Heureux celui qui garde les mains vides,
Et laisse l’or et l’orgueil aux avides :
Un roi grandit dans le pauvre comblé.
Heureux celui qui, face aux violences,
Est lisse tel un roseau sans défense :
Les doux tiendront sur le monde ébranlé.
Heureux celui qui sait le don des larmes,
La grâce amère où la lutte désarme :
C’est l’affligé qui sera consolé.
Heureux celui dont le cœur et la tête
Ont faim et soif de justice parfaite :
Il trouvera sous la vigne le blé.
Heureux celui qui saigne mais pardonne
Et rend le bien pour le mal qu’on lui donne :
Devant son juge il paraît sans trembler.
Heureux celui qu’épargne toute fange,
Du clair regard où se mirent les anges :
Il verra Dieu sans en être aveuglé.
Heureux celui qui sème la concorde,
Les mots de miel dans les bouches qui mordent :
Un arc-en-ciel viendra l’auréoler.
Heureux tous ceux que d’autres jugent dignes
Du vieux mépris dont la croix est le signe :
Car du Royaume ils possèdent la clé.
Office de la veille de la solennité de la Toussaint
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