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Jean Bosco fut un remarquable éducateur. Un siècle après sa mort, plusieurs milliers d'hommes et de femmes, dans le monde entier, continuent de s'inspirer de sa vie et de son action dans leur tâche éducative auprès des jeunes.
Don Bosco, on le sait moins, fut aussi un authentique pédagogue. Il n'a pas laissé de théorie longuement élaborée dans des textes savants, mais il n'a pas, non plus, mené son action éducative d'une façon aveugle. Il a laissé à ses disciples des orientations si précises qu'elles ont formé un système pédagogique cohérent, le système préventif, dont notre époque découvre la grande pertinence.
Une pédagogie débutée en période de crise
Lorsqu'à l'automne 1841, le jeune Jean Bosco, tout juste âgé de vingt-six ans, entra dans la capitale du Piémont, ce fut pour lui un véritable choc. Il avait été élevé dans un minuscule hameau, « les Becchi », et avait effectué ses études dans une bourgade : Chieri. Et voici qu'il découvre la misère des faubourgs de Turin. Le spectacle des jeunes désœuvrés l'horrifie. Il le décrivait en ces termes : « En approchant des ateliers et des fabriques, je n'entendis que des refrains grossiers, des propos cyniques, des jurons, des malédictions ; beaucoup de voix enfantines se joignaient hélas à celles des adultes. À chaque pas, je rencontrais des jeunes garçons déguenillés, que leurs parents par négligence, lâcheté, dépravation ou désespoir abandonnaient à la corruption de la rue ».
Jean Bosco assistait en son siècle à l'émergence de la société industrielle. Un telle situation offre bien des points de similitude avec celle que nous vivons aujourd'hui. L'avènement du monde post-industriel vient bousculer toutes les idéologies et structures anciennes
Une approche pragmatique de l'art éducatif
Pour Jean Bosco l'éducation n'est pas objet de théorie, mais avant tout une pratique. En ce sens elle relève davantage de l'art que de la science.
L'approche salésienne de cet art éducatif est très pragmatique. Et là encore, elle semble très adaptée aux nécessités d'aujourd'hui, car seule une approche pragmatique permet de rendre compte de la complexité, sans tomber dans les pièges de la réduction unidimensionnelle;
Mais si l'expérience et la réflexion de Jean Bosco ne constitue pas une théorie pédagogique au sens stricte du terme, il existe entre elles une unité qui a été vécue.
Une approche préventive du risque éducatif
Jean Bosco fut un des premiers à introduire le concept de prévention dans le champ éducatif en opposition avec la répression plus répandue de son temps. Il s'agit d'aller au devant des risques dans une attitude à la fois prévenante et confiante.
Une telle méthode préventive exige une grande qualité de présence de l'éducateur auprès des jeunes. Celui-ci doit être disponible dans la durée.
Dans le monde d'aujourd'hui où les manifestations de déviance juvénile (délinquance, toxicomanie, conduites suicidaires) s'accroissent dangereusement chez tous les jeunes qui douloureusement marqués par l'échec, ne perçoivent guère la place qu'ils peuvent prendre dans la société de demain, la prévention devient une urgence qui s'impose à tous : Jean Bosco s'avérait être pionnier dans ce domaine
Une approche systémique des relations éducatives
L'originalité de la pensée pédagogique de Jean Bosco réside dans son aspect systémique. Il choisitd'emblée ce vocable pour caractériser sa méthode.
Nous entendons ici par système un ensemble d'éléments interdépendants, liés entre eux par des relations telles que si l'une est modifiée, les autres le sont aussi, et par conséquent l'ensemble est transformé.
La trilogie constitutive de ce système est la triade : « raison-religion-affection », chaque terme devant être éclairé par les rapports qu'il entretient avec les deux autres. La caractéristique fondamentale de la pédagogie salésienne réside dans l'équilibre ordonné autour de ces trois pôles, qui préside au mode de relation mis en place, qu'il s'agisse des relations établies entre éducateurs et jeunes, entre jeunes eux-mêmes et au sein de l'équipe éducative
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