13 novembre 2017

Refusons la misère

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Pour ces millions d’enfants
tordus par les douleurs de la faim,
n’ayant plus de sourire,
voulant encore aimer.
Pour ces millions de jeunes qui,
sans raison de croire, ni d’exister,
cherchent en vain un avenir
en ce monde insensé.
Toi notre Père nous te prions
envoie des ouvriers pour faire ta moisson.

Pour ces millions d’hommes,
de femmes et d’enfants
dont le cœur à grands coups
bat encore pour lutter.
Dont l’esprit se révolte
contre l’injuste sort qui leur fut imposé.
Dont le courage exige le droit
à l’inestimable dignité.
Toi notre Père nous te prions
envoie des ouvriers pour faire ta moisson.

Pour ces millions d’enfants,
de femmes et d’hommes
qui ne veulent pas maudire
mais aimer et prier, travailler et s’unir,
pour que naisse une terre solidaire.
Une terre, notre terre,
où tout homme aurait mis
le meilleur de lui-même
avant que de mourir.
Toi notre Père nous te prions
envoie des ouvriers pour faire ta moisson.

Pour que tous ceux qui prient
trouvent écho près de Dieu
et reçoivent de lui
la puissance d’écarter la misère
d’une humanité dont l’image est la sienne.
Toi notre Père nous te prions
envoie des ouvriers pour faire ta moisson.

Joseph Wresinski

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Commentaires

Merci pour réveil des consciences .

En écho , un extrait d' article de Olivier de Dinechin sur la dignité humaine

Quels sont le fondement et la nature de la dignité de la personne selon la théologie chrétienne?
Le mystère chrétien éclaire la condition humaine et donc ce qu´il en est de la dignité des personnes. L´Ancien et le Nouveau Testament en témoignent à travers l´expérience historique de la foi d´Israël et de la foi chrétienne, qui donne à connaître le Dieu de la première alliance et le Dieu de la nouvelle alliance.

Pour dire les choses simplement, je vais organiser ma présentation de la position chrétienne autour de trois aspects du mystère chrétien:

– la création;

– l´élection;

– la rédemption.

Selon ces trois aspects, l´être humain va reconnaître qu´il lui est donné, de façon fondamentale, intrinsèque et inaliénable, une qualité que nous appelons la dignité. Autrement dit, la position chrétienne – du moins, catholique romain – est très fortement marquée par l´objectivité. Derrière tous mes propos, il y a l´affirmation d´une dignité qui n´est pas à géométrie variable, qui ne dépend pas de ce que je pense, qui dépend d´un don de Dieu que je reconnais et avec lequel je suis dans cette alliance de la foi chrétienne.

A) L´homme est créé à l´image et à la ressemblance de Dieu

Je me réfère aux récits de la création dans la Genèse. On n´y trouve pas directement le mot « dignité’. Je me livrerai à une interprétation assez simple sur la base de ces textes, placés au début des textes bibliques, mais dont la rédaction est peut-être relativement tardive. Ces textes ne sont pas naïfs; ils sont porteurs de toute une réflexion théologique, fondée elle-même sur l´expérience de la foi d´Israël.

Si leur langage est dit, parfois, mythologique, cette mythologie, cet usage de symboles, se différencie clairement de ce que pensaient les autres peuples qui environnaient Israël. La foi de celui-ci lui avait fait comprendre sa différence.

Ce qui apparaît dans ces récits est, d´abord, que l´homme, l´Adam, l´humain est différent des autres vivants et qu´il se reconnaît comme tel. Adam, devant tous les animaux, ne voit aucun vis-à-vis. Il lui sera dit, dans la bénédiction de Dieu, de dominer sur tous les animaux. On voit bien qu´il y a ainsi une sorte de cran supplémentaire par rapport aux animaux2. Selon la Bible, l´homme est au-dessus des animaux et au-dessus du règne animal, du règne des vivants pour le dominer, le cultiver et, bien sûr, le respecter.

