Dans mille ans ! (23 avril 2014)

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Mon petit poème sera lu dans mille ans !
disait le petit poète au vent.
Tu plaisantes ! disait l’étoile. La lune retenait un
fou rire qui faisait trembler l’univers.

Mon petit poème sera lu dans mille ans !
disait le jeune poète aux arbres de la forêt turquoise.
Et le grand chêne disait,
je te donne un sanctuaire dans mon écorce,
je veux bien protéger tes mots dans ma sève et mes frondaisons ;
mais dans mille ans, je ne sais pas.
Je ne peux lire dans l’avenir des sources.

Mon poème sera lu dans mille ans !
disait le poète entre deux âges.
Et l’âge disait, je peux blanchir les tempes de ta présence charnelle au monde.
Je peux atteindre le souffle et démunir l’ivoire de tes dents.
Mais pour tes mots, je ne sais pas.
Mille ans, c’est une douce éternité.
Une virgule d’argile dans l’interstice du temps.

Mon petit poème sera lu demain !
disait le vieux poète à son amoureuse. 
Et la jeune femme répondait :
si c’est par amour que tu écris ces vers,
alors je veux bien revenir dans mille ans,
dans mon incarnation d’iris et de roses !
Et mon corps de sable et de verre
pourra lire tes vers dans l’amour de la lumière du vitrail des mots.
 
© Patrick Chemin
Extrait de « Les écrits dans l’arbre »
Editions Epingle à Nourrice – Paris
© Photo Cok Friess
Tous droits réservés
 
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