La volonté de Dieu



Monique Dasnoy nous invite à réféchir à la "
volonté" de Dieu à partir d'un extrait du livre de S. Pacot "l'Evangélisation des profondeurs".   (p.141 à 147)

COMMENT LA COMPRENDRE?



Ma nourriture, c'est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre.  Dieu est amour.  Amour pour sa création et amour très personnel pour chacun.  Jésus dit que sa nourriture est de faire la volonté de Dieu.  C'est sa joie, le moteur de sa vie, le but de son existence.  Ce ne peut donc être ni pesant ni de l'ordre du devoir.  Cela relève du désir, de l'élan de vie, de la relation aimante de celui qui se sait aimé.  C'est un acte de vie que de faire la volonté de Dieu.  Pourtant, bien souvent cette expression de volonté de Dieu nous effraie.  Que va-t-il arriver si nous décidons de faire la volonté de Dieu?

Dieu va peut-être nous demander de vivre d'une façon qui ne correspondra pas à ce que nous sommes, qui nous dépassera complètement, qui nous amènera à vivre au-delà de nos limites?  Nous allons être obligés d'obéir à un projet qui ne vient pas de nous-mêmes, qui ne correspondra peut-être pas à notre désir le plus profond?  Peut-être ce à quoi nous tenons le plus va-t-il nous être enlevé?  Peut-être allons-nous tomber malades, pour apprendre à nous détacher, ou allons-nous être contraints de donner tous nos biens et de vivre, dans la pauvreté?  Et puis, comment connaître la volonté de Dieu?  Quelle inquiétude à l'idée de ne pas y parvenir, de se tromper! Notre vie n'aurait-elle qu'une seule direction possible que nous aurions à découvrir? Pour beaucoup, chercher à connaître la volonté de Dieu sur eux-mêmes est un véritable tourment.  Or le tourment n'est pas de Dieu.

Jésus le Christ dit vouloir nous libérer de l'inquiétude, de l'anxiété, et nous apprendre à vivre dans la paix, même au travers de situations compliquées et difficiles.  La volonté Dieu ne peut être que simple, claire, à notre portée.  Ce que  nous allons avoir à vivre n'est pas au-delà de nos moyens ni hors d'atteinte, il n'est pas nécessaire de monter aux cieux ou d'aller au-delà des mers pour trouver la volonté de Dieu, pour l'entendre, la mettre en pratique.

Il est essentiel d'éclairer sa foi, de ne pas continuer à vivre sur des erreurs théologiques.  Mal comprendre ce que peut signifier la volonté de Dieu peut entraîner un véritable désastre dans nos vies.

« Ce que la Vulgate a traduit par
Voluntas remonte au grec Théléma ou Eudokia. » Les deux mots renvoient à l'hébreu Rasôn .  « L'amour de Dieu repose sur le peuple qu'il s'est choisi... »  On t'appellera ma plaisance.  «Ma plaisance traduit le mot hébreu que la Vulgate rend couramment par « volonté ».  Cette volonté de Dieu signifie donc ici la joie que le Seigneur éprouve à cause de son peuple.  Le mot français le plus proche serait « désir ».  Le désir de Dieu est donc que nous devenions sa « plaisance », et cela introduit immédiatement une notion de relation personnelle qui va toucher nos aspirations, nos désirs les plus authentiques, notre élan vital.


Il y a un dessein, un désir de Dieu sur le monde, sur l'humanité
.  Le dessein de Dieu concerne la création tout entière.  Ce dessein est révélé par les lois de vie, les grandes lois du Royaume.  Il est possible de le déchiffrer dans la parole de Dieu, dans le cheminement du peuple hébreu, dans les dix paroles de vie (les Dix Commandements), dans l'enseignement des prophètes, dans la vie et la parole de Jésus.  Le dessein de Dieu, c'est que tout ce qui est vivant vive.  Mais il est enseigné que la vie doit être ordonnée pour être féconde.  Le dessein de Dieu est que l'être humain vive de et par l'Esprit pour remplir sa condition de fils et de fille de Dieu, en assumant pleinement son humanité.

COMMENT FAIRE SA VOLONTÉ?