Autre élément, cet ordre donné à l´homme et cette bénédiction, il va les recevoir et être appelé à y répondre. Cela indique bien que cet homme, cet être humain, est doté d´une capacité de connaissance, d´une capacité de reconnaissance. Il va reconnaître la femme comme étant son vis-à-vis. Il a une capacité de raison, de paroles, de communication, de reconnaissance de l´altérité humaine, en particulier de l´altérité sexuelle, de reconnaissance aussi de son Créateur.

On le voit en dialogue avec le Créateur… est-ce de la mythologie? Les termes sont peut-être très symboliques, mais ils veulent dire quelque chose: une affirmation de foi fondamentale. Toutes ces caractéristiques sont reliées au fait que l´homme est porteur de l´image de Dieu. « Dieu créa l´homme à son image.’

Le thème de l´image de Dieu est une affirmation de la dignité humaine, en comparaison au reste de la création. Cet être est personnel. Cette image de Dieu, comme telle, est respectable et à respecter.

B) L´homme est appelé par élection à la sainteté

La sainteté est typique de la foi chrétienne et de la foi d´Israël. Israël, dans sa foi, reconnaît le Seigneur, à la fois comme le Saint et comme celui qui s´approche de lui – par la médiation de ses témoins privilégiés -, qui le choisit et qui l´appelle à accéder à la condition de sainteté. Exemple: la vision inaugurale du livre d´Esaïe avec l´ange qui touche, avec un charbon ardent, les lèvres du prophète qui dit son indignité.

C´est là une chose très importante qui traverse plusieurs livres bibliques (l´Exode, le Lévitique, le Deutéronome): « Soyez saints comme je suis saint.’ La sainteté au sens biblique est, fondamentalement et essentiellement, un attribut de Dieu seul. Dieu la communique à l´homme par grâce et l´homme ne la conquiert pas de lui-même. Il y accède en entrant dans l´alliance et en vivant cette alliance dans l´obéissance, mais toujours dans une réponse libre et un engagement pratique.

La sanctification dont on parle dans les livres bibliques du premier Testament doit comporter la purification, la vie sainte, le progrès et aussi le passage par l´épreuve. Le livre du Deutéronome décrit l´épreuve du passage au désert.

Autrement dit, la sainteté a sa source en Dieu. Dieu la fait entrer dans la promesse qui va avec l´alliance comme quelque chose qui va rejoindre l´homme, mais celui-ci ne l´atteint pas par ses propres forces, ni sans une démarche de liberté et de foi, de foi libre.

Cette sainteté comme appel et réponse à réaliser comme promesse est un deuxième pilier de la dignité de la personne dans la foi chrétienne, avec cette grande nouveauté qu´elle est passée, comme le montre l´apôtre Paul, d´Israël aux nations. Celles-ci deviennent à leur tour, dans la conversion, bénéficiaires des promesses.

On trouverait des expressions de cette sainteté et de l´accès des êtres humains à quelque chose qui a à voir avec Dieu dans des thèmes comme celui qu´a développé saint Irénée: l´être humain appelé à la divinisation.

Y a-t-il une différence entre sainteté et sacralité?

Il est évident que, dans l´histoire d´Israël, en particulier dans tout ce qui cultuel, dans le temple, dans les objets du temple, les sacrifices, etc., on trouve des expressions de la présence de Dieu, à travers des réalités humaines, d´une façon qui est un peu sacrale. Il y a des objets qui sont sacrés; on se souvient de l´épisode où celui qui a touché l´arche de l´alliance en est mort…

Il est commun à beaucoup d´expériences religieuses, et n´est donc pas spécifique d´Israël, de délimiter un domaine du sacré et un domaine du profane, séparé, le sacré portant en lui-même non seulement la signification de Dieu, mais des forces divines qui seraient là, mais qui ne passeraient pas forcément par la liberté humaine.

C´est là la différence entre le rapport à la sainteté et le rapport au sacré, même si nous ne nions pas qu´il y ait, dans de nombreux textes bibliques, des références à du sacré.

