23 novembre 2017

Comme des perles

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A Paul, à Franz ...
et à toutes les personnes qui par leur présence allument des étoiles d'espérance...


La première année de mon service d’aumônier de prison, Serge, un jeune détenu, m’a confié un petit poème qu’il avait griffonné la nuit dans sa cellule :  

« Ici, nous sommes comme les perles des huîtres ; nous sortirons de nos coquilles le jour où l’on viendra nous arracher de nos écrins. Si le monde ne s’était pas mis d’accord pour dire que la perle valait la peine d’être pêchée, elle serait toujours au fond des mers… Nous sommes pareils à ces perles, nous valons la peine d’être sauvés, de vivre une autre vie…  Mais y aura-t-il des pêcheurs ? »

Il est vrai que le pêcheur de perle doit être rudement entraîné pour descendre, en apnée, remuer la boue du fond obscur des océans avant de connaître la joie de remonter la perle éclatante de lumière.

Il est tout aussi vrai que la quête des ressources humaines merveilleuses, dans la vie de la prison, demande parfois de prolonger un fameux effort dans une atmosphère irrespirable. Violence absurde, logique de la drogue, infantilisation, déresponsabilisation, froideur arbitraire, victimisation, autant de noms à donner à cette boue des profondeurs du carcéral à remuer quotidiennement !

De même que je suis convaincu de l’éclat de la perle arrachée au fond des mers, je connais la passion lumineuse qui peut me saisir, lorsque j’ai le privilège d’accompagner une personne détenue et sa famille dans leur lutte pour s’arracher aux forces du rejet, pour remonter à la surface, en nous surprenant par l’audace d’un nouveau recommencement.


Philippe Landen  - Aumônier de prison
Extrait de « Résister en prison » 

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19 novembre 2017

Une seule chandelle suffit

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« L’obscurité ne doit jamais être une raison de ne pas croire à la lumière. »
Père Auguste Valensin

Jamais l’espérance ne saura avancer sans entraîner avec elle la crainte. Mais jamais la crainte, aussi obscure soit-elle, ne saurait dérober tout à fait la clarté de l’espérance.

Nous avons donc autant de raison d’exprimer la réjouissance que l’affliction.

Par rapport au mal, nous disposons d’une alternative assez semblable : soit considérer que les forces du mal sont assez puissantes pour entraîner le monde vers le chaos, soit considérer que la lumière du bien, même s’il ne s’agit que de la faible lueur d’une chandelle, suffit à percer les ténèbres les plus profondes.

Que le mal existe ne doit pas accaparer notre esprit au point de nous faire désespérer de toute issue heureuse.

Pour l’homme qu’anime une foi fervente et une ardeur inlassable, nous disposerons toujours d’assez de lumière pour faire refluer les ténèbres.

Une seule chandelle suffit.

François Garagnon  Edts Monte-Cristo

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15 novembre 2017

Prier chaque jour

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Il faut prier chaque jour. Je dis bien : chaque jour. Vous me demandez pourquoi chaque jour ? Parce que c'est ainsi que l'homme est fait. Nous sommes des êtres pétris du sol de notre terre.

Nous sommes solidaires de cette terre et des êtres vivants qui nous entourent. Il y a des jours et des nuits, des soirs et des matins, comme le dit le premier chapitre de la Genèse.

Notre vie se déroule dans le temps. Notre liberté est la liberté d'un être de chair et de sang qui doit vivre dès à présent dans l'éternité de Dieu, mais au jour le jour.

Quand on veut ainsi remettre à Dieu sa vie, il faut la lui remettre chaque jour. Vous connaissez bien la demande du Notre Père : "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour." Quelles qu'en soient la traduction et l'interprétation, elle porte sur "l'aujourd'hui".

Prendre sa vie pour l'offrir à Dieu, c'est accepter chacun des jours comme un don que Dieu fait et le lui rendre, dans une prière d'action de grâce, de bénédiction, de demande, de supplication.

Prier dans le secret. Je dirai plus : prier au moins matin et soir.

Je vais m'endormir et me livrer à la nuit. Par l'abandon au sommeil, je me dispose au repos dont mon corps, mon esprit, mon psychisme ont besoin, le repos qui va refaire mes forces.

L'Église met sur nos lèvres la prière du Christ qui, sur la croix, avant de mourir, prononce (Lc 23, 46) cette phrase du psaume 30, 6 : "Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit." Nous sommes donc associés à l'abandon du Christ entre les mains de son Père, non seulement à l'heure de notre mort, mais chaque soir, dans cette remise de nous-mêmes à la souveraine liberté de Dieu.

Ainsi, l'endormissement devient un acte de confiance en la bonté de Dieu ; il nous dénoue des tensions de la journée, des duretés de la vie. Prier le soir, c'est s'endormir avec le Christ ; c'est, avec le Christ, s'abandonner entre les mains de Dieu.

