26 août 2010

« Va d’abord te réconcilier avec ton frère »

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Personne ne pourra obtenir quoi que ce soit par la prière s'il ne prie pas avec de bonnes dispositions et une foi droite… Il ne s'agit pas de parler beaucoup… ; il s’agit de ne pas venir à la prière avec une âme troublée par des ressentiments. On n'imagine pas que quelqu'un vienne à l'oraison sans préparer son cœur ; on n'imagine pas non plus que celui qui prie puisse obtenir le pardon de ses péchés s'il n'a pas d'abord pardonné de tout son cœur à son frère qui lui demande pardon…

En premier lieu donc, celui qui se dispose à prier aura grand avantage à adopter une attitude qui l’aide à se mettre en présence de Dieu et qui l’aide à lui parler comme à quelqu'un qui le voit et lui est présent. Certaines images ou certains souvenirs d'événements passés encombrent l'esprit qui se laisse envahir par eux ; ainsi il est utile de se souvenir que Dieu est là et qu'il connaît les mouvements les plus secrets de notre âme. Elle se dispose alors à plaire à celui qui est présent, qui la voit et prévient toutes ses pensées, à celui qui scrute les cœurs et sonde les reins (Ps 7,10)…

Comme le disent les Saintes Écritures, il faut que celui qui prie élève des mains pures, qu'il pardonne à chacun de ceux qui l'ont offensé, rejette tout ce qui trouble son âme et ne s'irrite contre personne… Qui peut douter que cet état d'âme soit le plus favorable ? Paul l'enseigne lorsqu'il dit dans sa première lettre à Timothée : « Je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains pures, sans ressentiment ni contestation » (2,8).


Origène (vers 185-253), prêtre et théologien
Petit traité sur la prière, 8-9 ; PG 11, 442-443 (trad. Orval)

24 août 2010

La concentration

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Parce qu'elle sait capter la lumière et la chaleur du soleil pour la faire converger sur un seul point, la loupe est capable d’allumer un incendie. Si tu sais rassembler tes forces pour les jeter dans la bataille au moment et à l’endroit précis du combat, tu n’as pas besoin de beaucoup de troupes. Il suffit de les mobiliser rapidement et totalement. La concentration n’est pas essentiellement une façon de « faire » ; mais d’abord une façon « d’être ». (…)

A l’extérieur, refuse ce qui pourrait te disperser. Evite l’encombrement de ton placard, ta table de travail, ton sac, tes poches…, cela t’aidera à éviter l’encombrement de ton esprit. Ne fais pas plusieurs choses à la fois. Prends chaque problème l’un après l’autre. Tire ton dossier du classeur quand l’autre est fermé et rangé. Ouvre-le si tu as vraiment l’intention de penser ou de régler le problème.


Ne jette pas « un coup d’œil en passant » sur ce livre, cette revue, cette lettre ; lis un chapitre, un article, écris la lettre, sinon range le tout…et garde ton coup d’œil. C’est en distribuant, morceau par morceau ton attention que tu la disperses et l’épuises. (…)


Veux-tu être efficace ? Apprends à te limiter ; à vouloir tout faire, tu ne fais rien sérieusement. Si le tuyau d’arrosage est criblé de trous, l’eau péniblement gouttera au bout de ta lance. Bouche les fuites, la pression reviendra. (…) L’enfant dont le pupitre est plein de jouets, les poches pleines de bonbons et la tête pleine d’histoires, ne peut plus faire attention à son devoir. (…)


Ne détruis rien, classe tout et range tout pour pouvoir le retrouver. Comment ? En donnant tout à Dieu, paisiblement. Ce qui est en toi est force vive : ton esprit, tes idées, ton imagination, ta sensibilité, tes aspirations, tes impulsions, tes émotions, tes affections, tes antipathies, ton enthousiasme, tes découragements, même tes tentations…mais cet étourdissant dynamisme qui éclate en tous sens est souvent mal aiguillé ou gaspillé.


