15 juin 2008

« Donner concrètement notre oui à ce qui nous est demandé. »

Accomplir soigneusement et rigoureusement les tâches qui nous incombent et se fier à la Providence.
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 St François de Sales nous y invite :
 
« Le soin et la diligence(1) que nous devons avoir en nos affaires sont choses bien différentes de la sollicitude(2), souci et empressement. ...Soyez donc soigneuse et diligente en toutes les affaires que vous aurez en charge, ma Philothée, car Dieu vous les ayant confiées veut que vous en ayez un grand soin; mais s'il est possible, n'en soyez pas en sollicitude et souci, c'est-à-dire, ne les entreprenez pas avec inquiétude, anxiété et ardeur.  Ne vous empressez point à la besogne: car toute sorte d'empressement trouble la raison et le jugement, et nous empêche même de bien faire la chose à laquelle nous nous empressons.
 
Les bourdons font plus de bruit et sont bien plus empressés que les abeilles, mais ils ne font sinon la cire et non point de miel: ainsi ceux qui s'empressent d'un souci cuisant et d'une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien. Les mouches ne nous inquiètent pas par leur effort, mais par la multitude: ainsi les grandes affaires ne nous troublent pas tant comme les menues, quand elles sont en grand nombre. Recevez donc les affaires qui vous arriveront, en paix, et tâchez de les faire par ordre, l'une après l'autre; car si vous les voulez faire tout à coup ou en désordre, vous ferez des efforts qui vous fouleront et alanguiront votre esprit, et pour l'ordinaire vous demeurerez accablée sous la presse et sans effet.
 
Et en toutes vos affaires, appuyez-vous totalement sur la providence de Dieu, par laquelle seule tous vos desseins doivent réussir; travaillez néanmoins de votre côté tout doucement pour coopérer avec elle, et croyez que si vous vous êtes bien confiée en Dieu, le succès qui vous arrivera sera toujours le plus profitable pour vous, soit qu'il vous semble bon ou mauvais selon votre jugement particulier.
 
Faites comme les petits enfants, qui de l'une des mains se tiennent à leur père, et de l'autre cueillent des fraises ou des mûres le long des haies; car de même, amassant et maniant les biens de ce monde de l'une de vos mains, tenez toujours de l'autre la main du Père céleste, vous retournant de temps en temps à lui, pour voir s'il a agréable votre ménage ou vos occupations. Et gardez bien sur toutes choses de quitter sa main et sa protection, pensant d'amasser ou recueillir davantage car s'il vous abandonne, vous ne ferez point de pas sans donner du nez en terre. Je veux dire que, quand vous serez parmi les affaires et occupations communes, qui ne requièrent pas une attention si forte et si pressante, vous regardiez plus Dieu que les affaires; et quand les affaires sont de si grande importance qu'elles requièrent toute votre attention pour être bien faites, de temps en temps vous regarderez à Dieu, comme font ceux qui naviguent en mer, lesquels, pour aller à la terre qu'ils désirent, regardent plus en haut au ciel que non pas en bas où ils voguent. Ainsi Dieu travaillera avec vous, en vous et pour vous, et votre travail sera suivi de consolation. »
IVD 3ème partie ch 10. «Qu'il faut traiter des affaires avec soin et sans empressement ni souci.»
 
« ... il ne faut rien oublier de tout ce qui est requis pour faire bien réussir les entreprises que Dieu nous met en main, mais à la charge que si l'événement est contraire, nous le recevrons doucement et tranquillement; car nous avons commandement d'avoir un grand soin des choses qui regardent la gloire de Dieu et qui sont en notre charge, mais nous ne sommes pas obligés ni chargés de l'événement, car ce n'est pas en notre pouvoir. .,. c'est à nous de bien planter et bien arroser; mais de donner l'accroissement, cela n'appartient qu'à Dieu. »
« ... Le laboureur ne sera jamais tancé s'il n'a pas belle cueillette, mais oui bien s'il n'a pas bien labouré. »TAD livre 9, ch 6 et 7.
  1 Diligence = rapidité.

2 A cette époque, sollicitude voulait dire inquiétude, empressement pour demander, obtenir quelque chose.

13 juin 2008

le "SUBITO"

Un "temps" salésien ...