Faire la volonté de Dieu est la réponse personnelle de chaque individu au dessein de Dieu.  Chaque être humain, étant unique, va manifester, incarner le dessein de Dieu, selon ce qu'il est, d'une façon tout à fait spécifique.  Personne n'a la même tâche, à chacun d'inventer sa façon personnelle de vivre la volonté de Dieu.  Il est impossible et inutile de comparer la tâche de l'un à celle de l'autre, chacun doit chercher et trouver quelle est sa propre tâche, et celle-ci ne peut en aucun cas ressembler à celle du voisin.

Nos désirs et nos aspirations.

Il est impossible d'approfondir la notion de la volonté de Dieu sans aborder le domaine des désirs car la volonté, le désie de Dieu ne peuvent en aucun cas être en contradiction avec nos désirs et nos aspirations les plus authentiques.  Il ne saurait en être autrement car Dieu est créateur de ces désirs-là; dès lors que nous touchons l'authenticité de notre humanité, nous touchons l'authenticité de notre être créé par et sauvé par lui.  Les erreurs viennent de ce que beaucoup considèrent la volonté de Dieu et la leur comme se faisant face, au même niveau en quelque sorte, alors que la volonté de Dieu est déjà là, à l'origine et au cœur de leurs désirs les plus vrais.

Le désir est essentiel à la vie.  Dans le désir est la vie; en éteignant le désir, nous éteignons la vie.  Il n'est pas possible de tuer, de nier, d'interdire le désir, sous peine d'être des morts-vivants.  Mais nous ne pouvons pas non plus désirer n'importe quoi, n' importe comment, sous prétexte que l'essentiel est de nous faire plaisir, car alors nous allons vers la destruction.

Il faut distinguer le besoin du désir.  Dans le besoin, se trouvent les notions de nécessité (il est nécessaire de manger, de dormir, de se vêtir pour vivre), de consommation.  Le fait de consommer supprime le besoin.  «Chez l'homme, pourtant, le besoin n'est jamais pur besoin - le besoin de l'homme porte la marque de l'esprit »  L'être humain est aussi fait de désir.  Jésus enseigne que
L'homme ne vit seulement de pain.  Il doit être attentif à ses besoins, il vit de pain, mais cela ne suffit pas.  Il est appelé à découvrir le sens de sa vie qui est au-delà de la survie, qui est autre que le souci d'amasser.  C'est ainsi qu'il ouvre la porte au désir.  En découvrant et réorientant notre désir, nous allons passer d'un rapport de consommation (indispensable à la vie) à un rapport de communion dans laquelle chacun va pouvoir vivre sa différence en respectant celle de l'autre.


Pour différentes raisons, nous avons pu étouffer, éteindre, tuer nos désirs.  Par exemple parce qu'ils sont dangereux ou alors parce qu'ils peuvent entraîner à prendre un risque.  Ils peuvent nous submerger (« mieux vaut les étouffer que les mettre en lumière »).

Certains peuvent avoir renoncé à leurs désirs par peur de vivre: peur de l'homme ou de la femme; peur de leur agressivité, de leur violence, peur de réussir, d'être heureux de la souffrance: «Moins j'investis dans la relation, moins je serai atteint en cas de départ, de rupture, de manque, de perte d'amour » ; peur du risque: « Moins je prends de responsabilités, d'initiatives, moins j'aurai de risques. »

Nous pensons souvent que Dieu interdit le désir: « Un croyant doit faire la volonté de Dieu, il n'a donc pas à avoir de désirs personnels... »  Certains en arrivent même à penser que le fait d'être pleinement heureux dans leur vie voudrait dire qu'ils n'accomplissent pas la volonté de Dieu: c'est une aberration.  Nous ne pouvons être que profondément heureux de vivre notre «couleur» intérieure, ce pour quoi nous sommes faits, ce que nous aimons.

D'aucuns vivent à partir de désirs qui ne sont pas les leurs: ceux d'un parent, peut-être à l'origine, puis peu à peu, insidieusement, ceux des autres.  Se retrouvent là toutes les blessures qui proviennent d'un état fusionnel, d'emprise, d'observances contraignantes à des règles d'un certain milieu social...