Si tu veux bien t’en servir, il faut d’abord abandonner tout à Dieu, dans une confiance totale. Quand tu ne garderas plus rien, tu pourras tout réussir car Dieu te fournira, au moment voulu, ce dont tu as besoin pour la tâche présente.


Se concentrer, ce n’est pas courir après tout ce qui grouille en toi pour le maintenir, par la force, immobile, c’est d’abord faire le vide…en donnant tout. Pour faire le vide, détends-toi : ton corps, tes muscles, tes nerfs, puis fais cadeau au Père de toutes tes puissances. Contemple-Le, laisse-toi regarder et puis engage-toi dans la tâche du moment.


Chaque jour, offre-toi ainsi à Dieu pendant quelques instants privilégiés de recueillement et de silence. Dans la journée, surtout lorsque tu es inquiet, pressé, surchargé, répète ton geste en une seconde d’amour, et tu seras pleinement disponible et sûrement efficace.


Si tu agis « à contrecœur », si tu accomplis ton travail « comme une corvée », si tu vis « parce qu’il faut bien », ton action, ton travail, ta vie, imposés de l’extérieur seront un esclavage, mais si tu adoptes chacune de tes activités, tu agiras de l’intérieur vers l’extérieur, et tu seras un homme libre. (…)


Adopter chacune de tes activités, c’est te dire, en face de toute action, si petite soit-elle : Plus je me concentre, plus je me valorise en me rendant efficace. Je ne suis pas seul, mais sur un immense chantier où tous ont besoin de ce geste ; avec tous, je bâtis le Monde, j’unis l’Humanité et je les sauve.


Pourquoi regarder l’importance extérieure de mon ouvrage, puisque je dois le faire ; ce qui compte, c’est la profondeur de mon amour. Au cœur de cette action, Dieu est déjà au travail, il m’a donné rendez-vous.


…alors la corvée sera transmuée en œuvre gigantesque et tu ne seras plus partagé, dispersé, mais intensément présent.


Michel QUOIST

Extrait du chapitre "Savoir se concentrer" pp 112 à 116 du livre "Réussir" aux Editions ouvrières, Paris, 1969

22 août 2010

Appelés à choisir d'aimer et d'être aimé

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Nous sommes tous capables de faire le bien comme de faire le mal. Nous ne sommes pas nés mauvais : tout le monde a quelque chose de bon en soi ; les uns le cachent, les autres le négligent, mais la bonté est là. Dieu nous a créés pour aimer et être aimé; aussi choisir un chemin ou l'autre c'est une sorte de test  envoyé par Dieu. La négligence à aimer peut nous amener à dire « oui » au mal et alors nous ne nous  rendons pas compte jusqu'où cela peut nous conduire... Heureusement, nous avons le pouvoir de tout   surmonter par la prière.

 

 

Si nous nous tournons vers Dieu, nous répandons la joie et l'amour sur tous ceux qui nous entourent. En revanche, si le mal s'empare de nous, nous répandons le mal autour de nous. Si nous sommes proches de quelqu'un qui est sur le chemin du mal, faisons tout pour l'aider et lui montrer que Dieu se soucie toujours de lui. Prions fort afin qu'il redécouvre la prière, qu'il revoie Dieu en lui-même et le retrouve dans les autres... Tous nous avons été créés par la même main aimante. L'amour du Christ est toujours plus fort que le mal dans le monde. Il nous faut donc aimer et être aimé. C'est aussi simple que cela, et ce ne      devrait pas être un tel combat pour y parvenir.

 

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997),

 fondatrice des Soeurs Missionnaires de la Charité

 A Simple Path (trad. Un Chemin tout simple, Plon Mame 1995, p.69 alt.)