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Il faut « faire quelque chose tout de suite », subito, parce que les garçons pauvres ne peuvent pas se payer le luxe d'attendre les réformes, les plans organisés, les changements de système. 
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Bien sûr, le subito ne suffit pas.  «si tu rencontres quelqu'un qui meurt de faim, au lieu de lui donner un poisson, apprends-lui à pêcher»; c'est très juste. 
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Mais l'envers de cette phrase est vrai aussi.  «si tu rencontres quelqu'un qui meurt de faim, donne-lui un, poisson, pour qu'il ait le temps d'apprendre à pêcher. »  le subito ne suffit pas, l'intervention immédiate non plus, mais à quoi bon « préparer un avenir différent» si, en attendant, les pauvres meurent de faim…

02 juin 2008

Être « chrétien et citoyen » dans un monde qui évolue, est-ce possible?

 Un regard sur Saint François de Sales 


une réflexion de Sœur Catherine FINO fma dans le cadre du 2ème Congrès de l'éducation salésienne dont le thème était: "le système préventif dans un monde sécularisé".  

Lyon en novembre 2000


 

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Nous allons porter notre regard sur quelqu’un dont don Bosco s’est inspiré, non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur le plan éducatif: Saint François de Sales.
 
Être « chrétien et citoyen » dans un monde qui évolue, est-ce possible?
 
Le contexte où vit François de Sales se rapproche déjà du nôtre. Bien sûr, il ne connaît pas encore la sécularisation des sociétés européennes, mais on voit apparaître au XVIIème siècle, une situation nouvelle: l’existence du protestantisme.
 
On ne choisit pas encore de vivre avec ou sans Dieu, mais le spirituel devient pluriel dans la société.  Et ça se vit mal sur le plan politique, même avant les guerres de religion: Luther est banni de l’empire, il perd toute protection juridique, et il risque sa vie.  Du coup la réflexion s’engage, et Luther propose une séparation entre le domaine de l'Etat (le temporel) et le domaine de l’Église (le spirituel).
 
Vingt ans après, François de Sales écrit en écho, dans un texte sur l’obéissance: «Il faut obéir à tous les supérieurs, à chacun néanmoins en ce en quoi il a autorité sur nous: on ce qui concerne la police et les choses publiques, il faut obéir aux princes; en ce qui regarde l’ordre dans l’Église, aux évêques; dans la famille, au père, ou au maître de maison, ou au mari, quant à la conduite de votre vie chrétienne, au prêtre qui vous accompagne (directeur ou confesseur particulier)».
 
 Belle introduction à la laïcité. Et notons au passage qu' « on ne choisit pas habituellement son prince ou son évêque, ni même souvent son mari, mais on choisit bien son confesseur ou directeur»: le discernement qui existe dans la vie de foi pourra bien être prophétique et formateur dans les autres secteurs.  Il s’agit bien d’un espace de liberté. (IVD III, XI 163).
 
Comme chrétien, il ne s’agit pas d'être à part: « Non, Philothée, la foi chrétienne ne gâche rien quand elle est vraie, au contraire elle améliore tout. Si elle contrarie les engagements légitimes de quelqu’un, c’est sans doute qu’elle est déformée.  Chacun devient plus agréable (sociable) dans ce qu'il fait en y ajoutant la foi: le soin de la famille en est rendu paisible, l’amour de la femme plus sincère, le service du prince (de l’État) plus fidèle, et toutes sortes d’occupations plus agréables » (IVD I, III 37).  «Bon citoyen et bon chrétien»: pour don Bosco aussi, la foi chrétienne sera une chance pour la bonne citoyenneté d’un jeune.
 
Il ne s’agit pas de s’accommoder d’un juste milieu, d’être moins chrétien pour tenir aussi son rôle de citoyen, ou à l’inverse, de démissionner  de certains secteurs de la vie sociale pour pouvoir accéder à un plus haut niveau de christianisme.  Luther a plaidé pour que tous, clercs ou laïcs, soient reconnus comme chrétiens à part entière. 
 