Certains ne tiennent aucun compte de leurs désirs: «Pourvu que l'autre vive et soit heureux, cela suffit.»  Ils sont orientés alors vers ce qu'ils pensent être le don, le souci des autres.  Mais ils ne savent plus prendre soin d'eux, leur élan vital est éteint, et c'est bien souvent à partir d'une blessure infectée que ce pli est pris.  Il y a alors un déséquilibre en eux, comme une source qui n'arrive pas à jaillir.

Des enfants qui n'ont été ni accueillis ni désirés, qui ont été victimes d'un projet ou d'une tentative d'avortement peuvent refuser d'exister, souhaiter mourir.

Beaucoup ont pris de fausses routes pour moins souffrir, pour ne pas traverser la vie dans toute son épaisseur.  Leur désir s'oriente alors vers une forme de mort.  En fait, nous avons tous en nous en même temps des pulsions de mort et un élan vers la vie; notre tâche est de développer 1a vie et de ne pas nous laisser engloutir par les pulsions de mort.  Certains expriment leur souffrance de n'avoir aucun désir.  Mais le fait d'en souffrir signifie que l'élan de vie n'est pas éteint, puisque le désir du désir existe.  Dans la lumière de l'Esprit, il va être peu à peu possible de laisser émerger, de nommer ses aspirations et ses désirs authentiques, de les clarifier. S'ils sont flous ou inexistants, le désir ne rencontre que brouillard et vide.  Si nous le considérons comme venant de l'extérieur de nous-mêmes, nous vivons en conflit intérieur et, peu à peu, nous nous desséchons.






La prédestination.

Veux-tu guérir?  Il serait impensable que ceux ou celles auxquels le Christ s'adresse lui répondent par une autre question: « Et toi, que veux-tu? Peu importe ce que je veux, moi. » C'est pourtant ce que nous faisons souvent.  Certains sont tellement soucieux de faire la volonté de Dieu qu'ils ne savent plus ce qu'ils veulent, ils ne savent plus où situer leur désir personnel, leur propre volonté.  Dieu ne va pas désirer à notre place.  Dieu ne va pas choisir à notre place, ni décider, ni vivre notre vie à notre place.  En aucun cas la volonté de Dieu ne saurait exister comme une décision qui serait prise en dehors de notre désir, de nos fragilités, de nos limites, de nos dons et à laquelle nous aurions à obéir aveuglément.  « La volonté de Dieu ne se présente jamais à l'homme comme un ordre venu du dehors, même du ciel »

Nous pensons souvent que Dieu nous veut dans telle vie, telle communauté, telle profession, tel pays, dans une forme fixée à l'avance, bien précise, que nous avons à découvrir et à laquelle nous allons nous soumettre.  Alors nous demandons et attendons des signes.  Nous les interprétons parfois de manière catastrophique et hors de tout bon sens, sans tenir compte de ce que nous sommes et désirons vivre.

Il y a réellement un appel personnel de Dieu adressé à chacun, cela ne fait aucun doute:
C'est moi qui vous ai choisis, dit Jésus.  Mais cet appel est ouvert, en quelque sorte.  C'est la réponse de chacun qui va être tout à fait spécifique, personnelle, unique, inventée et non fixée à l' avance de toute éternité. « La réponse que nous allons donner à Dieu n'est inscrite nulle part, ni dans le livre de vie, ni même dans le cœur de Dieu, sinon comme une attente et une espérance, l'espérance de ce que Dieu ne voit pas encore, et auquel, nous allons, nous, donner forme et visage »  « La volonté de Dieu n'est pas d'abord que tu choisisses ceci ou cela: c'est que tu choisisses toi-même, au terme d'une réflexion loyale, libérée de l'égoïsme comme de la peur, la manière la plus féconde, la plus heureuse de réaliser ta vie, compte tenu de ce que tu es, de ton passé, de ton histoire, des rencontres que tu as faites [...] quelle réponse personnelle peux-tu donner aux appels que tu as perçus dans l'évangile?




"L'Église grandirait, ferait preuve de courage si, aujourd'hui, elle invitait les chrétiens qui l'ont quittée à lui dire pourquoi . Si elle osait indiquer et non imposer . Si elle osait débattre . Si elle osait penser . Si elle osait inventer . Si elle osait se tromper "   

Gabriel Ringlet : L'Evangile d'un libre penseur.

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