 

21 août 2010

« Je te suivrai partout où tu iras »

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      « Au soir, donne-nous la lumière. »

 

Seigneur, nous sommes au soir. Je suis dans la soixante-seizième année de cette vie qui est un grand don du Père céleste. Les trois quarts de mes contemporains sont passés sur l'autre rive. Je dois donc, moi aussi, me tenir préparé pour le grand moment. La pensée de la mort ne me donne pas d'inquiétude... Ma santé est excellente et encore robuste, mais je ne dois pas m'y fier ; je veux me tenir prêt à répondre « présent » à tout appel, même inopiné. La vieillesse -- qui est aussi un grand don du Seigneur -- doit être pour moi un motif de silencieuse joie intérieure et d'abandon quotidien au Seigneur lui-même, vers qui je me tiens tourné comme un enfant vers les bras que lui ouvre son père.

 

 

      Mon humble et maintenant longue vie s'est déroulée comme un écheveau, sous le signe de la simplicité et de la pureté. Il ne me coûte rien de reconnaître et de répéter que je ne suis et ne vaux qu'un beau néant. Le Seigneur m'a fait naître de pauvres gens et a pensé à tout. Moi, je l'ai laissé faire... Il est bien vrai que « la volonté de Dieu est ma paix ». Et mon espérance est tout entière dans la miséricorde de Jésus...

 

 

      Je pense que le Seigneur Jésus me réserve, pour ma complète mortification et purification, pour m'admettre à sa joie éternelle, quelque grande peine ou affliction du corps et de l'esprit avant que je ne meure. Eh bien, j'accepte tout et de bon cœur, pourvu que tout serve à sa gloire et au bien de mon âme et de mes chers fils spirituels. Je crains la faiblesse de ma résistance, et je le prie de m'aider, parce que j'ai peu ou pas du tout confiance en moi-même, mais j'ai une confiance totale dans le Seigneur Jésus.

 

 

      Il y a deux portes au Paradis : l'innocence et la pénitence. Qui peut prétendre, pauvre homme fragile, trouver grande ouverte la première ? Mais la seconde aussi est tout à fait sûre. Jésus est passé par celle-là, avec sa croix sur les épaules, en expiation de nos péchés, et il nous invite à le suivre.

 

Bienheureux Jean XXIII (1881-1963), pape

Journal de l'âme, juin 1957 - avant son élection à la papauté

(trad. Cerf 1964, p. 451)

 

 

 

 

18 août 2010

Ces enfants-là ...

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Ils sont si bien élevés, les gosses qui meurent de faim,

Ils ne parlent pas la bouche pleine, ils ne gâchent pas leur pain,

Ils ne jouent pas avec la mie, pour en faire des boulettes,

Ils ne font pas de petits tas, au bord de leur assiette,

Ils ne font pas de caprice, ne disent pas ‘j’aime pas’

Ne font pas la grimace, quand on enlève un plat,

Eux, ils ne trépignent pas, pour avoir des bonbons,

Ils ne donnent pas au chien, le gras de leur jambon,

Ne courent pas dans vos jambes, ne grimpent pas partout,

Ils ont le cœur si lourd, qu’ils vivent à genoux,

Pour leur repas, ils attendent sagement,

Ils pleurent quelquefois, quand ça dure trop longtemps…

 

Non, non rassurez-vous, ils ne vont pas crier,

Ces petits enfants là, ils sont trop bien élevés,

Eux, pleurent sans bruit, on ne les entend pas,

Ils sont si petits, qu’on ne les voit même pas,

Ils savent qu’ils ne peuvent, rien attendre de leur mère,

Ils cherchent stoïquement, du riz dans la poussière,

Mais ils ferment les yeux, quand l’estomac se tord,

Quand la douleur atroce, irradie tout leur corps,

 

Non, non soyez tranquilles, ils ne vont pas crier,

Ils n’en ont plus la force, seuls leurs yeux peuvent parler,

Ils vont croiser leur bras, sur leur ventre gonflé,

Ils vont prendre la pose, pour faire un bon cliché…

Ils mourront doucement, sans bruit, sans déranger,

 

Ces petits enfants là, ils sont si bien élevés…

 

 

Auteur inconnu

 

 

à voir aussi notre prière de la semaine...