François de Sales met en acte sa conviction de légale dignité et vocation de tous les chrétiens, quel que soit leur statut social ou ecclésial: « Mon intention est la formation chrétienne de tous ceux qui vivent en ville (pas seulement dans la société traditionnelle rurale; aujourd’hui ce serait la formation de ceux qui vivent à l'heure d'internet et de mondialisation), qui sont mariés, qui sont à la cour (en politique),  et qui par leur situation sociale sont obligés d’adopter un certain mode de vie qu’ils pensent incompatible avec la vie chrétienne».  IVD Préface 24.         
 
 « C’est une hérésie de vouloir exclure de la vie chrétienne les soldats (l’armée), les artisans (les ouvriers, les professionnels) les courtisans des princes (les hommes politiques), les gens mariés (% clercs).  Où que nous soyons, nous pouvons et nous devons aspirer à la vie parfaite.  Il faut accommoder la pratique de la foi aux forces, aux occupations et aux obligations de chacun».  IVD 1, 1113, 7. 
 
Don Bosco proposera la sainteté aussi aux jeunes émigrés du monde ouvrier au XIXème, et nous aujourd’hui aux jeunes de la société de la mondialisation et de la communication.
 
Ceci supposera que l’évangélisateur soit créatif pour s’adapter à son public, à la culture de ses interlocuteurs.  Dans une société de conflits politiques et religieux, François inaugurera une nouvelle manière de prendre la parole très simplement, avec un ton souriant, chaleureux, à grand renfort d’exemples, de comparaisons et d'anecdotes tirées du quotidien ou de la Bible (comme les histoires ou les rêves de don Bosco).  Puis il rédigera par écrit ses sermons pour permettre aux habitants de Thonon de les lire chez eux en cachette, enfin.
 
Comment vivre ensemble sans violence?
 
Dans un monde pluriel, il va falloir ensuite gérer les relations sans violence: les jeunes vont sans cesse côtoyer, y compris dans leur propre famille, leur vie professionnelle, etc... Des gens qui n’ont pas fait le même choix qu’eux, qui s’opposeront à eux de par leurs convictions différentes.  Comment se comporter? François propose la « douceur » salésienne. Elle n'est pas mièvre: de quoi s’agit-il ?
 
- L’art de proposer: « Parlez toujours de Dieu... non point à la manière d’une correction mais à la manière d’une inspiration: car c'est merveilleux combien la proposition douce et aimable de quelque chose de bon est une puissante amorce pour attirer les cœurs» (IVD III, 26).
 
- Respecter la liberté de pensée « Même «s’il est nécessaire de contredire quelqu’un et d’opposer son opinion à celle d’un autre, il faut user de grande douceur et dextérité, sans vouloir violenter l’esprit d’autrui car aussi bien ne  gagne-t-on rien on prenant les choses âprement.  L’esprit humain peut être persuadé, non pas contraint. Le contraindre, c’est le révolter »(IVD M 30).
 
- Il vaut mieux décider de vivre sans colère que d’en user modérément, donc il faut être capable de l’éteindre en nous. « Comment la repousser?  Ramasser nos forces, mais doucement…»  « Lorsque vous êtes tranquille, faites grande provision de douceur » « Soyez doux envers vous-même, ne vous mettez pas en colère contre vous-même à la moindre occasion »  « Traitez vos affaires avec soin, mais sans empressement ni souci ».
 
- L’art des relations cordiales (au sens: mettez-y votre cœur!) mérite un entretien aux Visitandines (X 1108):
 
- savoir exprimer son affection, rendre agréables les relations de travail, et être simple et sans complexe aux moments de détente, être attentifs à l’autre sans tomber dans la flatterie excessive ou risquer de provoquer la jalousie.  L’art de s’adapter à autrui est sous tendu par toute une étude psychologique.
 
- François de Sales ajoute la nécessité de faire confiance, de pas juger ou craindre le jugement d’autrui pour oser communiquer nos richesses entre nous.  Savoir donner des bases d’affection mutuelle et de connaissance profonde à nos relations désamorce la violence entre nous, et apprend à souhaiter communiquer avec tous.
 
- La cordialité salésienne est à l’origine de ce qui deviendra  « l'amorevolleza » chez don Bosco, avec l’importance des relations des jeunes entre eux, dans une vie de groupe, et la qualité de la relation instaurée par l’éducateur avec l’éduqué.
 
