17 mai 2010

Au plus profond de ton être

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Cherche-toi dans la solitude, tu trouveras la liberté
Scrute les profondeurs de tes pleurs, méfie-toi de tes certitudes ;
tu verras la sagesse.
 
Investis dans tes pauvretés,
Tu t'enrichiras plus que les rois.
Interroge tes questions, tu apprendras qui tu es.
 
Agenouille-toi et prie lorsque tu veux courir ;
Tu trouveras en toi celui que tu veux fuir.
 
Ecoute les silences plus que tes cris de joie ;
Apprends et vis de tes morts ;
N'oublie pas ton frère qui nourrit ton sourire de larmes ;
Tu expérimenteras la puissance de l'Amour.
 
Observe la fragilité de l'Amour ; tu rencontreras Dieu
 
Alors ta liberté prendra sens,
Ta sagesse deviendra partage,
Ta paix brillera comme feu pour le monde,
Ta joie sera foi, ta foi sera joie.
 
Alors ta foi ne pourra qu'être engagement
Parce qu'elle s'incarnera au plus profond de ton être.

 

 

David MOISAN

10 mai 2010

le coeur léger

 

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Si on avait demandé à François ce qu'est précisément le cœur léger, il n'aurait certainement pas répondu pas une réponse abstraite. 

Il vivait, il chantait et il allait d'un pas si léger qu'il ne soulevait même pas la poussière du chemin.

Et sa réponse aurait eu la légèreté de son cœur:

 

«Tu me demandes ce qu'est le cœur léger ? 
 
Ecoute :  
 
Un oiseau chante dans le jardin.  Ne le dérange pas.  Fais-toi le plus petit possible, le plus effacé, le plus silencieux.   Ecoute-le.  Ne cherche pas à l'attraper, à l'apprivoiser.  C'est la création qui chante.  Et son chant est celui de son Créateur.
 
Des roses s'épanouissent dans le jardin.  Laisse-les fleurir.  Ne tends pas la main pour les cueillir.  Réjouis-toi de les voir si belles, si fraîches.  C'est le sourire du Créateur.
 
Et surtout, surtout, si Dieu vient à fleurir dans ton jardin, ne cherche pas à le ramener à toi.  Laisse Dieu être Dieu.  Réjouis-toi seulement de ce qu'il est Dieu.  Qu'il fleurisse dans ton jardin ou dans celui du voisin, peu importe.  Il est Dieu, cela suffit.
 
Et si tu rencontres un misérable, un être douloureux ou désespéré, tais-toi, écoute-le.  Emplis tes yeux de sa présence, de son existence, jusqu'à ce qu'il découvre lui-même dans ton regard qu'il existe vraiment et que tu es son frère.  Alors, tu trouveras les gestes et les mots qui conviennent.  Et peut-être qu'il n'y aura rien à dire ou à faire ?  Il existe.  Tu l'as fait exister.  Tu as été Dieu pour ton frère.
 
Alors, tu entendras toi aussi le chant de la flûte neuve.  Tu ne seras pas un violent, un conquérant, un rapace.  Tu connaîtras la joie divine d'exister.  Tu auras le cœur léger.»

08 mai 2010

La joie !

de Thomas de Celano (vers 1190-vers 1260), biographe de St François et de Ste Claire - Vita Secunda de St François, § 125 et 127 (trad. Debonnets et Vorreux, Documents, p.430)

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« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous »

 

Saint François affirmait : « Contre toutes les machinations et les ruses de l'ennemi, ma meilleure défense c'est encore l'esprit de joie.

Le diable n'est jamais si content que lorsqu'il a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de son âme. Il a toujours une réserve de poussière qu'il souffle dans la conscience par quelque soupirail, afin de rendre opaque ce qui est pur ; mais dans un cœur gonflé de joie, c'est en vain qu'il essaie d'introduire son poison mortel.

Les démons ne peuvent rien contre un serviteur du Christ qu'ils trouvent plein de sainte allégresse ; tandis qu'une âme chagrine, morose et déprimée se laisse facilement submerger par la tristesse ou accaparer par de faux plaisirs. »

Voilà pourquoi lui-même s'efforçait de garder toujours le cœur joyeux, de conserver cette huile d'allégresse dont son âme avait reçu l'onction (Ps 44,8). Il avait grand soin d'éviter la tristesse, la pire des maladies, et quand il sentait qu'elle commençait à filtrer dans son âme, il avait aussitôt recours à la prière. « Au premier trouble, disait-il, le serviteur de Dieu doit se lever, se mettre en prière et demeurer face au Père tant que ce dernier ne lui aura pas fait retrouver la joie de celui qui est sauvé » (Ps 50,14)...

