29 février 2012
Ascèse et mortification
La perfection, ce n'est pas de faire quelque chose de grand et de beau,
mais de faire ce que l'on fait avec grandeur et beauté
Swami Prajñanpad
Je crois que l'ascèse est une des choses principales pour le développement de l'être humain et que l'ascèse est nécessaire à la construction d'un art quel qu'il soit. L'ascèse consiste à choisir perpétuellement l'essentiel.
C'est en ne gardant que l'essentiel et le nécessaire que l'on trouve tout à coup les forces de la vitalité et de la vérité.
Je crois que la mortification est nuisible parce qu'elle a toujours un côté de répression et qu'elle a toujours un côté qui facilite la débauche inverse... L'épanouissement doit être une ascèse, un dépouillement qui n'est pas une contrainte négative comme la mortification. Les ascètes peuvent vivre d'une façon encore plus frugale qu'une personne qui se mortifie, mais les ascètes le prennent comme une espèce de décontraction totale, alors que la mortification implique toujours l'obligation.
L'ascèse, c'est se contenter du verre d'eau et du morceau de pain, et c'est la savourer avec délice, parce qu'au fond vous avez l'essence de la vie qui est l'eau et le pain et que vous n'avez pas besoin d'autre chose. Mais si l'eau et le pain sont une mortification, vous êtes condamnés au pain sec et à l'eau : c'est une punition. Au fond l'ascèse, c'est la joie, c'est une chose qu'on découvre petit à petit.
Le corps doit être profondément travaillé pour trouver sa liberté. Cette liberté est au-delà de la discipline. Pour que le corps participe à cette joie et à cette liberté totale, il doit passer à travers différentes étapes purificatrices.
Pour parler simplement du métier de danseur, un danseur est un être qui a commencé entre dix et quatorze ans à faire une série d'exercices chaque matin, et ils les fait toute sa vie, sans aucun jour d'interruption, tous les matins. Il s'impose une espèce de discipline au départ, qui lui permet de trouver sa plus grande liberté.
Finalement, quand on me dit: "Qu'est-ce que la danse ?", je réponds: à l'échelon des gens qui ne savent pas, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi ; à l'échelon des très bons danseurs, c'est avoir une discipline de dix ans ou de quinze ans et faire des choses très codifiées ; à l'échelon du véritable danseur, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi, mais après avoir passé vingt ans d'ascèse... C'est retrouver l'innocence et la liberté, mais avec un travail préliminaire.
Le danseur idéal, ce serait un être libéré loin de notre civilisation. Je crois qu'actuellement le drame de l'époque consiste à faire croire aux gens qu'en multipliant leurs besoins on augmente leur joie. En réalité, on augmente alors leurs attaches... La seule issue pour le monde actuel, c'est non la privation, je n'aime pas ce mot-là, mais c'est la joie dans le dépouillement.
Maurice Bejart
L'Art sacré n°1, ler trim. 1969.
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Vient paraître : INFOCoopBelsud - FERVRIER 2012
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28 février 2012
Tentations
Des tentations nous en avons toutes et tous. Parfois nous succombons, parfois nous résistons. Tout simplement parce que, au plus intime de nous-mêmes, nous savons que les tentations peuvent nous apporter soit le bonheur, soit le malheur.
Elles sont donc bien de deux ordres, c’est pourquoi il n’y a pas lieu de les rejeter toutes en bloc. Si on vous propose un délicieux morceau de gâteau, vous ne diriez certainement pas non et cela vous donnerait du baume au cœur. Pourquoi s’en priver ? Mais il existe également des tentations, qui, lorsque nous succombons, peuvent nous faire souffrir, abîmer notre intégrité, notre dignité.
Ces tentations-là sont bien évidemment à éviter même si parfois nous passons par des temps d’errance plus ou moins longs.
Le carême est une occasion unique qui nous est donné pour nous repositionner vis-à-vis de toutes ces tentations qui marquent nos vies.
Les tentations de Jésus au désert, quant à elles, sont un bel exemple de se laisser aller à demander des moyens qui facilitent la vie par des puissances magiques.
Nos prières peuvent être parsemées de « Seigneur, fais que… » ou encore « Que ceci se passe Seigneur et alors je m’engage à… »
Dans l’Evangile de Luc » il est dit de ne pas tenter le Seigneur ».
Tenter Dieu, écrit André Sève, c’est attendre de lui des choses qui, fausseraient tout : ce qu’il est, ce que nous sommes et la vie qu’il nous donne. Nos vies sont traversées d’angoisses, de peurs, de moments difficiles et de souffrances et nous ne les comprenons pas toujours. Tant de pourquoi restent en nous sans réponse et nous aimerions bien parfois vivre une vie faite uniquement de bonheurs et de joies.
A quoi notre foi peut-elle bien servir ? Elle n’apporte pas des moyens et des solutions pour rendre notre vie plus facile. La foi est la possibilité qui nous est offerte de vivre à fond des moments faciles mais également les moments difficiles de nos existences.
Nous ne sommes sur terre ni pour souffrir, ni pour vivre facilement mais pour vivre intensément, en abondance. Pour ce faire nous n’avons pas besoin de magie et de coup d’éclat, juste de l’amour pour ne jamais échapper à l’effort de vivre.
Que l’esprit de Dieu nous accompagne durant ce temps de carême pour que nous vivions de manière plus intense possible cette vie donnée avec pour seul objectif celui d’aimer.