Il faut marquer la différence et c´est pourquoi, si nous parlons de dignité humaine, il est plus clair d´affirmer que, pour nous, la vie tire sa dignité du Créateur, de l´appel à la sainteté, que de dire que la vie est sacrée.

C) L´être humain est racheté du péché par grâce

Dans les textes liturgiques de la messe romaine avant le concile de Vatican II, il y avait, au moment de la préparation des dons, une petite phrase: « Toi, Seigneur, qui a merveilleusement créé la nature humaine (en latin, la substance de l´homme) et qui l´a merveilleusement encore recréée par la rédemption…’ L´idée était ainsi émise que le Dieu Créateur avait fait une œuvre encore plus merveilleuse, avait encore augmenté la dignité humaine (pour rester dans notre sujet) avec la rédemption. Cela est très important et ne doit pas être oublié.

La grande expérience d´Israël, expérience de vérité douloureuse, c´est que tout en ayant entendu, par les prophètes et d´autres, l´appel à la sainteté, il ne l´a pas vécu et s´est, au contraire, souvent détourné de Dieu. Comment alors recevrait-il la promesse? L´être se pose la question: « Puis-je être déchu des promesses de Dieu?’ On dirait, aujourd´hui, puis-je être déchu de ma dignité?

Je tiens beaucoup à cet axe parce que, par rapport à la question des êtres humains – peuvent-ils perdre leur dignité? -, nous allons répondre par ce troisième point que j´appellerai la dignité baptismale. En Jésus-Christ, l´accomplissement d´un salut redonne à l´homme sa dignité première et, plus encore, manifeste que le Seigneur, dans son amour, s´approche de lui d´une façon nouvelle et originale. Dieu ne rejette pas le pécheur; au contraire, il court le chercher. Cette dignité baptismale est celle que porte le Verbe de Dieu, alors même qu´il descend dans la condition humaine, qu´il descend dans les eaux du Jourdain, qu´il est baptisé par Jean, se mettant symboliquement au rang des pécheurs, et qu´il subira la condamnation dans l´injustice, la condamnation à mort, le châtiment réservé aux plus grands pécheurs.

Or, c´est dans cette condition de similitude totale – saint Paul dira, à l´exception du péché – que le Père le reprend et le glorifie, et magnifie par là sa dignité. Nous pouvons donc dire que ce Christ, devenu notre frère dans notre condition pécheresse et assumant cette condition, est reconnu par le Père dans sa dignité la plus grande: c´est cela le paradoxe, la dignité baptismale. C´est ainsi que saint Jean voit, dans la foi, la résurrection et la glorification dans l´élévation sur la croix.

Ce regard nous conduit à considérer tout homme aussi déchu qu´il soit par la santé, par la fatigue, mais aussi par les fautes qu´il a pu commettre, comme encore porteur d´une dignité que le Père est disposé à lui accorder et même qu´il lui a déjà accordée par anticipation. Il n´attend que sa foi pour qu´elle soit vraiment là. Cette dignité est inaliénable, car elle est « de création’ et, en même temps, redonnée en Jésus-Christ, et qu´elle est jusqu´au bout susceptible de l´être et de s´ouvrir à la sainteté.

Conclusion

Pour nous, pour moi, dans ma foi, quand je parle d´une dignité humaine comme d´une qualité intrinsèque de l´être humain, je m´appuie sur ma foi et je pense que notre souhait est que vive tout être humain et que nous ayons à l´égard de tout être humain le regard et le geste que Dieu a sur nous, regard et geste qu´il nous a montrés en Jésus-Christ, geste de guérison, de pardon et de salut, geste qui venant de la sainteté de Dieu introduit à la sainteté tout être humain qui le désire dans la foi.
- OLIVIER DE DINECHIN-

* Le père O. de Dinechin est membre du Comité consultatif national d´éthique et directeur des études théologiques à La Baume-les-Aix (13).


Très belle journée !

Écrit par : Myriam de Terwangne | 13 novembre 2017

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