31 mai 2010

La tendresse

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"En chaque cœur humain vit un insatiable désir d'aimer et d'être aimé, une faim de compréhension et de tendresse.  Mais nous sommes blindés d'habitudes, coincés dans le filet du travail.  Nous ne voyons pas le Dieu mendiant de douceur dans le cœur de ceux qui nous sont proches. 
 
Un mot, un seul mot peut-être, simplement prononcé ou doucement murmuré à l'oreille, peut contenir la plénitude de l'amour. 
 
Un cadeau, si mince, si insignifiant qu'il soit, se revêt d'importance aux yeux de qui le reçoit en raison de la personne qui l'offre.
 
La tendresse s'exprime par des actes.       
 

P.Boudens,OMI  

28 mai 2010

Non pas par violence mais par persuasion

 

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Nulle puissance humaine ne peut forcer le retranchement impénétrable de la liberté d'un cœur.  

Pour Jésus Christ, son règne est au-dedans de l'homme, parce qu'il veut l'amour. Aussi « n'a-t-il rien fait par violence, mais tout par persuasion », comme dit saint Augustin. L'amour n'entre point dans le cœur par contrainte : chacun n'aime qu'autant qu'il lui plaît d'aimer. Il est plus facile de reprendre que de persuader ; il est plus court de menacer que d'instruire ; il est plus commode à l'impatience et à la hauteur humaine de frapper sur ceux qui résistent, que de les édifier, que de s'humilier, que de prier, que de mourir à soi, pour leur apprendre à mourir à eux-mêmes. Dès qu'on trouve quelque mécompte dans les cœurs, chacun est tenté de dire à Jésus Christ : « Voulez-vous que nous disions au feu de descendre du ciel pour consumer ces pécheurs indociles » ? Mais Jésus Christ... réprime ce zèle indiscret.  

... Toute indignation, toute impatience, toute hauteur contraire à cette douceur du Dieu de patience et de consolation est une rigueur de pharisien. Ne craignez point de tomber dans le relâchement en imitant Dieu-même, en qui « la miséricorde s'élève au-dessus du jugement »

Fénelon (1651-1715), archevêque de Cambrai

Discours prononcé au sacre de l'Électeur de Cologne, second point ; in Oeuvres (1823), t 17, p. 161-163

 

26 mai 2010

les gestes de la vie

 

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Il y a des jours où sans le savoir peut-être, tu vas loin, très loin dans les gestes de la vie.

Si tu savais mon frère, l'étonnante portée de tous ces gestes-là...

Sans le savoir, sans le vouloir, tu as donné à quelqu'un le goût de vivre, le courage de se mettre debout et plus encore, le goût d'aimer.

Si tu savais, toi mon frère inconnu, comme elle est chaude la table de l'ami, quand le corps est transi parce que le cœur fait mal.

Si tu savais combien le pain est bon, quand au-delà du pain, tu donnes la parole.

Il y a des jours où, sans le savoir, en te risquant au partage, toi aussi, tu dis le meilleur de l'homme, parce que tout simplement, tu as ouvert ta porte, tu as mis une assiette de plus et tu as dit : « Si tu venais manger chez nous ».

Ce jour-là, peut-être, tu as donné plus que du pain et grâce à toi, ton frère est debout.

25 mai 2010

Prière d'un pissenlit

par Denis Gagnon, o.p.

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Mon Dieu, mon Soleil, tu m'as fait à ta ressemblance et je suis heureux d'être un portrait de toi.  Qu'il fasse beau ou que le temps soit triste, je garde ma lumière, petite étoile au coin des pelouses ou à travers le long foin sec.

Comme toi, je suis partout, envahissant ou discret, selon que la terre est riche ou stérile.  Je m'accroche à la vie avec une ardeur que l'on ne retrouve pas assez chez les  humains.

