04 août 2017

Douceur de vivre, amour de soi

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L'amour de soi est à l'amour de Dieu ce que le blé en herbe est au blé mûr. Il n'y a pas de rupture de l'un à l'autre, juste un élargissement sans fin, les eaux en crue d'une joie qui, après avoir imprégné le cœur, déborde de toutes parts et recouvre la terre entière.

L'amour de soi naît dans un cœur enfantin. C'est un amour qui coule de source. Il va de l'enfance jusqu'à Dieu. Il va de l'enfance qui est la source, à Dieu qui est l'océan.

Quant à la douceur de vivre, elle est inchangée avec les siècles. Elle est faite du calme d'un entretien, du repos d'un corps, d'une couleur d'un mois d'août.  Elle est faite du pressentiment que l'on vivra toujours, dans l'instant même où l'on vit.

L'amour de soi est le premier tressaillement de Dieu dans la jubilation d'un cœur.
La douceur de vivre est l'avancée d'une vie éternelle dans la vie d'aujourd'hui.

Christian Bobin

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03 août 2017

« Venez à l’écart »

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Les vacances et les congés évoquent le repos. Le repos est évidemment nécessaire, tant pour le corps que pour l’esprit. Il n’est pas pour autant si facile à vraiment trouver et honorer. Nous avons besoin de briser le rythme et de faire autre chose, mais nous pouvons vivre ce temps sur le même mode que le temps du travail, sans forcément modifier nos façons de procéder... 

...L’accélération des rythmes de vie laisse peu de place au repos. Combien de mails exigent une consultation immédiate et une réponse rapide ! On ne supporte plus l’attente et le délai. Même le temps des loisirs, saturé par la multiplication des activités et des déplacements au pas de course, reste investi par la logique de la compétitivité, du rendement et de la performance qui régit le temps du travail. A tout instant et en tout lieu, nous pouvons êtres joignables et il devient difficile de résister à ce flux de communication qui brouille les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle. Notre difficulté à nous déconnecter nous maintient sous pression. Cette accélération comporte une dimension omnivore qui consume toutes les énergies. Et c’est cela qui nous fatigue…

Le lieu de travail est aussi quelquefois lieu de tensions, des tensions qui épuisent. Il n’est pas toujours facile de mettre la distance nécessaire pour ne pas se laisser absorber. Nous savons bien que la fatigue est autant due aux conditions de travail qu’au travail lui-même. Et il y a tant d’autres lieux de tensions…

« Venez à l’écart, dans un endroit désert »


Se reposer, c’est d’abord prendre son temps pour trouver le rythme qui nous est propre. Quitter des yeux le temps des horloges et des messageries. Savourer le bonheur d’une journée dont on dispose, ne menant à rien d’autre qu’à soi-même. Retrouver ce rythme intérieur, qui favorise la pacification et l’unification de soi par-delà toutes les tensions et les oscillations qui nous font perdre de l’énergie. Se donner le temps, ce temps gratuit de l’intériorisation, de la réflexion, de la prière. Que ce temps de vacances soit un temps privilégié pour les rencontres familiales et amicales, pour les reprises spirituelles et culturelles.

Le verbe « se reposer » provient étymologiquement de « pause » ou « arrêt de travail ». Il est satisfaisant à de penser qu’il ressemble à se « re-poser », « se poser de nouveau » ou encore « prendre une posture nouvelle ».

L’invitation de Jésus, « Venez à l’écart, dans un endroit désert », exprime l’affectueuse attention de Jésus pour ses disciples au retour de leur mission. Jésus ne donne pas de recette toute faite, mais il nous faut sans doute accepter d’ « aller à l’écart », de mettre un peu de distance avec nos préoccupations… pour retrouver le quotidien avec un regard renouvelé et un cœur pacifié.

Faites une pause, pour vous poser… et vous re-poser !

Bel été à toutes et à tous, et n’oubliez pas ceux qui restent seuls et ceux qui travaillent pour vous assurer de belles vacances !

