25 octobre 2010

« Seigneur, ne le laissez pas mourir ».

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Premier dimanche de juillet 1846. Après une épuisante journée passée à l’oratoire dans une chaleur torride, en retournant à sa chambre du Refuge, don Bosco s’évanouit. On le transporte jusqu’à son lit : « Toux, inflammations violentes, crachements de sang continuels ». Cers paroles signifient selon toute probabilité : « pleurite avec forte fièvre, hémoptysie », conjonction de troubles extrêmement graves à cette époque et pour un malade qui a déjà souffert de vomissements de sang.

« En quelques jours, je fus considéré comme perdu ». On lui administre le viatique et l’onction des malades. Sur les chantiers des petits maçons, dans les ateliers des jeunes mécaniciens, la nouvelle se répand immédiatement : « Don Bosco va mourir ».

Tous les soirs, vers la petite chambre du Refuge où don Bosco agonise, arrivent des groupes de pauvres garçons affolés. Ils portent encore leurs vêtements salis par le travail, le visage blanchi par la chaux. Ils n’ont pas dîné pour courir au Valdocco. Ils pleurent, ils prient. ; « Seigneur, ne le laissez pas mourir ! »

Le médecin a suspendu toute visite, et l’infirmier (tout de suite posté par la marquise au chevet de don Bosco) interdit à qui que ce soit l’entrée de la chambre du malade. Les garçons désespèrent :

« Laissez-moi au moins le regarder.
-              Je ne le ferai pas parler,
-              J’ai un seul mot à lui dire, un seul.
-              Si Don Bosco savait que je suis là, il me ferait entrer »

Don Bosco reste pendant huit jours entre la vie et la mort. Pendant ces huit jours, des garçons, travaillant sous un soleil de plomb, ne burent pas une gorgée d’eau pour arracher au ciel sa guérison.  Dans le sanctuaire de la Consolata les petits maçons se succèdent nuit et jour. Il y a toujours quelqu’un agenouillé devant la Madone. Si les yeux se ferment de fatigue (après douze heures de travail), ils résistent au sommeil parce que don Bosco ne doit pas mourir.

Certains, avec la générosité spontanée des enfants, promettent à la Vierge de réciter le chapelet toute leur vie, d’autres de jeûner au pain et à l’eau pendant un an.

Le samedi, don Bosco subit la crise la plus grave. Il n’a plus de force, le plus petit effort provoque un vomissement de sang. Dans la nuit, beaucoup craignent la fin. Mais elle ne vient pas.

C’est au contraire l’amélioration qui arrive : la grâce, arrachée à la Vierge par ces garçons qui ne peuvent plus rester sans père.

Un dimanche de la fin de juillet, dans l’après-midi, en s’appuyant sur un bâton, don Bosco se dirige vers l’oratoire.

Les garçons volent à sa rencontre. Les plus grands l’obligent à s’asseoir sur un fauteuil, le soulèvent sur leurs épaules et le portent en triomphe jusque dans la cour. Ils chantent, ils pleurent, les petits amis de don Bosco, et, lui aussi il pleure.

Ils entrent dans la petite chapelle et remercient ensemble le Seigneur. Quand le silence se fait, tendu, don Bosco réussit à prononcer quelques paroles :

« Ma vie, c’est à vous que je la dois. Mais, soyez-en persuadés : à partir d’aujourd’hui, je la dépenserai entièrement pour vous ».

 

Don Bosco par Térésio Bosco

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