Devant les obstacles, je suis têtu comme une mule. Aux trottoirs crevassés, poussiéreux, qui se résignent trop facilement à supporter les bâtonnets de Pop-Sicle, les sacs de Chips ou les pneus de voitures mal garées, je veux dire que tout ce que je porte, au fond de moi, a droit d'exister au grand jour et que l'asphalte, si résignant soit-il, ne peut m'empêcher de chercher la lumière et l'oxygène.  Bien du monde devrait avoir ma ténacité: que d'obstacles seraient vaincus, que de talents auraient la chance de naître, que de bonheurs pourraient vivre!

On m'en veut beaucoup.  Les maniaques des gazons verts ne peuvent me tolérer.  Je les comprends bien puisque je n'ai pas bonne réputation et que l'on se fie tellement à la réputation des gens.  On dit beaucoup de mal à mon sujet. D'autres, à ma place, se cacheraient, se laisseraient  envahir par un complexe d'infériorité ou se révolteraient à grand renfort de violence.  J'ai pensé gagner l'amitié par la douceur, en faisant valoir mes qualités, en essayant de trouver ma place dans la famille des fleurs, en respectant celle qu'occupent les autres.

Les botanistes me donnent des noms longs comme un poteau de téléphone; ils m'auscultent de tout bord et de tout côté; ils me mesurent et étudient mes mœurs.  Mais, si compétents qu'ils soient à mon sujet, ils ne remplaceront jamais la délicatesse d'un enfant qui me rassemble en bouquet pour m'offrir à sa mère.  Le regard attendri d'une maman me fait oublier toutes les méchancetés des autres.

Merci, mon Dieu, mon Soleil, pour la vie, pour le vent qui me fait danser, pour le frémissement de l'abeille qui se gave de mon pollen, pour le papillon qui réveille en moi le poète si souvent étouffé par ma raison trop sérieuse.  Merci beaucoup pour le goût d'aimer, malgré la hargne qu'on déploie à mon endroit.  Merci beaucoup parce que tu m'aimes tel que je suis, parce que je m'accepte tel que je suis.

18 mai 2010

Il ne suffit pas de parler...

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Ta Parole Seigneur, retentit en nos cœurs de chrétiens comme un appel. Nous nous savons chargés de mission. Une Eglise qui se fermerait sur elle-même serait un contre-témoignage.

On ne donne que ce que l'on a, on ne témoigne que de ce que l'on connaît. Avant d'être missionnaire, l'Eglise doit être contemplative.

Donner, c'est transmettre à quelqu'un. Tu nous envoies Seigneur, à des hommes dont tu connais les noms. Tu sais ce qu'ils sont en droit d'attendre de nous et ce que nous avons le devoir de leur donner. Donne-nous faim et soif de connaître et de bien connaître ceux à qui tu nous envoies. Donne-nous de comprendre l'attente de nos frères, de ne pas leur imposer un fardeau que nous ne pourrions porter nous-mêmes.

Donne-nous de travailler ensemble à ta mission. L'Eglise, pour être composée d'individus, est avant tout une famille. C'est ensemble, en famille, qu'il faut œuvrer à ton règne.

Témoigner, ce n'est pas seulement te dire aux hommes. Il faut cheminer avec eux. Ils ne te reconnaîtront à la fraction du pain que dans la mesure où, auparavant, nous aurons marché avec eux, fraternellement, loyalement, respectueusement.

Les hommes que nous avons à évangéliser ont une culture, ils sont marqués par le siècle où ils vivent. Il ne suffit pas de connaître les hommes. Il faut connaître les philosophies qui les imprègnent, les influences qu'ils subissent. Donne-nous, Seigneur, de savoir faire silence avant de donner. Fais de nous, Seigneur, des hommes de partage en esprit et en vérité.

Donne-nous de témoigner de ton amour pour tous les hommes en donnant priorité à ceux qui ont le plus besoin d'espérance et d'amour.  Les pauvres, les malades, les personnes âgées ...

 

Jean HARANG .