En conclusion:
Je voulais vous livrer ces quelques convictions qui peuvent enrichir notre recherche éducative aujourd’hui, en l’enracinant dans l’école de pensée spirituelle où don Bosco lui-même a puisé. Et nous encourager quand nous voyons combien l’évolution d’une société peut être à la source de nouvelles dimensions et expressions de la pensée spirituelle et éducative, qui permettent à l’Église de se renouveler, quand les chrétiens entrent pleinement dans le débat et les défis de la société de leur temps.

13 mai 2008

"Je suis prête à tout faire pour votre bien"

Plus qu'un engagement, cette profession de vie de Sainte Marie Dominique Mazzarello, fondatrice des Filles de Marie-Auxiliatrice (FMA), Soeurs salésiennes de Don Bosco, traduit toute la détermination qui naît d'un coeur qui aime.  
"PRENDERSI CURA", -  l'art de prendre soin de l'autre avec sagesse et amour -  devient ainsi l'expression concrète d'un Amour qui engendre la vie...   
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Par l'amour et la douceur,
à travers nos paroles et par nos actes,
par notre simple présence,
nous sommes tous appelés à créer... 
Bonne fête à nos Soeurs en Don Bosco ! 
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 "Prendersi Cura" ...
 
C'est le miracle de celui qui prend au sérieux cette phrase : "Je te les confie pour que tu en prennes soin".
 
Beaucoup de richesses chez les jeunes sont latentes, à nous de les réveiller !
 
L'éducateur est un éveilleur - un messager - un guide - un compagnon discret et aimant qui n'accepte aucun remerciement en retour.  Il ne se prend pas pour le protagoniste de l'éducation, mais ne renonce pas non plus à son rôle de médiateur.
 
Le "prendre soin" est une prophétie qui résonne dans un monde distrait et tremblant, c'est un appel à la vie, une semence pour le futur.
 
De Mornèse comme du Valdocco, sortirent vraiment  des personnes libres et responsables, capables d'assumer avec créativité et fidélité, leur place dans la société et dans l'Eglise.

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à visiter également :

 

tramonto[1]


 

 


 

"MORNESE, terre de sainteté"

-

Mornèse : le "pays" de Marie-Dominique.   : "et la graine devint un grand arbre" ...

 

 

06 mai 2008

Nous fêtons Dominique Savio...

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La vie de Dominique Savio a véritablement basculé le 20 octobre 1854. La veille, son père Charles lui avait promis de l’emmener de Mondonio aux Becchi, à six kilomètres de là, rencontrer le jeune abbé Jean Bosco qui séjournait dans son hameau natal avec une vingtaine de garçons de la ville. Depuis, Dominique ne rêvait plus que de cela. C’est son curé Don Cugliero, qui avait organisée cette entrevue. Quelques semaines plus tôt, le prêtre n’avait pas hésité à se rendre chez son compatriote et ami, dans le quartier sordide du Valdocco, en périphérie de Turin. Il tenait absolument à lui parler du jeune Savio : « C’est un excellent gamin, ne cessait-il de répéter, et peut-être une vocation ». Don Bosco ne pouvait que se réjouir de cette rencontre. Leur dialogue s’achève sur ce contrat fécond : « Je t’accueille dès mon retour au Valdocco » conclut l’un ; « Je vous confie mon âme et son avenir », répond l’autre.
 
Dominique Savio vécut près de seize mois au Valdocco. On ne peut s’empêcher d’être admiratif devant l’activité foisonnante et ingénieuse de ce garçon, véritable levain dans la pâte. Dès le départ, il comprend la mission de son maître Jean Bosco, et il veut y contribuer totalement. Après quelques jours d’adaptation, Dominique prend la dimension de la maison. Travaillant à s’intégrer le mieux possible aux rythmes et aux règles du Valdocco, il en saisit l’intelligence et commence a en imaginer les bénéfices, jusqu’à prendre pour lui cet appel à la sainteté souvent rappelé par Don Bosco. Cette sainteté ne consiste pas en un travail de promotion personnelle, mais plutôt en une attention croissante aux autres. Du coup, Dominique choisit ses camarades de jeu parmi ceux qui ont du mal à trouver une compagnie, les exclus ou timides, les pauvres qui ont honte ou peur en face des « caïds ».

source : www.salesien.com  / et /  pour en savoir plus

à consulter également