08 février 2017

Le vrai silence

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Je ne sais pas si vous avez remarqué : ce qui sépare les gens, ce sont les mots. Même les p'tits mots de rien du tout ça peut produire les pires maux. Il y a des mots blessants, et puis des mots qui tuent. Ainsi l'amour peut commencer sur un signe et finir par un mot, un mot de trop. Peut-être bien qu'on habille la réalité avec des mots parce qu'on a peur de la voir toute nue. Peut-être bien aussi qu'il vaudrait mieux se taire plus souvent.

Apprendre à contempler. Rien dire. Rester dans le silence. Mais pas n’importe quel silence ! Il y a toute une gamme de silences : des graves, les aigus, des intenses. Il y a le silence qui cache l’absence et le vide ; il y a le silence parce qu’on n’ose pas ; il y a le silence parce qu’on ne veut rien dire, ou qu’on s’en fiche ; il y a le silence parce qu’on ferme les yeux et qu’on ne veut pas s’occuper de ce qui ne nous regarde pas : tout ça, ce n’est pas des beaux silences.

Moi, je parle des silences à étoiles, des silences à deux, avec des signes et des messages et des sculptures de connivence, un silence moelleux et rond comme de la tendresse, et grisant comme de l'amour. Un silence dense, la danse d'un silence....

Les amoureux n’aiment rien tant que le silence. C’est drôle : c’est quand ils ne disent rien qu’ils s’entendent le mieux. « On reconnaît l’amour véritable à ce que le silence de l’autre n’est plus un vide à remplir, mais une complicité à respecter. »

François Garagnon
(Jade et les sacrés mystères de la vie)

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07 février 2017

La fraternité pas à pas

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Pour vivre en frères, il faut ralentir le pas
pour se mettre au pas de l'autre ;
faire un pas de côté, parfois,
pour changer son point de vue ;
faire le premier pas pour inviter l'autre
à prendre toute sa place dans le groupe...

La fraternité est une longue marche.
Elle s'apprend ;
elle est désirée mais pas innée.
Elle suppose une prise de conscience
et une acceptation de l'égale dignité de tous...
Elle demande une décision, un effort,
une tension et une attention de tout l'être...
mais elle ouvre à des horizons
et des joies inconnus jusqu'alors.

Véronique Fayet

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03 février 2017

Dépouillement

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« J’ai écrit un livre sur les âges de la vie. J’ai tenté de montrer ces métamorphoses de l’être au cours de la vie. Il est évident que tout cela ne vaut que si l’on a appris en cours d’existence à mourir.

Et ces occasions nous sont données si souvent ; toutes les crises, les séparations, et les maladies, et toutes les formes, tout, tout, tout, tout nous invite à apprendre et à laisser derrière nous.   La mort ne nous enlèvera que ce que nous avons voulu posséder. Le reste, elle n’a pas de prise sur le reste.

Et c’est dans ce dépouillement progressif, qui se crée une liberté immense, et un espace agrandi, exactement ce qu’on n’avait pas soupçonné. »

Christiane Singer
(entretien avec Thierry Lyonnet sur RCF 2001)

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02 février 2017

A l'affût

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Se préparer, c'est accueillir en nous tout ce qui peut advenir dans notre vie, et l’accepter non comme une fatalité, mais en essayant d’en découvrir le sens.

Se préparer, c'est aussi se laisser bousculer par les appels qui nous viennent des autres en nous invitant à changer, et à repenser nos manières de sentir et d'agir.

Se préparer, c’est faire le vide en apprenant le discernement, c’est-à-dire laisser l’inutile, le superflu, pour donner une place plus grande à l’essentiel pour la conduite de notre vie.

Se préparer, c'est mettre son cœur en éveil, à l’affût de tout ce qui peut nous convertir en profondeur, au-delà des émotions et des frémissements, ceux justement qui se vivent ou se disent superficiellement sans rien faire bouger en profondeur.

Se préparer, c’est se risquer à Dieu avec tout ce que cela signifie de bouleversements, d’étrangetés, de surprises pour aller au bout de la rencontre.

Robert Ribber

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29 janvier 2017

Histoire d'un grain de blé

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Et si nous écrivions l'histoire du grain de blé...

" Le grain de blé est parfaitement heureux dans son grenier. Il ne pleut pas dans le grenier. Il n'y a pas d'humidité. Et les petits copains du grain de blé sont bien gentils ; il n'y a pas de bagarre entre eux. Il est heureux, très heureux. "

Par comparaison à ce que nous appelons le bonheur, c'est-à-dire la santé, la fortune... il est heureux. Mais remarquez que c'est un petit bonheur de grain de blé dans un grenier. Je le dis doucement parce qu'il ne faut pas mépriser le bonheur humain. J'ai le droit de travailler à ma santé, à l'aisance et à tout cela. Rien de méprisable en tout cela. Mais par rapport à ce qu'il doit être, c'est un petit bonheur. J'aime beaucoup l'expression "au petit bonheur". Nous marchons en cherchant le petit bonheur.

En écrivant, vous imaginerez que ce grain de blé est très pieux et qu'il remercie Dieu en disant : " Seigneur, je te remercie pour toutes tes grâces : il ne pleut pas, il n'y a pas d'humidité, je suis bien tranquille, c'est parfait. Merci Seigneur. "

En faisant cette prière, le grain de blé s'adresse à un Dieu qui n'existe pas. Il s'adresse à une idole. Un Dieu qui serait le père et le garant d'un petit bonheur dans un grenier, ou qui serait l'auteur et le garant de la bonne santé des hommes, de leur aisance et de leur fortune. Ce Dieu là n'existe pas. N'allons pas nous mettre à genoux devant une idole. Le Dieu qui existe est celui qui va transformer le grain pour qu'il devienne ce pour quoi il existe, c'est-à-dire, un épi.

Mais continuons notre rédaction :
" Un jour, on charge le tas de blé sur une charrette, puis on sort dans la campagne. C'est encore bien mieux que dans le grenier, c'est merveilleux : le ciel bleu, les oiseaux, les fleurs... Mais le grain est toujours un grain. Il n'est pas transformé. Pieusement, il loue Dieu de plus belle :
'La vie, c'est encore beaucoup plus beau que je ne pensais, c'est formidable. Merci, Seigneur' ".

Il s'agit toujours d'un Dieu qui n'existe pas. Bien sûr, vous pouvez nuancer ce jugement, car ce Dieu existe aussi et j'ai bien le droit de louer Dieu pour ma joie et mon bonheur ici-bas. Je dois même le faire, à condition que je m'adresse au vrai Dieu. Or, le vrai Dieu, c'est celui qui va venir maintenant.

" On arrive sur la terre fraîchement labourée, on verse le tas de blé sur le sol et puis on l'enfonce dans la terre. A ce moment-là, le grain de blé sur le sol n'y comprend plus rien. Comme on dit autour de nous : 'Si Dieu existait, de telles choses n'arriveraient pas.' Et notre petit grain se met à regretter le bonheur de son grenier, il se sent mourir, l'humidité le pénètre jusqu'au centre, il se dissout ".

C'est à se demander, à ce moment-là, si la vie n'est pas purement et simplement absurde.

" Quelques semaines plus tard c'est la moisson, et le grain est devenu un bel épi, et c'est pour cela qu'il existait. "


François Varillon sj
Extrait de " Vivre le christianisme ".

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Neuvaine à Don Bosco ►  jour 8 : 29 janvier