,
conduise au dépassement des barrières injustifiées
et favorise une rencontre féconde
entre les peuples et entre les cultures.

Que l'image de l'homme nouveau,
qui resplendit sur le visage du Christ,
pousse tous les hommes à reconnaître
la valeur intangible de la vie humaine;
qu'elle suscite des réponses appropriées
à l'exigence toujours plus profonde
de justice et de chances égales
dans les différents domaines de la vie sociale;
qu'elle engage les individus et les États
au plein respect des droits essentiels et authentiques,
fondés sur la nature même de l'être humain.

Jean Paul II
27 mars 2005

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12 avril 2012

REPAS ORDINAIRE... INFINIMENT !

 

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(Théologie pour piétons selon l’Evangile de Jean chap. 21 v. 1-14)

Mais non...
... ce n’était pas dimanche puisqu’ils étaient partis à la pêche !
Comme nous, lundi matin, quand nous reprenons le travail :

vous au bureau, lui au chantier et moi… à mes casseroles !

... pas forcément dimanche où, selon Sa Parole :
« Prenez et mangez ! Prenez et buvez ! »
ils avaient partagé comme nous, infiniment,
le pain et le vin de la Cène.
Repas que, soit-dit-en passant nous nommons
Son dernier mais… l’était-ce vraiment car là :
... ce devait être un de ces jours ordinaires
d’hommes et de femmes de bonne volonté pour lesquels non !
... ça n’est pas tous les jours dimanche !

Et voilà qu’à l’aurore, après une nuit de labeur,
ils Le voient, « toujours déjà là » sur la plage et,
à Ses pieds, disposés sur la braise, du poisson et du pain…

Ainsi tout était prêt !

Tout prêt pour eux puisqu’Il leur dit :
« Eh les enfants ! Venez déjeuner ! »

Je n’sais pas vous mais moi, ça me fait un bien fou de penser que Son :
« Je suis avec vous tous les jours… »
se conjugue sans cesse au présent et, le plus souvent, autour d’un repas :
sur une plage, à l’église, chez vous, chez moi où,
à Son invite :
« Eh les enfants ! Venez, car tout est prêt ! »
je puis, à la suite de Louis Evely,
répondre avec confiance :

« Notre Père, Tu es avec nous !
Tu nous as si bien partagé Ton pain
que Tu nous donnes l’idée,
l’envie et parfois le courage de partager aussi le nôtre… »

… courage qu’a eu peut-être Pierre avec
le trop-plein de son filet
... et après ce petit déj. d’une aube ordinaire et
 divine… infiniment !

Marie-Claude Pellerin

 

Sur la toile, parfois on pêche des étoiles ...
Sur la toile des mots parfois se mettent à danser sous une poète plume qui écrit au gré des jours, sa Foi
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