01 décembre 2016

La guerre la plus dure c'est la guerre contre soi-même.

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Il faut arriver à se désarmer.
J'ai mené cette guerre pendant des années,
elle a été terrible.
Mais je suis désarmé.
Je n'ai plus peur de rien car l'amour chasse la peur.
Je suis désarmé de la volonté d'avoir raison,
de me justifier en disqualifiant les autres,
je ne suis plus sur mes gardes,
jalousement crispé sur mes richesses.
J'accueille et je partage.
Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets.
Si l'on m'en présente de meilleurs,
ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons,
j'accepte sans regret.
J'ai renoncé au comparatif.
Ce qui est bon, vrai, réel, est toujours pour moi le meilleur.
C'est pourquoi je n'ai plus peur.
Quand on n'a plus rien, on a plus peur.
Si l'on désarme,
si l'on se dépossède,
si l'on s'ouvre au Dieu-Homme qui fait toutes choses nouvelles,
alors Lui efface le mauvais passé
et nous rend un temps neuf
où tout est possible.

 Patriarche Athénagoras

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30 novembre 2016

J’aime beaucoup le mot bonheur.

Pendant de nombreuses années, le philosophe Paul Ricœur, de tradition protestante, avait l’habitude de venir à Taizé. Il est décédé vendredi 20 mai 2005 à l’âge de 92 ans. Les extraits ci-dessous proviennent d’un entretien lors de son séjour à Taizé pendant la Semaine sainte 2000.

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J’aime beaucoup le mot bonheur...

Longtemps, j’ai pensé que c’était soit trop facile, soit trop difficile de parler du bonheur.

Et j’ai dépassé cette pudeur. Ou plutôt je l’approfondis, cette pudeur, en face du mot bonheur. Je le prends dans toute la variété de ses significations, y compris celle des Béatitudes. Je dirais que la formule du bonheur c’est : « Heureux celui qui… »

Alors, le bonheur, je le salue comme justement une « re-connaissance », dans les trois sens du mot : je le reconnais comme étant mien, je l’approuve chez autrui, et j’ai de la gratitude pour ce que j’en ai connu, ces petits bonheurs, parmi lesquels ceux de la mémoire, pour me guérir des grands malheurs de l’oubli.

Et c’est là que je fonctionne à la fois comme philosophe, nourri des Grecs, et lecteur de la Bible et de l’Évangile, où on peut suivre le parcours du mot bonheur, mais dans les deux registres. Parce que le meilleur de la philosophie grecque est une réflexion sur le bonheur, le mot grec eudeimon - on a parlé de l’eudémonisme philosophique, chez Platon, chez Aristote -, et je m’y retrouve très bien avec la Bible. Je pense tout d’un coup au début du psaume 4 : « Ah ! Qui nous enseignera le bonheur ? » C’est une question un peu rhétorique, mais qui a sa réponse dans les Béatitudes.

Et les Béatitudes, c’est l’horizon de bonheur d’une vie sous le signe de la bienveillance, parce que le bonheur, ce n’est pas simplement ce que je n’ai pas, ce que j’espère avoir, mais aussi ce que j’ai goûté.

Paul Ricoeur

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29 novembre 2016

Née par hasard...

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Je suis juste née par hasard
Un jour de grande pauvreté
Dans un pays en guerre
Je n'ai jamais vu le sourire de ma mère
Ni même connu mon père.

Je suis né en prison
J'ai oublié pour quelle raison
Je n'ai pas connu le sein maternel
On me l'a très vite enlevé
Et cette femme qu'on disait ma mère
N'a pas supporté, elle s'est suicidée

Je suis née dans un sous-sol
Avec les souris à même le sol
Je n'aurai pas dû exister
Ma vie est une illégalité
Je n'ai pas de maison ni de nationalité

Je suis née en Afrique
J'ai une autre couleur de peau
Je croyais que tout le monde était comme moi
J'ai souvent eu faim et soif
Mais je n'ai rien dit je n'avais pas le choix

Je suis né on ne sait pas pourquoi
Sans amour sans foi ni loi
Des coups j'en ai ramassé des centaines de fois
Et je n'ai jamais compris pourquoi
La peur au ventre j'ai tout accepté
Contre un espoir d'amour et d'amitié
Mais ce fut toujours en vain

Je suis née dans un camp de réfugiés
A Podujevo, dans un pays étranger
Derrière de hauts barbelés
Et devant de lumineux miradors
Avec toujours des hommes armés
Un jour j'ai pris le convoi de la liberté
Pour une terre d'accueil et d'amitié

Et j'ai compris que dès la naissance
Nous n'avions pas les mêmes chances....

Mira Kuraj
04/2011

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24 novembre 2016

Vous avez dit "Espérance" ?

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Quand le monde qui nous entoure nous fait peur,
l’espérance chrétienne ne nous dit pas
de rester là à pleurnicher parce que tout va mal,
ni de sourire bêtement parce que tout irait bien.

Elle ne nous invite pas à attendre
que Dieu détruise ce monde-là
pour en construire un autre ;
elle nous pose une question très simple :
comment faire de tout cela
une occasion d’aimer davantage ?

Adrien Candiard

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21 novembre 2016

Le pardon

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"Sans le pardon, nous resterions prisonniers de nos actes et de leurs conséquences",affirmait Hanna Arendt.

Le pardon n'est ni rationnel ni juste, mais il nous procure joie et sérénité et il est la condition nécessaire à l'extinction de la violence. Pardonner, ce n'est pas oublier. C'est réussir à apaiser la blessure suscitée par autrui, dans un contexte, un environnement donnés, et à tout mettre en œuvre pour que la situation source de la blessure ne se produise plus.

C'est toujours un choix profond, personnel, un acte de cœur, un acte spirituel, parfois inexplicable, et non dénué d'une certaine dimension mystique.

Frédéric Lenoir

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