Philippe Cochinaux
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27 février 2012
« VOUS ÊTES ENRACINES DANS L’AMOUR »
Don Bosco disait : vous allez me demander d’où vient l’affection qui permet d’éduquer. L’affection vient du cœur même de Dieu qui est l’amour infini. Cet amour se donne à nous par le baptême ; telle une sève, il monte et nourrit. Il permet d’accueillir et de faire confiance. « Nous sommes greffés sur le Christ, nous sommes « enracinés dans l’amour ».
Le secret de l’éducation repose sur l’amour-charité « qui prend patience, rend service, ne plastronne pas, excuse tout et endure tout ». Je l’ai exprimé en deux principes très simples.
D’abord, sans affection pas de confiance. Les jeunes l’ont bien compris. On ne grandit bien que pour ceux et par ceux dont on est aimé. Quand un jeune en difficulté rencontre un homme ou une femme prêt à donner sa vie pour lui, il entre en confiance et se remet à grandir. L’amour fait confiance.
Ensuite, sans confiance pas d’éducation. Ma mère m’a aidé par sa confiance quand j’étais adolescent. J’avais en elle une confiance sans bornes. Elle savait tout, rien ne lui échappait, mais elle me laissait faire. Près de ma mère j’ai appris à vivre les principes que je devais formuler plus tard, qui ont créé l’esprit de notre famille : affection, raison, religion.
Un seul cœur, mes amis, une seule famille ! Un seul chemin de bonheur offert à tous, car « ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles.
Extrait de Prier 15 jours avec Don Bosco- R.SCHIELE
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26 février 2012
Route de Carême
Seigneur, mon Dieu,
depuis le jour de mon baptême,
je chemine avec Toi.
Tu es l’ami de mes jours de soleil
et de mes nuits de brouillard,
c’est Toi que j’ai choisi,
aide-moi à T’aimer et à te rester fidèle !
Toi, jamais Tu ne m’abandonnes,
tu es la lumière qui m’éclaire,
même au cœur des ténèbres.
Tu es la source qui rafraîchit
qui coule en moi et me redonne vie.
Ton amour pour moi est si grand
que même la mort ne t’arrête pas.
Tu es le chemin, Tu es la vie nouvelle !
Donne-moi, Seigneur,
sur ma route de Carême,
d’oser vivre Ta parole,
celle qui donne vie,
celle qui ouvre l’horizon,
celle qui repousse les ténèbres,
celle qui met l’homme debout.
Donne-moi, Seigneur,
sur ma route de Carême,
d’oser partager ta parole,
avec humilité et vérité.
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25 février 2012
Heureux qui espère et qui dort
Je n'aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu.
Le sommeil est l'ami de l'homme.
Le sommeil est l'ami de Dieu.
Le sommeil est peut-être ma plus belle création.
Et moi-même je me suis reposé le septième jour.
Celui qui a le cœur pur, dort,
Et celui qui dort a le cœur pur.
C'est le grand secret d'être infatigable comme un enfant.
D'avoir comme un enfant cette force dans les jarrets.
Ces jarrets neufs, ces âmes neuves.
Et de recommencer tous les matins, toujours neuf,
Comme la jeune, comme la neuve Espérance.
Or on me dit qu il y a des hommes
Qui travaillent bien et qui dorment mal.
Qui ne dorment pas.
Quel manque de confiance en moi.
C'est presque plus grave que s'ils travaillaient mal mais dormaient bien.
Que s'ils ne travaillaient pas mais dormaient, car la paresse
N'est pas un plus grand péché que l'inquiétude.
Et même c'est un moins grand péché que l'inquiétude.
Et que le désespoir et le manque de confiance en moi.
Je ne parle pas, dit Dieu, de ces hommes
Qui ne travaillent pas et qui ne dorment pas.
Ceux-là sont des pécheurs, c'est entendu.
C'est bien fait pour eux.
Des grands pécheurs.
Ils n'ont qu'à travailler.
Je parle de ceux qui travaillent et qui ne dorment pas.
Je les plains.
Je parle de ceux qui travaillent, et qui ainsi
En ceci suivent les commandements, les pauvres enfants
Et d'autre part n'ont pas le courage,
N'ont pas la confiance, ne dorment pas.
Je les plains.
Je leur en veux.
Un peu.
Ils ne me font pas confiance.
Comme l'enfant se couche innocent dans les bras de sa mère
Ainsi ils ne se couchent point.
Innocents dans les bras de ma Providence.
Ils ont le courage de travailler.
Ils n'ont pas le courage de ne rien faire.
Ils ont la vertu de travailler.
Ils n'ont pas la vertu de ne rien faire.
De se détendre.
De se reposer.
De dormir.
Les malheureux ils ne savent pas ce qui est bon.
Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.
Mais ils ne veulent pas m'en confier le gouvernement pendant la nuit.
Comme si je n'étais pas capable d'en assurer
Le gouvernement pendant une nuit.
Celui qui ne dort pas est infidèle à l'Espérance.
Charles PEGUY
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MONTEE VERS PÂQUES
Le Père Paul Belboom nous propose pour accompagner notre cheminement de carême, trois pistes chaque jour sur le blog http://vertesfeuilles.blogspot.com/
D’abord, POUR MEDITER : un texte court.
Et des citations de Mère Teresa.
Ensuite, POUR REFLECHIR : quelques réflexions de François Cheng, de l’Académie française
Enfin, POUR PRIER : à partir de l’Evangile du jour…
BONNE MONTEE VERS PÂQUES !
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