Édito de Mgr Yves Boivineau,
Catholique 74 - juillet
Diocèse d'Annecy

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02 août 2017

La lumière des âmes

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Toutes nos activités sont à quelque degrés interchangeables, et la plupart pourraient être accomplies par des machines.

L’acte irremplaçable, c’est le rayonnement de l’être, le sourire de la bonté, l’élan du cœur: tout ce qui vient du dedans, en la gratuité du don.

C’est par là que tout être est nécessaire, que toute vie est infinie: le pain, qu’on achète et qu’on vend, peut être le symbole d’une communion, si les mains qui se touchent et les regards qui s' affrontent laissent passer la lumière des âmes.

MAURICE ZUNDEL (L'Évangile intérieur)

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27 juillet 2017

Cultiver le temps de l'attente

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« Tout ce qui est exquis mûrit lentement. » Arthur Schopenhauer

Toute notre société est bâtie sur le culte de l’immédiateté. Tout doit être de plus en plus accessible et de plus en plus rapide. Le délai qui sépare un désir de sa réalisation est traqué impitoyablement, afin que la satisfaction ne soit pas reportée à un décevant “plus tard”.

L’époque n’a pas prévu un effet très pervers de cette recherche d’excellence dans la réactivité : c’est qu’en gommant le temps de l’attente, on a supprimé le temps du désir.

Une longue attente peut être considérée comme un supplice, mais c’est un délicieux supplice. Délicieux, non par masochisme, mais parce qu’en creusant le désir, nous accédons à une joie située sur la ligne de crête de l’intensité émotive.

Pour goûter la pleine saveur d’un mets, d’un événement, d’un être, il faut d’abord connaître le manque. « Qui est impatient n’aime pas » dit un proverbe italien. Un trop soudain plaisir est un plaisir médiocre qui nous laisse sur notre faim. La satiété conduit au dégoût.

Que ce soit dans nos relations humaines, dans nos rêves de réalisation personnelle, dans nos convoitises matérielles, dans nos désirs et nos projets, ne cédons pas une impatience coupable ; ne précipitons pas le temps des éclosions subtiles et des longs mûrissements. Ce temps-là n’est jamais du temps perdu. Cultivons le temps de l’attente comme un secret de joie durable.

Et souvenons-nous toujours que “tout ce qui est exquis mûrit lentement”.


François Garagnon
(Pensées Revigorantes - Edts Monte-Cristo)

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« Seigneur, donne-moi de cette eau » (Jn 4,15)
CULTIVONS L’ART D’ÉCOUTER ET D’ACCOMPAGNER
Ángel Fernández Artime, sdb Recteur Majeur

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25 juillet 2017

L'icône endommagée

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A moins de regarder une personne et de voir la beauté en elle, nous ne pouvons l'aider en rien.

On n'aide pas une personne en isolant ce qui ne va pas chez elle, ce qui est laid, ce qui est déformé.

Le Christ regardait toutes les personnes qu'il rencontrait, la prostituée, le voleur, et voyait la beauté cachée en eux. C'était peut-être une beauté déformée, abîmée, mais elle était néanmoins beauté, et Il faisait en sorte que cette beauté rejaillisse.

C'est ce que nous devons apprendre à faire envers les autres.

Mais, pour y parvenir, il nous faut avant tout avoir un cœur pur, des intentions pures, l'esprit ouvert, ce qui n'est pas toujours le cas... afin de pouvoir écouter, regarder et voir la beauté cachée.

Chacun de nous est à l'image de Dieu, et chacun de nous est semblable à une icône endommagée. Mais si l'on nous donnait une icône endommagée par le temps, par les événements, ou profanée par la haine des hommes, nous la traiterions avec tendresse, avec révérence, le cœur brisé. C'est à ce qui reste de sa beauté, et non à ce qui en est perdu, que nous attacherions de l'importance.

Ainsi, nous devons apprendre à réagir envers chacun...

Anthony Bloom, moine orthodoxe
extrait de la revue "Ombres et Lumière", n° 114, juin 1996

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