L'échec scolaire n'est pas celui qu'on croit... (26 mai 2015)

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Que faut-il faire pour lutter contre la décadence ? 
Doubler le salaire des enseignants !
 
Cette réflexion, tiré d’un roman écrit par le grand philosophe Michel Henry, L’amour les yeux fermés, n’a jamais quitté mon esprit depuis trente ans. La formulation se montre violente, excessive, naïve, mais elle révèle ce qui cloche dans notre monde. 

Y-a-t-il fonction plus centrale que de former et d’instruire la jeunesse ? Y-a-t-il plus important pour un groupe que de posséder un socle culturel puis de le transmettre de génération en génération ? Sans cela, pas d’identité commune, pas de partage, pas de civilisation, plus d’avenir. 

Or les professeurs perdent peu à peu leur prestige : marginalisés, ringardisés, chahutés, ils appellent à l’effort continu dans une société qui privilégie le plaisir immédiat. Alors que l’environnement valorise l’argent, ils reçoivent maintenant une rémunération sans rapport avec leur qualification. Parfois, ils se font même insulter par ceux qu’ils aident ou leurs parents ! Si cela continue, ils ne seront plus des « hussards noirs de la république » comme on disait au XIXème siècle mais des saints laïcs soutenus seulement par la vocation et l’amour du métier.
 
Que faut-il faire pour lutter contre la décadence ? 
Doubler le salaire des enseignants !
 
Même si je considère que l’argent ne fait pas la réussite, je trouve audacieuse et belle la proposition de Michel Henry qui nous interroge sur nos valeurs en dessinant un monde où l’on respecterait le savoir. Ceux qui critiquent férocement l’enseignement et les enseignants devraient d’abord s’interroger sur cette société qui a mis l’enseignement et les enseignants en position critique !
 
Eric Emmanuel Schmitt
 
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