23 octobre 2013

L'homme du dehors.

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Glacials courants d’air
Les passants
Frôlent ta misère
Toi
L’homme du dehors

Assis par terre
Saison après saison
Figé sur ton carton
Frêle de ta pauvre vie
Écorchée de mal être
D’envie de disparaître
Seul avec ton histoire
Blotti sur ton territoire
Fatigué de fixer les pieds
Des piétons pressés
D’oublier ta silhouette
Crasseuse et tuméfiée
Certains transforment leur gêne
En injurieux blasphèmes
D’autres te balancent quelques euros
Où t’offrent un café chaud
Épuisé de tout supporter
Chaque jour
Devient une année
Respirer est effort
Maigre gain de réconfort
La survie est ton quotidien
Éternel labeur
D’une vie de chien
Abandonné par une société malade
À bout d’elle-même
Pitoyable détresse
De nos égoïsmes futiles
Toi
Frère des rues
Reflet de notre mue
Éclaire nos consciences
Réveille leurs déficiences
Arrose de ta présence
Nos cœurs desséchés
D’une pluie d’humanité
Qui transforme un jour ton histoire
En conte de fées.

Hélène Sayen

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16 octobre 2013

Envoyés au monde

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Jésus en nous ne cesse pas d’être envoyé,
au long de ce jour qui commence,
à toute l’humanité, de notre temps, de tous les temps,
de ma ville et du monde entier.

A travers les proches frères
qu’il nous fera servir, aimer, sauver,
des vagues de sa charité partiront jusqu’au bout du monde,
iront jusqu’à la fin des temps.

Béni soit ce nouveau jour, qui est Noël pour la terre
puisqu'en moi Jésus veut le vivre encore.

Madeleine Delbrêl

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15 octobre 2013

Un thérapeute

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« Pour le Thérapeute le corps ne peut pas être seulement considéré comme un objet, comme une chose ou une machine au fonctionnement défectueux qu’il s’agirait de « réparer »; le corps est un corps « animé ».  Il n’y a pas de corps sans âme, ce qui n’a plus d’âme, n’étant plus animé.

Soigner le corps de quelqu’un, c’est être attentif au souffle qui l’anime. Pour les anciens Hébreux, la maladie et la mort étaient liées à une « perte », ou à un manque de souffle.  Ressusciter, relever quelqu’un, c’était de nouveau faire circuler le souffle dans ses membres.

Lorsque Dieu veut « rappeler » un homme à lui, il lui « retire » le souffle et son corps retourne à la poussière. Notre vie ne tient qu’à un souffle, le Thérapeute prend soin de ce souffle qui informe le corps.

Guérir quelqu’un  c’est le faire respirer : « mettre son souffle au large » (sens du mot « salut » en hébreu) et observer toutes les tensions, blocages et fermetures qui empêchent la libre circulation du souffle, c’est-à-dire l’épanouissement de l’âme dans un corps.

Le rôle du Thérapeute sera de « dénouer » ces nœuds de l’âme;  ces entraves à la Vie et à l’Intelligence créatrice dans le corps animé de l’homme.»

Jean-Yves Leloup « Prendre Soin de l’Être »

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11 octobre 2013

"Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes"

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Ce que vous voyez sur l'autel de Dieu..., c'est le pain et la coupe : c'est cela que vos yeux vous apprennent. Mais ce dont votre foi doit être instruite, c'est que ce pain est le corps du Christ, que cette coupe est le sang du Christ.  Ce peu de paroles suffisent peut-être pour votre foi ; mais la foi cherche à s'instruire... Comment ce pain est-il son corps, et cette coupe, ou plutôt son contenu, peut-il être son sang ?

Mes frères, c'est cela que l'on appelle des sacrements : ils expriment autre chose que ce qu'ils présentent à nos regards.  Ce que nous voyons est une apparence matérielle, tandis que ce que nous comprenons est un fruit spirituel.  Si vous voulez comprendre ce qu'est le corps du Christ, écoutez l'apôtre Paul, qui dit aux fidèles : « Vous êtes le corps du Christ ; et chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps »(1Co 12,27).  Donc, si c'est vous qui êtes le corps du Christ et ses membres, c'est le symbole de ce que vous êtes qui se trouve sur la table du Seigneur, et c'est votre mystère que vous recevez.  Vous répondez : «Amen » à ce que vous êtes, et par cette réponse, vous y souscrivez.  On vous dit : « Le corps du Christ », et vous répondez : « Amen ».  Soyez donc membres du corps du Christ, pour que cet amen soit véridique.

Pourquoi donc le corps est-il dans le pain ? Ici encore, ne disons rien de nous-mêmes, écoutons encore l'apôtre qui, en parlant de ce sacrement, nous dit : « Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps » (1Co 10,17).  Comprenez cela et soyez dans la joie : unité, vérité, dévotion, charité !  « Un seul pain » : qui est ce pain unique ?  « Un seul corps, nous qui sommes multitude. » Rappelez-vous qu'on ne fait pas du pain avec un seul grain, mais avec beaucoup... 

Soyez donc ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes.

St Augustin
 

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09 octobre 2013

Faire volte-face

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Déjà un mois depuis la rentrée et sa valse d’activités en tous genres : le chemin retrouvé de l’école, la reprise du sport ou des cours de musique, les réunions associatives ou paroissiales et quantité d’obligations et rendez-vous hebdomadaires.  Cette valse nous emporte sur un rythme rapide et nous sommes plutôt joyeux, car il est légitime pour l’homme de prendre plaisir à ce qu’il fait, comme le rappelle non sans ambiguïté l’Ecclésiaste.  Ce livre biblique, qui propose une méditation sur la finitude humaine déclare : « tout est vanité ! »

Notre course quotidienne serait-elle donc de l’ordre de la vanité, cette « buée » ou « vapeur » dont parle le texte hébreu, image saisissante de ce qui est fugitif et sans consistance ?  Vanité, vanités et… beaucoup de bruit pour rien ?  Englués dans le quotidien, assourdis par les bavardages et surchargés d’activités, aurions-nous à retrouver le chemin d’une vie plus contemplative ?

… « Le contraire de la contemplation, ce n’est pas l’action, mais le souci qui étouffe la Parole et appesantit l’intelligence.  La contemplation ne consiste pas à ne rien faire mais à faire toute chose devant Celui qui appelle à être ce qui n’est pas. »  Immergés dans nos activités de chaque jour, la Présence de  « Celui qui appelle à être ce qui n’est pas » nous accompagne et nous incite à deux volte-face intérieures.

La première consiste à déposer nos soucis et fardeaux au pied de la Croix et à remettre toutes choses entre les mains du Père, pour agir avec une totale disponibilité d’esprit et une pleine efficacité.  Il nous incombe d’agir, mais en gardant notre cœur des soucis qui tentent de l’envahir comme des herbes folles et des ronces. 

La seconde réside dans une réappropriation de la vocation que Dieu nous adresse de « co-créer » le monde avec lui en faisant advenir ce qui n’est pas, ce qui n’existe pas encore.  Agir pour éduquer, soigner, nourrir, grandir l’homme et améliorer la société, telle est notre vocation comme disciples de « Celui qui appelle à être ce qui n’est pas » et qui appelle à une plénitude d’être ce qui est déjà.

Katell Berthelot

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