La prière du matin. Quand je me réveille, au lieu de sortir péniblement du sommeil en secouant ma fatigue comme une bête et en me dépêchant pour ne pas être en retard, avant les premières occupations, prendre un moment, si court soit-il, pour magnifier le jour qui vient, ce réveil qui m'est donné comme un événement de la création et du monde et de notre vie, comme un instant où je peux à neuf recevoir l'existence jaillissant gratuitement de la main de Dieu, comme une résurrection, un surgissement avec le Christ.

Chaque jour de notre vie est un événement ! Un événement qu'il faut prendre comme un cadeau que Dieu nous fait, comme un espace où nous sera donnée la liberté de l'aimer et d'aimer nos frères ; de l'adorer et de faire connaître sa splendeur aux hommes créés à sa ressemblance et à l'image de son Fils bien-aimé ; de vivre et d'accomplir notre tâche d'homme et de femme, la mission que Dieu nous confie, lui qui nous fait exister et qui nous donne la vie. Chaque jour doit être reçu comme le présent qui nous est fait en cet instant par Dieu, notre Créateur et Père.

Chrétiens, par la grâce qui nous est donnée, nous pouvons de tout le jour - et non seulement "sept fois par jour" - faire la matière d'une offrande et d'une louange adressées à Dieu notre Père.

Cardinal Lustiger

 
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12 novembre 2017

La dernière clef

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Le principal but de la vie, c'est aimer.
Le reste est silence.

Nous avons besoin d'aimer.
Même si cela nous mène au pays où les lacs sont faits de larme. ...
Notre seul et vrai choix, c'est de nous livrer au mystère de cette force incontrôlable. ...
parce que la nature est la manifestation de l'Amour de Dieu.
Malgré tout ce que nous faisons, elle nous aime encore.
Aussi, respectons et comprenons ce que la nature nous enseigne.

Nous aimons parce que l'Amour nous libère.
Et nous nous mettons à dire les mots
que nous n'avions même pas le courage de nous murmurer. ...
Nous prenons la décision que nous laissions pour plus tard.
Nous apprenons à dire "non" sans considérer ce mot comme maudit.
Nous apprenons à dire "oui" sans en redouter les conséquences.
Nous oublions tout ce qu'on nous a appris sur l'Amour,
parce que chaque rencontre est différente et porte en elle ses angoisses et ses extases.

Nous chantons plus fort quand la personne aimée est loin
et nous murmurons des poèmes quand elle est près de nous.
Même si elle n'écoute pas ou n'accorde pas d'importance à nos cris et à nos murmures.

Nous ne fermons pas les yeux sur l'Univers
pour nous plaindre de le trouver sombre.

Nous gardons les yeux bien ouverts, en sachant que sa lumière
peut nous pousser à faire des choses insensées.
Cela fait partie de l'Amour.

Notre cœur est ouvert à l'Amour et nous l'offrons sans crainte,
parce que nous n'avons plus rien à perdre.
Alors nous découvrons, en rentrant chez nous,
que quelqu'un était là à nous attendre,

cherchant la même chose que nous
et souffrant des mêmes angoisses et des mêmes inquiétudes.

Parce que l'Amour est comme l'eau qui se transforme en nuage :
il est haut dans le ciel et voit tout de loin,
conscient qu'il devra un jour regagner la terre.

Parce que l'Amour est comme le nuage qui se transforme en pluie :
il est attiré par la terre et fertilise le champ.

Amour n'est qu'un mot,
jusqu'au moment où nous décidons

de le laisser nous posséder de toute sa force.
Amour n'est qu'un mot,
jusqu'à ce que quelqu'un vienne lui donner un sens.


Ne renonce pas.

En général, c'est la dernière clé du trousseau qui ouvre la porte.

Paulo Coelho
"Le manuscrit retrouvé" (extrait)

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11 novembre 2017

Au pied du mur

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Il y a des murs partout, des, des murailles,
des remparts, des forteresses.
On dit que c'est pour se protéger
mais c'est pour s'enfermer.

Qui est le prisonnier ?
Celui qui est derrière les murs
avec son cœur libre,
ou celui qui est dehors
le cœur enchaîné aux affaires ?

Il y a des murs de mépris...
Il y a des murs de la honte...
il y a des murs qui écrasent...
Il y a le mur de l'argent...
Le mur écrit de cris...

Le mur où il est défendu de déposer les ordures
mais où les hommes sont bien obligés de se poser
parce qu'ils n'ont nulle part ailleurs pour dormir...

Les murs tristes qui font le tour des banlieues,
le béton sans visage qui dresse des tours et des barres,
longues, si longues que de loin,
elles ressemblent à des cercueils...

les murs où les chiens aboient
pour cause de propriété privée, de chien méchant...

Le mur du savoir
avec tous ceux qui n'ont jamais eu le droit d'y entrer
et qui n'ont appris ce qu'ils savent
qu'à l'école du malheur
et à l'université de la misère...

Les murs de la faim...
Les murs d'injustice...
Les murs de soupçon...
les murs de colère...

Et toujours ces murs qui déchirent :
L'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud,
Le tiers-monde et le quart-monde,
et le monde tout entier
qui a cessé d'être celui des hommes.

Jean Debruynne

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