26 juillet 2008

DIEU EST CROYANT

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Dieu est croyant. C’est-à-dire qu’il croit en l’homme. Qu’il ne cesse de se tenir au-dessus de toute bassesse. Il attend. C’est dire aussi qu’il est souverainement patient.
 
Dieu est Amour.  C’est-à-dire Refus.  Refus de se laisser circonvenir, empaumer par nos calculs.  Refus par conséquent de la violence en son nom. De l’intolérance sous toutes ses formes (on est toujours le juif, le nègre ou l’hérétique de quelqu’un).  Refus du meurtre en tout genre.  A titre collectif ou privé.  Par personne ou groupe social interposé. Par intérêt économique interposé. Par hypocrisie interposée assortie de péroraisons lénifiantes.
 
Pour Dieu il n’y a pas de raison d'Etat, de standing à maintenir.  Pas d’intérêt d’Eglise non plus.  Pas de boucs émissaires à trouver, de coupables à inventer pour justifier l’exercice du mépris et de la haine.
 
Dieu est liberté c’est-à-dire consentement mutuel ou partage.  Il a le respect des corps autant que des âmes. Dieu est croyant.  Il persévère à nous offrir une chance. A nous proposer la joie de vivre.
 Catherine PAYSAN, écrivain.  Extrait de « Panorama »

25 juillet 2008

LA VIE PLUS FORTE

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Une jeune fille qui a subi cent dix opérations chirurgicales m’écrit cette semaine: « Le danger, quand on souffre, c’est de se refermer sur soi... Tu connais ce mot de Claudel: « Le Christ n’est pas venu expliquer la souffrance, mais la remplir de sa présence ». C’est vrai, nous ne sommes jamais seuls. Le Christ est là, il nous tient par la main ».
 
« Si le grain ne meurt, il demeure seul.  S’il consent à mourir, prodigieuse sera sa fécondité ».  Souvent, hélas ! Ces paroles furent entendues dans un sens pervers.  Comme si c’était la mort qui était précieuse et non le soulèvement de la vie.  Certaines substances de la graine doivent s’offrir pour nourrir le germe, mais c’est la vie qui l’emporte. Le Christ a osé aimer jusqu’au déshonneur, jusqu’à la torture. Mais c’est cette qualité d’amour qui est vitale et non le déshonneur ni la torture.
 
Un jour, la question fut adressée à Jésus, brutalement, devant un aveugle de naissance: « Pourquoi ? Pourquoi lui ?  Est-ce un châtiment du péché ?  Le sien ?  Celui de ses parents ?... »  Jésus quitte le terrain des palabres inutiles. C’est trop absurde de discuter pendant qu’un homme souffre.  Quel alibi pour se croiser les bras!  On nourrit la révolte avec des mots.  On ajoute au mal relatif un mal absolu: le désespoir.  Jésus, lui, nous entraîne vers l’action qui, seule, délivre.  Pour toute réponse, il le guérit.
 Stan ROUGIER, prêtre, animateur et écrivain.

Extrait de « Comme une flûte de roseau », éd. Le Centurion

24 juillet 2008

IL AURAIT PU SE BOUGER UN PEU ...

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C’est vraiment le privilège de Dieu de pouvoir agir sans idée d’aucun profit, dans un entier désintéresse­ment.  Et c’est cela qui se manifeste en Jésus-Christ, dans tout son style de vie qui est un défi par rapport à notre mentalité utilitaire.  Il aurait tout de même pu se mettre à bouger un peu, se mettre au travail avant l’âge de trente ans ! C’est tout de même du luxe, de passer trente années d’indifférence tranquille devant la souffrance du monde.
 
Cela rendrait service de changer la pierre en pain pour tous ceux qui ont faim dans le monde ...
 
Il fallait vraiment être Dieu pour faire le choix de renoncer à être le Père Noël qui allait soulager le monde dans toutes ses nécessités
 
Toute la vie du Christ est un défi par rapport à notre mentalité de calcul. Quand on n’a que trente-trois ans à vivre, on n’en dépense pas trente à ne rien faire. Puis, pendant trois ans, rester enfermé dans ce petit pays et avec des gens les moins influents de ce petit pays…
 Robert GUELLUY, prêtre et théologien. Extrait de notes de retraite.

22 juillet 2008

regard

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Il y a des personnes qui sont comme des lumières.  Des clartés: elles font lever les yeux !
 
Quand on les regarde, c'est comme une invitation à se redresser, à quitter les positions assises de l'habitude.  À grimper sur la montagne avec elles.  À devenir un autre.  À suivre leurs traces pour devenir soi-même dans le total épanouissement des beautés cachées en nous.
 
Dans la vie, beaucoup dépend des personnes que l'on choisit de regarder. Puisque d'une certaine façon on décide de les suivre.  Puisque d'avance on sait qu'elles vont nous entraîner.  Puisque d'une certaine façon, on se prépare à leur ressembler.
 
Pas à les imiter!  Jamais!  Mais à inventer soi-même sa vie en se laissant éclairer.
 
Si on regarde celui qui ne craint pas de parler avec courage pour dévoiler les injustices et les méchancetés, celle qui agit pour que chacun soit respecté. 
 
Si on regarde celui ou celle qui est toujours prêt à rendre service, à faire passer l'autre avant lui, qui donne sans compter, qui partage et lutte contre la pauvreté…
 
Si on regarde celui ou celle qui met le sourire sur les lèvres, qui n'utilise pas le coup de griffes, qui place la bonté et la tolérance dans son regard et ses paroles, qui ne juge pas…
 
Si on regarde Jésus de Nazareth et son Évangile qui est une Bonne Nouvelle...
 
En regardant toujours la lumière, elle finit par se poser sur le visage, elle y reste et le transfigure.
 

Charles SINGER

 

19 juillet 2008

AIMEZ-VOUS

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Il ne parle pas pour attirer sur lui une poussière d’amour.
 
Ce qu’il veut ce n’est pas pour lui qu’il le veut.
 
Ce qu’il veut, c’est que nous nous supportions de vivre ensemble.
 
 Il ne dit pas: aimez-moi. Il dit: aimez-vous.   Il y a un abîme entre ces deux paroles.
 
Il est d’un côté de l’abîme et nous restons de l’autre. C’est peut-être le seul homme qui ait jamais vraiment parlé, brisé les liens de la parole et de la séduction, de l’amour et de la plainte.
 Christian BOBIN, Écrivain.  Extrait de « L’homme qui marche »

Ed. Le temps qu’il fait