De mes propres yeux, je l'ai parfois vu ramasser à terre un morceau de bois, le poser sur son bras gauche et le racler d'une baguette tendue comme s'il promenait un archet sur la viole ; il mimait ainsi l'accompagnement des louanges qu'il chantait au Seigneur en français.

 

 

 

 

source : www.levangileauquotidien.org

07 mai 2010

Marie, à Cana

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« Ils n'ont pas de vin », dit Marie.
 
 Admirons cette discrétion. Elle ne demande rien, simplement elle constate. Mais dans son cœur, bien sûr, elle espère...
 
La réponse de Jésus peut paraître bien dure. Aussi dure que celle qu'il fit à ses parents à l'âge de douze ans lorsqu'ils le cherchaient dans le temple : « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? »
 
« Mon heure n'est pas encore venue » dit-il à sa mère. Pourquoi cette prise de distance ?
 
Jésus a conscience de sa mission. Il est tout entier à l'écoute de son Père. Il faut respecter l'heure de Dieu. Obéir à son Père, c'est plus important que faire plaisir à sa mère.
 
Tout de suite Marie a compris : « Faites tout ce qu'il vous dira » dit-elle aux serviteurs. Elle dépasse son rôle maternel pour devenir disciple de son fils.
 
Aux noces de Cana, Marie va naître à une nouvelle dimension, à une nouvelle relation.
 
Désormais, elle va suivre son fils et s'effacer devant lui.
 
Alors le miracle peut s'accomplir. Non plus seulement comme un geste de bonté, mais comme un acte de révélation. « Il manifeste sa gloire, dit saint Jean, et ses disciples crurent en lui ».
 

Jean MEEUS.s.j

04 mai 2010

Le porteur d'eau

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En Inde, un porteur d'eau portait deux pots d'eau. Chacun était accroché au bout d'un bâton posé en balancier sur ses épaules.

Un des pots était marqué d'une fêlure et l'autre était parfait : il gardait son pot plein d'eau tout au long du chemin qui menait à la rivière. Le pot fêlé ne livrait que la moitié de son chargement d'eau.

Pendant deux ans, ceci arriva chaque jour : le porteur d'eau n'apportait qu'un seau et demi à la maison des maîtres.

Bien sûr, le pot parfait était fier. Et le pot fêlé était honteux de son défaut, malheureux de ne pouvoir accomplir que la moitié de sa mission.

Après deux ans de ce qu'il ressentait comme un échec, il parla au porteur d'eau, près de la rivière : « J'ai honte, je voudrais m'excuser, je voudrais être un autre pot comme le pot parfait ».

- «Pourquoi?» demanda le porteur.»De quoi as-tu honte?»

- «Depuis deux ans, je n'ai été capable de porter que la moitié de ma charge: ma fêlure fait couler l'eau pendant tout le trajet qui sépare la rivière de la maison de mes maîtres. A cause de mon imperfection, tu n'es pas récompensé de ton travail» dit le pot. Le porteur d'eau fut désolé d'entendre cette complainte.

- «Lorsque nous retournerons à la maison des maîtres, observe bien les belles fleurs le long du chemin».

En effet, comme ils escaladaient la colline, le pot fêlé observa le soleil qui dorait les superbes fleurs sauvages le long du sentier. Cela lui réchauffa un peu le cœur. Mais à l'arrivée, il se sentait toujours mal car il avait perdu la moitié de son eau.

 A nouveau, le pot fêlé s'excusa auprès du porteur d'eau. Celui-ci répondit :

« As-tu remarqué que les fleurs sauvages n'avaient poussé que de ton côté du chemin seulement ? C'est parce que j'ai compris ta fragilité et que j'en ai tiré parti : j'ai semé des fleurs de ton côté du sentier. Chaque jour lorsque je reviens de la rivière, tu arroses. Depuis deux ans, j'ai ainsi des fleurs à couper pour décorer la table des maîtres. Si tu n'étais pas tel que tu es, cette maison ne serait pas aussi fleurie ! »

 

 ( Tiré de Soif 2000)