Grands-parents : transmettre dans la confiance et le dialogue (06 novembre 2011)

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Ce que j’ai reçu, à mon tour je vous le transmets….

Il faudrait d’abord se poser la question des valeurs qui ont réellement compté pour nous : la foi en Dieu, mais aussi en la vie, l’espérance, la justice, l’honnêteté, la fidélité à ses engagements, le sens du travail, mais aussi la nécessité d’être heureux, car la joie est révélatrice de l’espérance.

Beaucoup de grands-parents éprouvent un sentiment d’échec, disent qu’ils n’ont pas pu transmettre leurs valeurs à leurs enfants (et tentent de se rattraper avec leurs petits-enfants). Cette souffrance s’est exprimée notamment en ce qui concerne la foi. De nombreux grands-parents souffrent en effet aujourd’hui de voir que leurs enfants ne pratiquent plus ou que leurs petits-enfants ne sont pas baptisés.

Sur les autres valeurs, le constat est plus flou, car on ne sait pas très bien ce qu’il faut transmettre d’essentiel. Les anciens nous avaient transmis des valeurs et des savoir-faire qui étaient issus d’une longue tradition et qui avaient fait leurs preuves. Aujourd’hui, on est confronté à des valeurs plus fragiles, qui ne sont pas issues d’une expérience continue, mais d’une mode passagère.

Transmettre à ses descendants des valeurs auxquelles on était attaché se faisait autrefois sans état d’âme. Désormais, c’est plus compliqué. Il est étonnant que plus il y a de transmission technique, moins il y a de transmission spirituelle. On peut joindre ses petits-enfants à des milliers de kilomètres, et en même temps l’essentiel passe moins. Comme si les techniques de communication empêchaient l’essentiel de passer. Les modes de consommation actuels imposent aussi des types de vie qui gênent la transmission des valeurs. Peut-être faudrait-il s’ interroger davantage sur le sens de la transmission.

Transmettre, ce n’est pas répéter le passé, c’est engendrer de l’avenir, ce n’est pas reproduire, c’est poursuivre un élan.

Car, il ne s’agit pas de s’arrêter au constat amer d’un échec qui ne peut susciter que l’aigreur ; il vaut mieux comprendre les obstacles qui gênent cette transmission pour les surmonter. Plutôt que de s’interroger de façon narcissique, il faudrait peut-être se mettre davantage à l’écoute des plus jeunes.

Transmettre n’est sûrement pas vouloir que l’autre reproduise à l’identique ce qu’on vit soi-même, ou alors nous serions des parents ou, pour les plus âgés, des grands-parents dictateurs.

Il ne s’agit pas de vouloir être servilement imité, et c’est sans doute dans les moments où on veut transmettre à tout prix qu’on y réussit le moins et qu’on risque au contraire de se révéler contre-productif – c’est la différence entre transmettre et vouloir transmettre. Nous témoignons de ce qui nous fonde et il s’agit d’en vivre. Mieux vaut des actes en cohérence avec des convictions que de laborieux discours moralisateurs.

Les jeunes portent cependant des valeurs qui leur sont propres et auxquelles ils tiennent mordicus. Y rester sourd, lorsqu’on prétend à la transmission, décrédibiliserait de facto tout propos éducatif. Nous ne sommes pas seuls, nous les aînés à détenir la science, que nous avons aussi à recevoir des plus jeunes des compétences, mais aussi des valeurs nouvelles. Les grands-parents ont un rôle important à jouer – d’autant plus important que les parents ont moins de temps et que leurs foyers sont souvent déchirés – à condition de créer un climat favorable au dialogue. Les grands-parents sont souvent les confidents de leurs petits-enfants : il faut savoir les écouter, respecter ce qu’ils nous disent, tout en osant affirmer nos convictions, non pas en les assénant comme un jugement, mais comme des valeurs auxquelles on croit et qui nous font vivre. Sans jamais se décourager, car on n’a jamais fini de transmettre : on transmet tout au long de notre vie et même au-delà.

Source « La-croix.com »


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