10 mars 2016

L'écho

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Rôdant, triste et solitaire
Dans la forêt du mystère,
J’ai crié le cœur très las :

- « La vie est triste ici-bas ! »
L’Écho m’a répondu : « Bah ! »

– « Écho, la vie est méchante ! »
Et, d’une voix bien touchante,
L’Écho m’a répondu : « Chante ! »

– « Écho, Écho des grands bois,
Lourde, trop lourde est ma croix ! »
L’Écho m’a répondu : « Crois ! »

– « La haine en moi va germer,
Dois-je rire ou blasphémer ? »
Et l’Écho m’a dit : « Aimer ! »

Comme l’Écho des grands bois
M’a conseillé de le faire :
J’aime, je chante et je crois !
Et je suis heureux sur terre !

Théodore Botrel (1868-1925)

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06 mars 2016

Guerrier de lumière

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"Un guerrier de lumière fait toujours des gestes hors du commun. Il peut danser dans la rue en se rendant à son travail. Ou regarder un inconnu dans les yeux et parler d'amour au premier coup d’œil. Défendre une idée qui peut paraître ridicule. Le guerrier se permet ce genre de choses.

Il ne craint pas de pleurer de vieux chagrins ni de se réjouir de nouvelles découvertes. Quand il sent l'heure venue, il abandonne tout et part pour l'aventure dont il a tant rêvé. Quand il comprend qu'il est à la limite de sa résistance, il quitte le combat, sans se sentir coupable d'avoir fait une ou deux folies inattendues.

Un guerrier ne passe pas ses jours à tenter de jouer le rôle que les autres ont choisi pour lui."

Paulo Coelho

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02 mars 2016

Dis-leur

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Dis-leur ce que le vent dit aux rochers,
ce que la mer dit aux montagnes.

Dis-leur qu’une immense bonté
pénètre l’univers

Dis-leur que Dieu n’est pas ce qu’ils croient,
qu’il est un vin que l’on boit,
un festin partagé
où chacun donne et reçoit.

Dis-leur qu’il est joueur de flûte
dans la lumière de midi :
il s’approche et s’enfuit
bondissant vers les sources.

Dis-leur que sa voix seule
pouvait t’apprendre ton nom.

Dis-leur son visage d’innocence,
son clair-obscur et son rire.

Dis-leur qu’il est ton espace et ta nuit,
ta blessure et ta joie.

Mais dis-leur aussi qu’il n’est pas ce que tu dis
et que tu ne sais rien de lui.

(Anonyme)

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29 février 2016

Monsieur « On-Dit »

Vous ne le connaissez pas, je ne le connais pas. Il existe, mais personne ne l'a jamais rencontré. Monsieur « On-Dit » se faufile dans le monde où « ça cause », dans un salon, autour d'une table. Il chuchote plus qu'il ne parle, sur le ton de la confidence, par allusion ou par insinuation : « Je n'irai pas jusqu'à dire que... » Il baigne dans le « clair-obscur », il balance entre la demi-vérité et le demi-mensonge. Son langage est crépusculaire, les mots se couvrent d'ambiguïté, deviennent pervers. Il n'a rien du vulgaire colporteur de cancans. Il est un prestidigitateur élégant entre les mains duquel la moindre parcelle de vérité sert de caution à une fausse conclusion, à un mensonge, à une calomnie.

Il feint de ne pas juger, il ne s'engage pas, il ne « se mouille » pas : « Ne trouvez-vous pas que... » C'est l'autre qui est convié à passer de la suggestion à la conviction, à devenir plus que son complice, l'auteur de sa nouvelle.

Monsieur « On-Dit » se complaît dans un monde fendillé, où le mal suinte de partout. Il ne peut voir le bon côté des hommes, celui qui brille au soleil de Dieu, il ne repère que les ombres, les versants glacés et impraticables. Il habitue son interlocuteur à ne flairer que le mal, à imaginer que tout est mal.

Etre ainsi blessé sans connaître sa blessure, la pire des blessures, la seule mortelle. Monsieur « On-Dit », frivole ou cruel, si vous êtes le plus perfide des criminels, c'est parce que chacun de nous est peut-être devenu sans le savoir votre victime.

Cardinal Roger Etchegaray

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26 février 2016

Eloge de la fatigue

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Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?

Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...

Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.

Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.

La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.

Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.

Et vous me conseillez d'aller me reposer !
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.

Robert Lamoureux

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