Jean Paul II
Allocution à la rencontre interreligieuse à Assise, 27/10/86
(trad. DC no. 1929 © copyright Libreria Editrice Vaticana)
« Que votre paix vienne sur elle »
Cette journée à Assise nous a aidés à devenir plus conscients de nos
engagements religieux. Mais elle a aussi donné au monde, qui nous regarde
par les médias, une plus grande conscience de la responsabilité de chaque
religion en ce qui concerne les problèmes de la guerre et de la paix. Plus
peut-être que jamais auparavant dans l'histoire, le lien intrinsèque qui
unit une attitude religieuse authentique et le grand bien de la paix est
devenu évident pour tous. Quel poids terrible à porter pour des épaules
humaines ! Mais, en même temps, quelle vocation merveilleuse et exaltante à
suivre ! Bien que la prière soit en elle-même une action, cela ne nous
dispense pas de travailler pour la paix. Ici, nous agissons comme les
hérauts de la conscience morale de l'humanité en tant que telle, de
l'humanité qui désire la paix, qui a besoin de la paix. Il n'y a pas
de paix sans un amour passionné de la paix. Il n'y a pas de paix sans une
volonté farouche de réaliser la paix. La paix attend ses prophètes.
Ensemble, nous avons rempli nos yeux de visions de paix : elles libèrent
des énergies pour un nouveau langage de paix, pour de nouveaux gestes de
paix, des gestes qui brisent l'enchaînement fatal des divisions héritées de
l'histoire ou engendrées par les idéologies modernes. La paix attend ses
bâtisseurs. Tendons la main à nos frères et à nos sœurs pour les
encourager à bâtir la paix sur les quatre piliers que sont la vérité, la
justice, l'amour et la liberté. La paix est un chantier ouvert à tous et
pas seulement aux spécialistes, savants et stratèges. La paix est une
responsabilité universelle : elle passe par mille petits actes de la vie
quotidienne. Par leur manière journalière de vivre avec les autres, les
hommes font leur choix pour ou contre la paix… Ce que nous avons fait
aujourd'hui à Assise, en priant et en témoignant de notre engagement pour
la paix, nous devons continuer à le faire chaque jour de notre vie. Car ce
que nous avons fait aujourd'hui est vital pour le monde. Si le monde doit
continuer, et si les hommes et les femmes doivent y survivre, le monde ne
peut pas se passer de la prière